Le président des Etats-Unis, quant à lui, n’a pas mentionné Alex Saab dans son communiqué. La libération de ce dernier a été décrite comme une décision “extrêmement difficile” par une haut responsable de la Maison Blanche. Joe Biden a souligné que sur les dix Américains libérés, six étaient détenus par le Venezuela “sans fondement”, et s’est dit “reconnaissant que leur calvaire soit terminé”.
Prisonniers politiques libérés
Le président américain a également annoncé que les autorités vénézuéliennes avaient remis à l’Amérique l’homme d’affaires Leonard Francis, impliqué dans un énorme scandale de corruption touchant la marine américaine. L’accord passé entre les Etats-Unis et le Venezuela, avec la médiation du Qatar, a également conduit Caracas à libérer au moins vingt prisonniers politiques.
Parmi les Vénézuéliens libérés se trouve un groupe de syndicalistes arrêtés en juillet 2022 lors de manifestations pour des augmentations de salaire, et condamnés par la suite à 16 ans de prison. Une figure de l’opposition vénézuélienne, Roberto Abdul, accusé de “trahison” et de “conspiration avec une puissance étrangère”, a également retrouvé la liberté dans le cadre de cet accord.
Interrogé par des journalistes, Joe Biden a justifié la négociation avec les autorités vénézuéliennes en déclarant: “parce que nous libérons des Américains, des gens détenus illégalement. Nous avons passé un accord avec le Venezuela pour l’organisation d’élections libres, et jusqu’à présent, ils ont tenu leurs engagements, et voilà tout.”
Interrogé sur le fait que cet échange de prisonniers pourrait encourager d’autres pays hostiles aux Etats-Unis, Joe Biden, qui mène une politique volontariste pour libérer les Américains détenus à l’étranger, a répondu sèchement: “non.”
Détournement
Alex Saab, considéré comme un proche du président Nicolás Maduro, était détenu aux Etats-Unis depuis octobre 2021. L’homme, que de nombreux experts décrivent comme un acteur clé dans les affaires financières du Venezuela à l’étranger, avait été extradé en octobre 2021 du Cap-Vert vers les Etats-Unis. D’origine colombienne, il est accusé par la justice américaine d’avoir mis en place un système de détournement d’aide alimentaire au profit du dirigeant socialiste et de son gouvernement.
Une haut responsable de la Maison Blanche a justifié cette remise en liberté en déclarant: “au fond, ce sont dix Américains et un fugitif échangés contre une personne qui retourne au Venezuela.” Parmi les Américains libérés se trouvent, selon une ONG du Venezuela, deux anciens militaires, Luke Alexander Denman et Airan Berry, qui purgeaient une peine de 20 ans pour une tentative ratée de renverser Nicolás Maduro en 2020.
Le fugitif remis aux Etats-Unis, l’homme d’affaires malaisien Francis Leonard, surnommé “Fat Leonard”, avait été arrêté au Venezuela en septembre 2022, après avoir fui la Californie où il était assigné à résidence. Ce sous-traitant militaire avait plaidé coupable en 2015 d’avoir soudoyé des officiers de l’US Navy, dans le plus gros scandale de corruption de l’histoire de la marine américaine.
L’homme a, selon une haut responsable de la Maison Blanche, distribué de l’argent liquide, des voyages, les services de prostituées, et divers cadeaux tels que “des cigares cubains, du boeuf de Kobe ou des cochons de lait” afin de décrocher des contrats pour ses chantiers navals.
Sanctions allégées
Les relations entre Washington et Caracas, extrêmement tendues pendant la présidence de Donald Trump, se sont réchauffées récemment. En octobre, pouvoir et opposition vénézuéliens ont trouvé un accord autorisant la présence d’observateurs internationaux lors de la présidentielle de 2024.
Washington avait allégé pour six mois ses sanctions économiques, imposées en 2019 pour tenter d’évincer Nicolás Maduro du pouvoir. Dans la foulée, Caracas avait libéré cinq prisonniers politiques.
Joe Biden est prêt à faire des concessions importantes pour faire libérer des ressortissants américains détenus à l’étranger, l’une de ses priorités affirmées pendant son mandat. Il y a un an, il avait accepté un échange entre Brittney Griner, star américaine du basket, détenue en Russie, et Viktor Bout, marchand d’armes russe d’envergure internationale.