– Quels films aller voir en salles cette semaine?
Comme chaque année avant Pâques, les sorties se bousculent et il y en a véritablement pour toutes les sensibilités. A vous de faire vos choix
« Frontière verte »
Pas facile de pénétrer le territoire de l’Union européenne. C’est ce que va constater et éprouver une famille syrienne résolue à gagner la Suède. C’est en arrivant dans la zone entre le Bélarus et la Pologne que les choses se corsent pour ces voyageurs qui vont se retrouver littéralement embourbés, et pas seulement parce que l’endroit est marécageux, en compagnie de plusieurs autres familles, tenus en joue par des militaires pas spécialement réputés pour leur sens de l’humour. C’est cet état de fait horrifique et d’apparence insurmontable que la vétérane Agnieszka Holland représente dans «Green Border», plantant sa caméra dans un no man’s land effrayant d’où toute humanité semble avoir été bannie.
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Cinéaste engagée à la carrière inégale, elle a été la cible de plusieurs attaques depuis la sortie du film. Le gouvernement polonais, ultraconservateur, l’a dénigrée et a lancé une campagne contre son traitement de la crise migratoire. Le ministre de la Justice l’a taxée de nazi tout en comparant son travail à celui des stalinistes et des communistes. Injures antisémites, menaces de mort, tout est prétexte à l’insulter, attaques visant encore les acteurs du film. Ambiance! Allez voir «Green Border», c’est un film nécessaire.
Note: ***
•= détestable, °= à vos risques et périls, *= bien, **= intéressant, ***= excellent, ****= chef-d’œuvre
«La Rivière»
On les appelle les gaves. Terme d’ailleurs cité dans l’Encyclopédie de Diderot qui désigne des rivières puissantes entre les Pyrénées et l’Atlantique. Ces cours d’eau naturels souffrent pourtant beaucoup. L’activité humaine bouleverse le cycle de l’eau et la biodiversité qui s’y trouve. Deux exemples pris au hasard, les champs de maïs les assoiffent et les barrages empêchent la circulation des saumons. Mais autour et au long de ces rivières, gravite tout un monde plein d’amour à l’égard de ces gaves. Ce sont ces gens que Dominique Marchais filme et auxquels il donne la parole.
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Obsédé par l’élément aquatique, mais surtout par les paysages ruraux contemporains, qu’on retrouve presque dans tous ses films, le documentariste et ex-critique de cinéma signe un témoignage calme et désenchanté, dans lequel il s’agit de voir le monde à travers le regard des personnes qu’il interroge. Le film ne dénonce pas avec véhémence, il ne force pas à adopter telle ou telle position, mais avance, avec une force toute tranquille, dans les prémices d’une catastrophe en train de se réaliser sous nos yeux. Il faut prendre le temps d’observer et d’écouter. «La rivière» nous parle.
Note: ***
•= détestable, °= à vos risques et périls, *= bien, **= intéressant, ***= excellent, ****= chef-d’œuvre