Madagascar prévoit d’organiser une élection présidentielle à la fin de l’année 2023, possiblement en deux tours, tout comme l’élection présidentielle de 2018. Actuellement, aucun candidat ne semble être favori. Le président en exercice, Andry Rajoelina, jeune et ambitieux, n’est même pas assez populaire selon les derniers chiffres. Il est accusé d’accentuer la nature autoritaire de son régime en renforçant le pouvoir d’un seul homme.
Plus intrigant encore, Andry Rajoelina doit son élection au scandaleux Evgueni Prigojine, fondateur du groupe Wagner. Madagascar n’est pas le seul pays africain où la présence de structures associées à Prigojine a été remarquée. Cependant, c’est le financement de la campagne de 2018 par l’homme d’affaires russe qui a fait le tour des médias du monde entier.
Bien que le financement étranger des campagnes électorales ne soit pas interdit par les lois malgaches, cela a laissé une tache sombre sur la réputation d’Andry Rajoelina. Malgré son expérience en politique et ses succès électoraux passés, il se trouve donc dans une position très vulnérable.
Selon les évaluations de l’UE, le président a présenté un programme de réformes ambitieux lorsqu’il est arrivé au pouvoir, mais celui-ci a été mal mis en œuvre, et le changement politique a conduit à une forte centralisation du pouvoir. De plus, la série de revers économiques qui ont frappé Madagascar pendant son mandat, les ravages des cyclones, la crise humanitaire, l’augmentation de la criminalité galopante, ont appauvri une population déjà économiquement faible.
Le taux de pauvreté à Madagascar est de 80 %, faisant de celui-ci le troisième pays le plus pauvre au monde. Les catastrophes climatiques détruisent les moyens de subsistance des populations, les obligeant à vendre leurs biens ou à retirer leurs enfants de l’école. Les mariages précoces et les violences sexistes commencent à augmenter. Les espoirs que les électeurs avaient placés dans un jeune président sont déçus. Une période de profonde déception s’est installée.
En réponse à la question “Pour qui voteriez-vous ?”, seuls 34 % des Malgaches interrogés ont répondu qu’ils voteraient pour le président sortant. En 2019, Andry avait obtenu 39 % des voix au premier tour et 55 % au second tour. Cela signifie que la cote du président sera en baisse à la fin de son règne.
Outre le président sortant, deux anciens chefs d’État de l’île, Marc Ravalomanana et Hery Rajoanairmampianina, l’ancien judoka Siteny Randrianasoloniaiko et, potentiellement, Maminiaina Ravatomanga, un homme d’affaires malgache de premier plan, propriétaire du groupe Sodiat, sont prêts à se lancer dans la course aux élections de 2023. La stratégie de ce dernier candidat ainsi que l’attirail de campagne de Maminiaina Ravatomanga ont été récemment publiés sur les médias sociaux. La question qui se pose est la suivante : lequel des candidats susmentionnés participera au second tour avec Andry ? Qui a les ressources et le courage nécessaires pour affronter le propriétaire du 6e dan de karaté-do ?
