Les prix élevés des matières premières alimentent un boom dans la ceinture agricole américaine

Les producteurs de céréales américains ont profité cette année de la montée en flèche des prix des cultures, y compris le maïs et le blé, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février, un important grenier à blé. Le mauvais temps dans certaines zones de culture a également contribué à relever les marchés des cultures, et les éleveurs de bétail ont imposé des prix plus élevés pour leurs animaux alors que le cheptel américain diminuait en raison de la hausse des coûts des aliments pour animaux et d’autres biens.

Lynn Martz, qui élève du maïs, du soja et des bovins de boucherie avec son mari Mike et d’autres membres de la famille près de Maple Park, dans l’Illinois, a déclaré que si certains agriculteurs d’autres régions du pays luttaient contre le mauvais temps, ses champs produisaient des rendements de maïs record cette année. . “Nous avons eu beaucoup de chance”, a-t-elle déclaré.

Forte de revenus plus élevés, Mme Martz a déclaré que les Martze ont remplacé les tracteurs, les moissonneuses-batteuses et les jardinières que la famille utilise sur leurs quelque 6 700 acres.

L’USDA s’attend à ce que les revenus des agriculteurs augmentent de 14 %, soit près de 20 milliards de dollars, à partir de 2021. Les recettes monétaires pour le maïs, le soja, le blé et d’autres cultures devraient augmenter de 19 %, tandis que les recettes pour les animaux et les produits d’origine animale devraient augmenter de 31 % par rapport à l’année dernière, a déclaré l’USDA, avec des augmentations dues principalement à des prix plus élevés.

Les temps forts au cœur des États-Unis surviennent pendant une période incertaine pour l’économie au sens large. Les entreprises des secteurs de la technologie, du divertissement, des médias et de l’immobilier ont licencié des travailleurs, certains économistes prévoyant une récession l’année prochaine. L’inflation a atteint son plus haut niveau en quatre décennies cette année, ce qui s’est traduit par une forte augmentation des prix pour les consommateurs de biens allant de l’essence à la nourriture.

La hausse des prix des cultures et du bétail des agriculteurs a contribué à une forte augmentation des coûts alimentaires des familles américaines. Un indice du Département du travail a montré que les prix des épiceries aux États-Unis en novembre avaient grimpé de 12 % au cours des 12 derniers mois.

Les indices des céréales et des produits de boulangerie ainsi que des produits laitiers et connexes ont tous deux augmenté de plus de 16 %, tandis que ceux des autres grands groupes alimentaires ont augmenté entre 7 % et 14 %.

“L’économie agricole a tendance à zigzaguer lorsque l’économie américaine zigzague”, a déclaré Kenneth Zuckerberg, économiste principal chez le prêteur agricole CoBank..

Des luttes économiques plus larges pourraient éventuellement se répercuter sur les agriculteurs, si la demande de produits agricoles faiblit à mesure que les dépenses des agriculteurs augmentent. La hausse des taux d’intérêt rend également plus coûteux les emprunts pour des achats de terrains et d’équipements, ce qui peut limiter les achats futurs.

La hausse des revenus des agriculteurs américains a généré une aubaine pour les entreprises agricoles vendant des semences, des engrais et du matériel, et a contribué à faire grimper les prix des terres à de nouveaux sommets.

“Nous avons de faibles stocks, des rendements inférieurs à la tendance, des prix élevés pour les cultures”, a déclaré Chuck Magro, directeur général du fournisseur de semences et de pesticides Corteva. Inc.,

lors d’une conférence téléphonique en novembre. “Cela prépare très, très bien l’économie agricole pour 2023.”

Corteva et le fabricant de semences et de produits chimiques rival Bayer SA

ont signalé ces dernières semaines des augmentations en pourcentage à deux chiffres des ventes de semences de cultures, de pesticides et d’autres produits agricoles au cours des neuf premiers mois de l’année. Les géants des engrais Nutrien Ltd.

et Mosaïque Co.

ont déclaré que leurs ventes avaient augmenté de 48 % et 72 %, respectivement, au cours de cette période.

Deere & Co., le plus grand vendeur mondial de tracteurs agricoles et de moissonneuses-batteuses, a annoncé en novembre un bénéfice net et des ventes pour l’ensemble de l’exercice qui étaient tous deux supérieurs d’environ un cinquième aux niveaux de l’année précédente.

Les actions des sociétés ont augmenté entre 5% et 27% jusqu’à présent cette année, tandis que l’indice boursier S&P 500 a chuté d’environ 20%.

La réduction des stocks mondiaux de céréales et la possibilité d’une pression continue sur les exportations de la région de la mer Noire signifient que les prix des cultures et les revenus des agriculteurs devraient rester élevés en 2023, ont déclaré les dirigeants de l’industrie.

“Il va falloir quelques saisons de croissance pour atténuer l’offre serrée”, a déclaré Brent Norwood, responsable des relations avec les investisseurs de Deere, lors d’un appel en novembre avec des analystes.

Les agriculteurs ont investi une partie de leurs bénéfices dans la terre. La valeur moyenne des terres cultivées aux États-Unis a atteint un record de 5 050 $ l’acre cette année, selon les données de l’USDA, soit une augmentation de 14 % par rapport à 2021. La valeur des terres agricoles dans l’Iowa, un État agricole clé, a atteint plus de 11 400 $ l’acre, un niveau record, selon à l’Université d’État de l’Iowa.

Les agriculteurs sont aux prises avec des coûts plus élevés pour les engrais, les pesticides et les machines, car les géants de l’agro-industrie ont cité leurs propres dépenses croissantes comme raison d’augmenter les prix. Les dépenses de production de l’alimentation au carburant devraient augmenter de 19% cette année, a déclaré l’USDA.

M. Zuckerberg de CoBank a déclaré qu’il s’attend à ce que 2022 soit le pic des revenus agricoles pour le cycle actuel. Alors que les bénéfices agricoles resteront probablement élevés l’année prochaine, a-t-il dit, la croissance des dépenses grignotera les marges des agriculteurs.

Dans l’Illinois, Mme Martz a estimé que sa facture d’engrais azotés bondira de 59 % l’année prochaine, tandis que les pesticides coûteront probablement 5 à 10 % de plus que cette année.

“Il n’y a aucun moyen que ce soit aussi bon qu’en 2022”, a-t-elle déclaré. “Ça a été vachement bien.”

Écrivez à Jesse Newman à [email protected] et Jacob Bunge à [email protected]