La le futur tube entre Barcelone et Marseille (BarMar tel qu’il s’appelait initialement ou H2Med tel qu’il a été rebaptisé) ne transportera jamais de gaz, même pas dans un premier temps, mais sera dédié dès le départ au transport d’hydrogène vert. Cela est admis par des sources gouvernementales espagnoles qui soulignent que la nouvelle connexion énergétique entre l’Espagne et la France ne servira pas à atténuer la crise d’approvisionnement actuelle causée en Europe par la coupure du gaz russe à la suite de la guerre en Ukraine.
Les raisons invoquées par le Gouvernement pour renoncer à l’utilisation du futur tube pour le transport du gaz sont calendaires (on estime que le H2Med ne sera opérationnel qu’en 2030), mais aussi d’ordre juridique : pouvoir accéder au réseau européen financement (quelque chose dans lequel Le Portugal, l’Espagne et la France sont d’accord, les trois pays impliqués dans le projet) est une condition inexcusable qu’il soit dédié exclusivement à la conduite d’énergie verte, de sorte que son utilisation pour les hydrocarbures fossiles est exclue. Cette exigence, allèguent les mêmes sources, se réfère aux nouvelles connexions énergétiques, mais pas à la modernisation de celles existantes, raison pour laquelle le tube entre Celourico da Beira (Portugal) et Zamora (Espagne), inclus dans le futur “vert” ibérique corridor”, pourrait transporter un pourcentage limité de gaz et bénéficier d’aides européennes.
Les trois pays concernés prévoient de présenter le projet à Bruxelles avant le 15 décembre, date limite de l’appel à l’obtention des aides européennes, qui peuvent atteindre jusqu’à 50% du coût total. Le fait que le tube ne puisse transporter que de l’hydrogène vert et non du gaz ajoute une marge d’incertitude quant à sa viabilité, mais les experts s’attendent à ce que d’ici la fin de cette décennie, le nouveau carburant soit déjà compétitif par rapport au gaz. Ce vendredi, les dirigeants espagnol, français et portugais, Pedro Sánchez, Emmanuel Macron et António Costa, Ils prévoient d’annoncer les détails du H2Med à Alicante, lors d’un sommet auquel participera également la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en signe du soutien de l’UE au projet. Dans l’après-midi, la rencontre sera élargie aux dirigeants des six autres États Med-9, les pays du sud de l’Europe (Italie, Grèce, Chypre, Malte, Slovénie et Croatie), qui tiennent leur sommet annuel en Espagne, consacré à autonomie énergétique et gouvernance économique.
Sánchez, Costa et Macron ont annoncé le 20 octobre à Bruxelles, en marge du sommet de l’UE, qu’ils s’étaient mis d’accord pour enterrer le projet de gazoduc MidCat, qui devait traverser les Pyrénées et à laquelle Paris était fortement opposé. Comme alternative, ils ont convenu de lancer un “couloir d’énergie verte” qui unirait les trois pays et comprendrait un tube sous-marin de plus de 360 kilomètres sous la mer entre Barcelone et Marseille, conçu transporter de l’hydrogène vert, bien qu’initialement il puisse transporter du gaz. Depuis, la société espagnole Enagás et ses homologues portugais et français travaillent sur les détails techniques du projet, mais le ministère de la Transition écologique a déjà annoncé que sa mise en service prendra jusqu’à huit ans, bien plus longtemps que s’il avait été choisi pour compléter le MidCat.