Les trottoirs brisés d’Eric Garcetti sont son héritage à Los Angeles

Par une matinée de printemps ensoleillée en 2017, quelques jours avant son élection décisive pour un second mandat, le maire de Los Angeles, Eric Garcetti, se tenait sur une rare étendue ininterrompue de trottoir à Sherman Oaks. Pendant des années, naviguer sur ce tronçon de trottoir reliant un bloc d’immeubles d’appartements au Trader Joe’s et à l’arrêt de bus au coin de la rue avait été sinistre – des photos “avant” imprimées sur un noyau en mousse et affichées sur des chevalets de présentation montraient des rectangles fragmentés de béton ondulant à travers le l’herbe – mais maintenant elle représentait, avec sa surface lisse et sans tache, les 33 miles de trottoirs que la ville avait réparés en seulement trois mois. “Lorsque nous réparons nos trottoirs, nous améliorons la sécurité et la qualité de vie dans nos communautés, augmentons la valeur des propriétés et renforçons notre sentiment de fierté de voisinage”, a déclaré Garcetti, flanqué d’une douzaine de défenseurs des transports et des personnes handicapées. (Beaucoup de trottoirs réparés avaient été spécifiquement identifiés par des personnes à mobilité réduite.) La campagne, baptisée Safe Sidewalks LA, était simple, facile à comprendre et encore plus facile à suivre – les sourires semblaient sincères alors qu’un assemblage de fonctionnaires de la ville posait pour les photos avec un certificat d’approbation surdimensionné signé par le Bureau of Engineering. Rien qu’un maire de Los Angeles puisse faire ne serait plus simple, ou plus essentiel, que de réparer les trottoirs notoirement inclinés et brisés de la ville. C’était une bonne journée.

Flash-forward cinq ans et demi, alors que Garcetti se prépare à quitter ses fonctions après près d’une décennie en tant que maire, et les trottoirs de la ville sont toujours en désordre. Son grand plan a réussi à réparer seulement 1% des parcelles de trottoir de Los Angeles, ce qui signifie qu’une partie seulement des 640 000 propriétés qui bordent l’emprise ont reçu ces certificats d’approbation. Cet échec pourrait plus ou moins décrire le mandat de Garcetti. Si vous voulez savoir quel genre de maire il a été pour notre ville – bâcler les bases localement tout en chassant l’influence nationale – il suffit de regarder en bas.

En 2015, le procureur de la ville finalisé le règlement de 1,4 milliard de dollars pour Willits v. Ville de Los Angeles, qui, selon le bureau du maire, était le plus grand recours collectif en matière d’accès aux personnes handicapées de l’histoire des États-Unis. Déposée au nom des 280 000 Angelenos à mobilité réduite, la poursuite affirmait que les trottoirs cassés et les passages pour piétons dangereux de la ville violaient leur droit de se déplacer librement dans la ville en vertu de la loi américaine sur les personnes handicapées. Les 1,4 milliard de dollars représentaient le coût estimé nécessaire pour mettre l’infrastructure piétonne de la ville en conformité avec l’ADA. LA n’avait pas eu de programme de trottoirs depuis les années 1970 et, comme beaucoup de villes, les réparer n’avait tout simplement pas été une priorité des élus. Le plan de LA de payer pour réparer l’emprise, un élément clé de l’accord, était annoncé fin 2016: La chaussée cassée ou inégale serait remplacée, des rampes de bordure seraient installées ou réparées, et les dommages endémiques aux racines des arbres seraient enfin corrigés. La ville a mis en place un portail en ligne, permettant à chacun de demander des réparations près de chez lui, avec une priorité donnée aux demandes des personnes handicapées. “Désormais, les personnes à mobilité réduite pourront aller où elles doivent aller, et aussi où elles veulent aller”, a déclaré Lillibeth Navarro, directrice exécutive de Communities Actively Living Independent & Free et l’une des plaignantes. Garcetti a fait un tour de victoire, qualifiant le plan de signe qu’il “changeait la façon dont nous faisons des affaires à la mairie”.

Sa promesse de réparer les trottoirs de Los Angeles avait deux avantages opportuns : en 2016, les électeurs ont approuvé la mesure M, une taxe de transport du comté qui pourrait être utilisée pour améliorer les piétons autour des arrêts de bus et des gares, et en 2017, la taxe sur l’essence en Californie a été augmentée, ce qui a permis de gagner de l’argent supplémentaire. disponible pour les réparations de trottoirs locaux. De plus, Garcetti faisait des vagues à l’échelle nationale en tant que co-fondateur et président des Maires du Climat, un consortium de maires promouvant des engagements ambitieux de réduction des émissions pour leurs villes. L’un des piliers du propre plan climatique de Los Angeles était l’engagement de le rendre plus facile de se déplacer sans voiture. Tout semblait prêt à fonctionner. Même moi, j’étais prudemment optimiste – j’ai utilisé l’exemple de LA pour ancrer un article sur le possibilités de réforme des trottoirs à l’échelle nationale.

Les fissures ont rapidement commencé à apparaître. Contrairement à d’autres services de la ville, faire une demande de réparation de trottoir ne s’est pas traduit par l’arrivée d’équipes de travaux publics en quelques semaines, voire quelques mois. Les demandes dans le cadre du programme de remboursement, destiné à rembourser les propriétaires qui effectuaient leurs propres réparations, prenaient plus d’un an, et environ la moitié des demandes ont fini par être annulées, comme le révéleront plus tard les données de la ville. Il y avait peu de transparence sur les correctifs apportés en premier, et comme l’ont noté les défenseurs des trottoirs dans un lettre fortement formuléeaucune stratégie pour intégrer ces correctifs dans le plan de transport à long terme de la ville : « Pour l’utilisation la plus efficace et efficiente des dépenses, le programme de réparation des trottoirs devrait être considéré comme faisant partie du réseau de transport plus vaste qui connaît actuellement une « révolution » dans Los Angeles.”

Pendant ce temps, Garcetti n’était pas beaucoup là. Pendant une période de 12 mois, il a été hors de la ville pendant 112 jourstester les eaux pour un course présidentielle qui ne s’est jamais concrétiséepuis se construit un profil international sous l’impulsion de ses conseillers cela peut ou non l’aider à décrocher son prochain concert. En 2017, Garcetti a été nommé président de l’infrastructure de la Conférence des maires des États-Unis, où il a cité l’importance d’améliorer les rues car « la voie de la prospérité économique passe par nos investissements dans les infrastructures américaines ». De retour à la maison, les défenseurs des trottoirs ont passé cette année-là faire pression sur la ville donner la priorité aux demandes de réparation le long du réseau à haut risque de blessures de la ville, les rues où se produisaient le plus de décès sur la route – et en augmentant dans le cadre du propre plan Vision Zero de Garcetti. Au fur et à mesure que sa plate-forme s’agrandissait, la progression du trottoir diminuait. En 2019, alors qu’il était toujours président des maires du climat, Garcetti a été simultanément nommé président du C40, une version mondiale du consortium des maires du climat, où il a expliqué comment les maires exerçaient un pouvoir démesuré pour prendre des mesures climatiques audacieuses. “Nous contrôlons les réseaux de transport, les lignes d’eau et d’électricité et les codes du bâtiment”, a-t-il déclaré, “qui sont tous essentiels à cette lutte”. Chez nous, les défenseurs des trottoirs étaient exiger des comptes pour un programme se déroulant à un rythme qui, selon leurs calculs, prendrait 200 ans pour aboutir à un réseau de transport véritablement accessible et respectueux du climat.

En 2021, le verdict était rendu : le bureau du contrôleur municipal a publié un rapport cinglant essentiellement déclarer le plan de réparation un échec. “Le programme n’a pas répondu aux besoins des Angelenos qui utilisent nos trottoirs jour après jour”, a déclaré le contrôleur Ron Galperin lors d’une conférence de presse en face de l’hôtel de ville, où des racines de ficus serpentaient hors des puits d’arbres comme des bobines de corde. En plus de certifier seulement 1% des colis dans toute la ville, a déclaré Galperin, le taux de réparations était essentiellement stable par rapport au nombre de demandes faites, et il y avait maintenant plus de 50 000 segments de trottoir à réparer qui restaient dans un arriéré. Peut-être le plus troublant, au cours des cinq dernières années, un total de 35 millions de dollars a été versé par la ville dans le cadre de règlements pour blessures liées aux trottoirs – à peu près le même montant que la ville avait soi-disant alloué chaque année pour réparer les trottoirs.

L’audit a confirmé ce que les défenseurs craignaient : sans aucune stratégie pour laquelle les segments, les rues ou même les quartiers devraient être prioritaires, les trottoirs devant les installations de la ville étaient prioritaires, les réparations que la ville aurait dû effectuer dans le cadre de ses propres exigences ADA, à l’extérieur de l’argent du règlement. Selon le rapport, les correctifs eux-mêmes étaient inutiles : les équipages déchiraient souvent un colis entier au lieu de se concentrer sur le problème d’accessibilité le plus grave, ce qui rendait les réparations plus complexes et plus coûteuses. Parmi la demi-douzaine d’agences impliquées, le Bureau d’ingénierie de la ville a dirigé le processus – plutôt que les départements axés sur les transports – et a fini par installer des rampes de trottoir qui étaient en fait pires du point de vue de la marche et qui va maintenant falloir refaire. Les trottoirs n’étaient pas le seul problème. Le LA de Garcetti, soi-disant un modèle international d’innovation respectueuse du climat, a laissé les résidents se promener rues désertes et sans arbrescuire au soleil à arrêts de buset mourant dans passages pour piétons dangereux. Les piétons de la ville ne sont jamais devenus une priorité à l’échelle promise. (Comparez la moyenne de 41 jours qu’il a fallu pour réparer temporairement les trottoirs, selon les données de la ville, aux trois jours qu’il a fallu pour réparer un nid-de-poule.)

L’échec à tenir une promesse aussi simple à sa ville alors qu’il parcourait le monde en faisant des déclarations grandioses sur le circuit de la conférence – son nom était même flottait en tant que candidat au poste de secrétaire aux transports de Joe Biden – était choquant. Le changement transformateur dont il a parlé n’a jamais atteint les blocs de la plupart des Angelenos. Il y avait des défis auxquels Garcetti était confronté, comme mettre fin à la crise des sans-abrisme en plein essor de la ville, qu’il n’aurait pas pu réparer tout seul. Mais ce que Garcetti a dit lorsqu’il est devenu président du C40 était tout à fait correct : il y a de nombreux aspects de la gestion d’une ville qui peuvent avoir un impact considérable à la fois dans le cadre d’un programme mondial d’action pour le climat et pour améliorer la vie quotidienne que les maires ont un contrôle total. plus de. Les trottoirs en font partie.

Quelques mois avant la publication de l’audit des trottoirs, le conseil municipal a modifié une ordonnance, 41.18, qui criminalise efficacement le sans-abrisme en interdisant de s’asseoir, de s’allonger ou de dormir sur les trottoirs. Le jour où l’amendement est entré en vigueur, Garcetti a publié une déclaration notant spécifiquement que la ville pourrait retirer de force les gens du trottoir sans faire du tout de sensibilisation des sans-abri – une sensibilisation qui a également un taux de réussite d’environ 1 % lorsqu’il s’agit d’amener les gens dans un logement permanent – s’il est déterminé qu’ils créent “des obstacles à la loi sur les Américains handicapés et d’autres obstacles à l’accessibilité”. Plus tôt cette année, j’ai vu des employés de la ville près de chez moi traîner les tentes des gens sur la chaussée, jetant leurs affaires sans discernement à l’arrière des camions d’assainissement, tout cela au nom de l’accessibilité de l’emprise. De l’autre côté de la rue, le trottoir avait été soulevé d’une manière qui le rendait complètement impraticable, déformé par des années de négligence.