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L’incertitude sur l’approvisionnement en gaz russe menace la cohésion de l’UE

L’incertitude sur l’approvisionnement en gaz russe menace la cohésion de l’UE

La saga de l’approvisionnement en gaz de Nordstream 1 a pris une autre tournure vendredi. Journal canadien Globe and Mail signalé que la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a averti Ottawa que si le Canada maintenait en place des sanctions susceptibles de bloquer efficacement la livraison d’une turbine à gaz manquante à Gazprom, Berlin pourrait être contraint de suspendre son aide militaire et économique à l’Ukraine. Baerbock aurait indiqué qu’un arrêt complet des flux de gaz russe via Nordstream1 pourrait entraîner des soulèvements populaires en Allemagne. Mercredi, le média allemand RND a cité Baerbock déclarant que les répercussions politiques intérieures avaient joué un rôle important dans les négociations avec le Canada. Berlin semble avoir mis un lien direct entre son soutien à l’Ukraine et le retour de la turbine à gaz à Gazprom, ce qui est pour le moins remarquable. Baerbock a répété que si aucun gaz russe ne transitait par Nordstream1, Berlin devrait se concentrer sur d’éventuels soulèvements internes et pourrait ne plus être en mesure de soutenir l’Ukraine. Baerbock a également réitéré à la presse allemande que l’Allemagne continuera d’avoir besoin de gaz russe à l’avenir. En réaction à l’article du Globe and Mail, l’ambassadrice allemande Sabine Sparwasser a déclaré que l’Allemagne n’avait jamais menacé le Canada. Le diplomate allemand a également déclaré à la presse que l’Allemagne et le reste de l’Europe s’emploient à se sevrer du gaz naturel russe mais ne veulent pas voir les flux de gaz “coupés immédiatement” afin de garantir le fonctionnement de l’économie à court terme. . Elle a déclaré que cela était important pour préserver leur capacité à protéger l’Ukraine “aussi longtemps qu’il le faudra”.

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La question ci-dessus est peut-être plus diffuse que présentée dans la presse, mais montre l’influence que la Russie détient toujours sur la plus grande économie européenne. L’industrie et les consommateurs allemands sont toujours très dépendants des hydrocarbures russes, sans aucune option directe disponible pour se sevrer complètement du gaz russe. Le soupir de soulagement à Berlin, et dans d’autres capitales européennes, à propos de la reprise partielle des flux de gaz naturel dans Nordstream1 a été clairement entendu à Moscou. Gazprom a rouvert jeudi le gazoduc Nord Stream 1 après un arrêt de maintenance programmé de dix jours, mais il fonctionnait toujours à une capacité de 40 %.

Il est clair que le gouvernement du Canada a été mis dans une situation difficile par la position de l’Allemagne. La seule raison possible de l’approche actuelle adoptée par le Premier ministre canadien Justin Trudeau est de préserver l’unité au sein de l’OTAN. La politique de « gasmailing » de Poutine a mis la sécurité énergétique nationale sous un autre jour, et la communication directe de l’Allemagne avec son allié de l’OTAN, le Canada, le montre clairement.

La rencontre de cette semaine entre l’Iran, la Russie et la Turquie a de nouveau montré que les relations entre Moscou et ses alliés ou compatriotes perçus sont toujours bonnes. Les réunions de haut niveau entre le Russe Poutine, le dirigeant iranien Raisi et le président turc Erdogan ont soulevé non seulement des sourcils mais aussi des inquiétudes au sein de l’OTAN et de l’UE. Une poursuite de l’alliance énergétique turco-russe est attendue, car Ankara devra garder les lumières allumées. Cependant, la rencontre d’Erdogan avec deux parias Poutine et Raisi ne se passe pas très bien sur tous les autres fronts.

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Un autre événement remarquable est la visite actuelle du ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto à Moscou. Le responsable hongrois a demandé lors d’une réunion avec son homologue russe Sergueï Lavrov plus de gaz russe. Les Hongrois ont adopté une approche indépendante et pragmatique envers Moscou après l’invasion russe de l’Ukraine. Budapest dépend à 85% du gaz russe pour ses besoins énergétiques, et la Hongrie s’est opposée aux appels de l’UE à des sanctions sur les importations de gaz russe. Szjijarto a indiqué à Moscou que la Hongrie avait besoin de 700 millions de mètres cubes de gaz supplémentaires en plus d’un accord d’approvisionnement à long terme existant avec la Russie. Il a également déclaré que des pourparlers étaient en cours entre Budapest et Moscou au sujet des achats supplémentaires. Le besoin de volumes supplémentaires est évident, car les volumes de stockage de gaz hongrois ne représentent que 27 % de la consommation annuelle. En 2021, Gazprom et la Hongrie ont signé un accord d’approvisionnement de 15 ans, qui rapportera à Budapest 3,5 BCM par an via la Bulgarie et la Serbie, et 1 BCM via l’Autriche.

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La saga Nord Stream (1-2) se poursuivra encore quelques mois, car Poutine voit l’avantage d’utiliser les flux de son gazoduc comme un moyen de perturber davantage les stratégies énergétiques européennes. La prochaine date à noter est le 26 juillet, lorsque les ministres de l’énergie de l’UE se réuniront d’urgence pour discuter des réductions proposées de 15 % de la consommation de gaz. On peut s’attendre à ce que de nouveaux “problèmes techniques” émergent autour de Nord Stream, bloquant potentiellement encore plus de flux ou de nouveaux problèmes dans d’autres pipelines. Turkstream et d’autres pipelines ont jusqu’ici été laissés pour compte mais pourraient devenir la prochaine cible du jeu de chantage du Kremlin.

Les niveaux toujours élevés des prix de l’énergie et l’incertitude sur les approvisionnements énergétiques, combinés à une forte inflation, sont un jeu de cartes solide entre les mains de Poutine. La détermination de l’Europe sera mise à l’épreuve, surtout si la guerre en Ukraine s’éternise.

Par Cyril Widdershoven pour Oilprice.com

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