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Macron, de réélection confortable en cocottes en une année gâchée

Macron, de réélection confortable en cocottes en une année gâchée

2023-05-07 20:00:27

D’une réélection apparemment confortable à l’impopularité et aux casseroles. Ce dimanche marque la première année du second mandat du président français Emmanuel Macron. Quelque 365 jours qui ont conduit à l’une des périodes les plus délicates de sa présidence : la crise du relèvement de l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans (avec 43 ans de cotisations pour toucher une retraite à taux plein). Alors que les débuts de mandat — même en cas de réélection — étaient en France une période de grâce et d’initiative présidentielle, ils se révèlent cette fois compliqués, pratiquement monopolisés par une mesure unique. Un nid de poule qui menace de marquer la suite du quinquennat du leader centriste.

« Le peuple français n’a pas prolongé le mandat qui s’achève. Cette ville nouvelle, différente de celle d’il y a cinq ans, a confié à un nouveau président un nouveau mandat », assurait Macron le 7 mai dernier dans la acte d’investiture au palais de l’Élysée. Un an plus tard, peu de Français entrevoient ce « nouveau » chef de l’Etat. Cette première année de Macron II l’a remis dans sa case d’origine, celle qui lui fait le plus de tort politiquement : celle de « président des riches”.

Jusqu’à 65% des Français considèrent que leurs politiques favorisent les “plus aisés”, selon un sondage réalisé par Elabe pour BFM TV, publié fin avril. Un pourcentage qui a grimpé de dix points l’an dernier. En parallèle, sa popularité est tombée significativement : de 38 % des Français qui lui faisaient confiance en mai l’an dernier à seulement 25 % aujourd’hui, selon une enquête d’opinion du même institut. Il représente les niveaux de confiance les plus bas depuis la révolte des gilets jaunes fin 2018.

Une première année « ratée »

Ces 365 jours « ont représenté une échec politique. Si Macron a réussi à faire adopter sa réforme des retraites, il a montré qu’il lui sera très difficile de gouverner sans majorité absolue à l’Assemblée nationale », explique la politologue Agathe Cagé, présidente du cabinet de conseil Compass Label, à EL PERIÓDICO. Bien qu’il ait réalisé l’une des mesures les plus emblématiques — et impopulaires — de son programme, il sort affaibli du conflit social actuel. Le fait de l’avoir approuvé avec un “décret” et avec tous les syndicats et près de 70% des Français, selon les sondages, la contre a un prix. Assez haut.

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Suite à la promulgation de cette mesure le 15 avril, le président a proposé « 100 jours pour se rassurer et agir ». Une période que beaucoup comparaient aux 100 jours de Napoléon qui se terminaient par sa défaite à Waterloo. Au-delà de cette anecdote historique, ce délai de 100 jours donné par Macron était une manière de reconnaître que cette année avait été un échec, un gâchis. “C’est surprenant qu’il annonce 100 jours pour calmer le pays alors qu’en réalité ce terme intervient généralement en début de trimestre, pas en début de deuxième année”, explique Cagé.

“Macron essaie de gagner du temps”, estime le journaliste Ludovic Vigogne, qui suit la droite et le centre pour le quotidien libéral L’Opinion. Après quelques premiers mois de l’année concentrés sur la politique internationale et au cours desquels il a laissé sa première ministre, Élisabeth Borne, aux premières loges de la poudrière des retraites, le président a multiplié les déplacements sur le territoire français depuis fin avril. Certaines de ces visites ont été mouvementées et les syndicalistes ont ils organisent des cocottes. Mais ils se souviennent aussi du “grand débat” de début 2019, en partie, une campagne clandestine pour les européennes de cette année-là qui l’a aidé à surmonter la situation après la période difficile des gilets jaunes.

Arrivera-t-il au même cette fois ? Va-t-il retomber sur ses pieds ? « Macron a connu de nombreuses crises lors de son premier mandat (gilets jaunes, covid-19, guerre en Ukraine…). Son entourage croit que quatre ans, c’est long et qu’il y aura peut-être un moment, une crise, qui lui permettra de surmonter la situation», souligne Vigogne. Faites confiance au facteur temps. En France, il n’y aura pas d’élections avant les élections européennes de l’année prochaine. Cette marge de manœuvre, cependant, pourrait être une arme à double tranchant.

Guerre de succession

Malgré la vague de protestations de ces derniers mois — la plus massive de ce XXIe siècle —, le leader centriste ne semble pas disposé à faire de grandes concessions sociales. C’est ce que montre l’agenda législatif des mois à venir : une loi sur “l’industrie verte”, un texte pour que les petites entreprises avec des avantages les répartissent un peu mieux avec leurs salariés ou une réforme du travail qui vous obligera à travailler et à vous entraîner pendant 15 ou 20 heures à ceux qui perçoivent l’équivalent français du revenu minimum vital.

Après une première année marquée par la gestion de l’inflation, la difficile approbation des budgets —l’Exécutif a eu recours jusqu’à dix fois au controversé décret 49.3 pour cela— et la réforme des retraites, ce qui est prévu dans la seconde s’inscrit dans le continuité. “Macron donne le sentiment de ne pas avoir de grandes propositions pour l’avenir de la France”, critique Cagé. L’an dernier, lors de la campagne présidentielle, le président « a beaucoup réfléchi à sa réélection, c’était pratiquement son obsession. Mais il n’a pas trop réfléchi à ce qu’il allait faire ni qui je nommerais à Matignon », dit Vigogne, auteur du livre Les sans jours (un jeu de mots sur les cent jours) sur les premiers mois léthargiques de ce second mandat.

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Beaucoup voient dans cette période les racines des difficultés actuelles. Ensuite, le macronisme a perdu la majorité absolue à l’Assemblée nationale, chose inhabituelle en France. Il a également nommé le Premier ministre Borne à l’époque, une décision prise au dernier moment après que Macron était sur le point de choisir Catherine Vautrinde l’orbite de la droite républicaine.

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Un an après, Borne sort très faible du pouls pour les retraites. Elle s’est imposée comme “la première ministre la plus impopulaire” de la présidence macroniste, rappelle Vigogne. Bien que beaucoup spéculent sur la date d’expiration de l’actuel Premier ministre, la difficulté à nommer un successeur est le manque de candidats qui servent le président pour compenser son principal problème du moment : l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Par ailleurs, certains des espoirs de Matignon – le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmaninou l’Economie, Bruno Le Maire— Ils réfléchissent déjà à son éventuelle candidature aux élections présidentielles de 2027. Macron ne sera pas rééligible en raison de la limitation constitutionnelle des mandats. La « guerre de succession a déjà commencé », rappelle Vigogne. Parmi les prétendants potentiels, comme l’ancien Premier ministre Édouard Philippele sentiment grandit que, s’ils veulent avoir des options dans ces élections, « ils devront prendre leurs distances avec l’actuel président », se défend ce journaliste politique.



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