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Les tragiques incidents du “Demon Core” : quand la science rencontre la mort

Les tragiques incidents du “Demon Core” : quand la science rencontre la mort

Le projet qu’il a mené à bien a propulsé l’humanité dans une toute nouvelle ère. Celle des armes nucléaires. Un peu moins d’un mois après l’essai orchestré par Oppenheimer, les États-Unis larguent pour la première fois une bombe atomique sur la ville japonaise d’Hiroshima. Trois jours plus tard, le 9 août 1945, un autre dispositif nucléaire touche Nagasaki. Le nombre de victimes est impressionnant et ne cesse d’augmenter au fil des heures. En coulisses, les Américains se préparent déjà à une troisième attaque nucléaire. “La bombe devrait être prête à être larguée le premier jour de météo correcte après le 17 ou 18 août” écrit le général Leslie Groves. Entretemps, l’horreur et l’effroi poussent le Japon à capituler. Les États-Unis peuvent ranger leur troisième bombe. La guerre est finie.

Mais les scientifiques n’en ont pas fini pour autant. Dans la ville de Los Alamos au Nouveau-Mexique, bâtie spécialement pour accueillir l’équipe d’Oppenheimer, les physiciens continuent à réfléchir et à tenter d’améliorer la troisième arme de destruction massive. Certains ne s’accordent aucun répit. Harry Daghlian fait partie de ceux qui ne connaissent pas la fatigue. À quoi bon dormir quand on peut travailler sur “le projet le plus important de l’Histoire”? Son obsession : la “criticité” de l’arme nucléaire. Autrement dit, le point de non-retour, celui qui, une fois atteint, provoque une réaction en chaîne auto-entretenue. L’opération est périlleuse. Les férus de physique nucléaire s’amusent d’ailleurs à comparer ces bravades au “titillement de la queue d’un dragon”.

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La nuit du 21 août 1945, le physicien de 24 ans se rend dans son laboratoire. Seulement accompagné d’un agent de sécurité, il travaille sur ce que l’on surnomme de nos jours le “Demon Core” (“Cœur de démon”), une masse subcritique de plutonium de 6,2 kg mesurant 8,5 cm de diamètre. Le scientifique s’active. Il empile des briques de tungstène autour du “Cœur de démon”. Mais l’homme, pourtant de nature vigilante, finit par commettre l’irréparable. Peut-être est-ce la fatigue. Ou peut-être a-t-il l’esprit ailleurs. Mais une brique lui échappe des mains. Elle atterrit directement sur la sphère de plutonium. Le physicien saisit immédiatement la pièce de tungstène rectangulaire.

Mais il est trop tard. Un jet de lumière bleue s’échappe du “Demon Core”. La pièce est envahie d’une chaleur lourde. Trop lourde. Harry Daghlian reçoit une dose de radiation à laquelle il a peu de chance de survivre. Sa main est brûlée. Les nausées l’étouffent. La douleur est immense. Plongé dans le coma, le scientifique décède trois semaines plus tard. Si l’agent de sécurité, lui, réchappe à l’accident, il n’en connaît pas moins un destin funeste. Il perd la vie 33 ans plus tard, d’une leucémie aiguë myéloblastique.

Le “Cœur de Démon” a fait ses premières victimes, mais pas ses dernières. S’il attriste les collègues de Daghlian, l’incident ne vient pas à bout de leur détermination. Le cœur lourd, les scientifiques se remettent au travail. Neuf mois plus tard, le 21 mai 1946, le “Demon Core” refait des siennes. Entouré de sept scientifiques, le physicien Louis Slotin détaille ses faits et gestes, en vue de passer le flambeau. L’homme sait que ses heures à Los Alamos sont comptées. Dans quelques jours, il retrouvera le “monde réel”. Mais l’heure n’est pas à la rêverie. Le scientifique aux bottes de cowboy veut rester concentré, précautionneux. L’accident de Daghlian reste frais dans les mémoires. Il ne s’agirait pas de reproduire les erreurs du physicien décédé. Or, la manœuvre du jour est délicate. Le physicien doit entourer le “Cœur de démon” de deux hémisphères de béryllium, qui ne peuvent recouvrir entièrement le noyau sous aucun prétexte. Pour s’en assurer, Slotin place un tournevis entre les deux hémisphères. Mais l’expérience ne se passe pas comme prévu. L’outil glisse le temps d’un instant. Les quelques secondes écoulées suffisent à créer une irradiation telle qu’une lumière bleue jaillit de la boule de plutonium. 1 000 rad de neutrons et 114 rad de rayons gamma traversent le scientifique, qui replace le tournevis. Sonné, il vient tout de même de sauver la vie de ses comparses. Mais pas la sienne. L’homme est emmené à l’hôpital. Son corps, qui a réceptionné la plupart de l’irradiation, est dans un sale état. Il décède neuf jours plus tard, après de longues heures de souffrance.

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Ce deuxième incident vient profondément bouleverser le monde scientifique. Il marque d’ailleurs la fin des expériences de criticité faites à la main. Des machines vont venir s’insérer entre les physiciens et la matière radioactive. Pour ce qui est du “Demon Core”, les rumeurs commencent à circuler sur une possible malédiction, qui entourerait ce noyau de plutonium. Celui qui jusqu’alors était surnommé “Rufus” se voit attribuer le sobriquet beaucoup moins enviable, auquel on se réfère encore pour parler de lui aujourd’hui. Il est à la hauteur de la mauvaise réputation qui entache la sphère. Deux morts, ce n’est pas rien. Les physiciens sont plus que réticents à l’idée de se confronter à ce “monstre”. C’est peut-être ce qui décide les autorités à abandonner leurs projets concernant le “Cœur de démon”. Mais hors de question de sacrifier sur l’autel de la superstition des matières si précieuses, en ces temps de course à l’armement nucléaire. Le “Demon Core” est fondu à l’été 1946. La matière recueillie viendra agrémenter le stock nucléaire américain.

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