C’est la règle de toutes les successions : l’héritier se doit d’accepter l’ensemble du legs, le positif comme le négatif. Alors que le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, doit tirer sa révérence en 2024 après deux mandats, c’est son vice-président, Mahamudu Bawumia, qui défendra les couleurs du Nouveau Parti patriotique (NPP, au pouvoir) à la prochaine élection présidentielle. Sa victoire aux primaires, le 4 novembre, a été large, avec 61,43 % des voix, et sans surprise, le dauphin ayant été adoubé par le président en exercice.
Dans son premier discours de candidat, Mahamudu Bawumia a promis de mener un NPP «unifié et revigoré» à l’élection qui l’opposera à l’ancien chef d’Etat John Dramani Mahama (2012-2017). Le pari est risqué, car l’actuel vice-président sera tenu comptable des huit ans de pouvoir assuré par le NPP, alors que le pays s’est enfoncé ces trois dernières années dans une crise économique et sociale d’une ampleur inédite, avec une inflation annuelle qui dépasse désormais 38 %.
Mais Mahamudu Bawumia dispose de sérieux atouts, à commencer par son identité. C’est la première fois depuis l’avènement du multipartisme, en 1992, que le NPP, largement dominé par les Akan, une communauté du centre-ouest du pays, présente une personnalité musulmane et originaire du nord. Mahamudu Bawumia est né en 1963 à Tamale, dans le septentrion ghanéen, et son parti ne cache pas sa volonté de donner ainsi des gages d’inclusivité à son électorat, tout en se raccrochant à l’ancrage historique du NPP dans cette région.
«Il n’inspire pas l’espoir»
Le père du candidat, Alhaji Mumuni Bawumia, était un chef traditionnel de la localité de Kpariga, issu de la royauté mamprusi. Avocat et politicien, il a occupé de hautes fonctions dans les premiers gouvernements du Ghana et figure parmi les membres fondateurs du Northern People’s Party, l’un des ancêtres du NPP. Pendant la campagne des primaires, plusieurs cadres du parti ont d’ailleurs justifié leur soutien à Mahamudu Bawumia par les succès électoraux du NPP dans le nord depuis que Nana Akufo-Addo l’a pris comme bras droit.
Tout juste sexagénaire, le nouveau porte-drapeau du NPP peut aussi mettre en avant un solidele cours de la vie. Économiste de renom formé au Royaume-Uni, il a travaillé au département de recherche du Fonds monétaire international (FMI) à Washington et à la Banque africaine de développement (BAD) au Zimbabwe, avant de retourner au pays en 2000.
Entré à la Banque du Ghana comme simple économiste, il en a rapidement gravi les marches, au point d’être nommé en 2006 vice-gouverneur de l’institution par l’ancien président John Kufuor (2001-2009). En deux ans passés à la tête de la Banque du Ghana, il a obtenu un allègement de 4 milliards de dollars (environ 3,7 milliards d’euros) de la dette publique et renforcé le cedi, la monnaie locale. Autant de prouesses que le NPP espère le voir réitérer pour que l’économie ghanéenne sorte enfin la tête de l’eau.
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