L’impact de l’arrivée d’un quatrième opérateur mobile sur les opérateurs virtuels- Analyse et Perspectives

Peu importe la préparation, les trois cadors perdront des plumes et des clients. Quid des opérateurs mobiles virtuels (MVNO) ? Comment vont-ils encaisser le choc ?

Une menace ou une opportunité selon le scénario

Piqûre de rappel : un opérateur mobile virtuel (Mobile Virtual Network Operator) loue le réseau de Proximus, Orange ou Base à l’heure de commercialiser ses abonnements et/ou ses cartes SIM prépayées.

Exemple : la coopérative d’origine bruxelloise Neibo connecte par contrat ses 4500 abonnés mobiles à l’infrastructure (antennes, pylônes) d’Orange Belgique.

“J’imagine que DIGI va essayer de démarrer avec des tarifs assez bas, pour attirer rapidement des abonnés”, analyse Quentin Verstappen, CEO de Neibo. “C’est en tout cas leur promesse, leur annonce. Ça pourrait changer la donne, car on a affaire à un opérateur mobile à part entière, pas à un MVNO dépendant à jamais des prix de gros proposés par Proximus, Orange et Base. Est-ce que cette stratégie sera maintenue à long terme ? Ça, c’est la première question.

”La deuxième question : accepteront-ils des MVNO sur leur réseau en développement ? Si la réponse est positive et que les tarifs sont bel et bien en deçà des normes, cela constituerait une opportunité pour Neibo. On pourrait éventuellement changer de partenaire, de réseau et proposer des conditions plus attractives. Sinon, un quatrième opérateur à la grille tarifaire agressive qui refuse les MVNO serait une menace, pour nous et pour tous les autres opérateurs. ”

“Neibo est à l’équilibre de trésorerie”, rassure Quentin Verstappen. “L’état de santé de la coopérative ne va aller qu’en s’améliorant. Quel que soit le contexte de concurrence, nos abonnés viennent chez nous pour autre chose que le prix. On vient chez Neibo parce que c’est une coopérative. ”

”Je vois mal Proximus se tirer une balle dans le pied”

Dans un premier temps, DIGI sera tout malgré tout dépendant des prix de gros négociés avec Proximus, rappelle Laurent Bataille, directeur général de l’opérateur virtuel Undo. Le quatrième opérateur s’appuiera pendant cinq ans sur le réseau mobile de Proximus là où son propre réseau n’est pas encore déployé.

“La plupart des opérateurs craignent que DIGI essaie de casser le marché des télécoms en Belgique, qui est relativement constant et conservateur au niveau des prix”, commente Laurent Bataille. “D’un autre côté, j’imagine mal Proximus accorder à ce nouvel acteur des prix de gros avantageux au point de se tirer une balle dans le pied, au point de favoriser la fuite de leurs clients vers ce nouveau concurrent. On parle beaucoup de ce nouvel opérateur parce qu’il veut marquer le coup à son lancement. Jusqu’ici, ça reste très discret, on ne sait pas à quoi s’attendre. Chez Undo, on ne se prépare pas spécialement. On nourrit moins de craintes que d’autres car on vise une clientèle spécifique, assez jeune, éco-consciencieuse, qui veut faire en sorte que les choses bougent au niveau climatique. ”

Des arbres plantés et de la pollution capturée

Présent depuis juillet 2023 sur le réseau d’Orange, le MVNO Undo rassemble 3000 clients actifs. Les spécificités écologiques de ses abonnements : des arbres plantés dans un projet de reforestation en Afrique, des kilos de CO2 à compenser via des crédits à attribuer par l’intermédiaire de l’application Undo à “une sélection de projets qui capturent la pollution au CO2 dans l’air”, dixit le site de l’opérateur.