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Les passeurs altruistes : des motivations controversées

Les passeurs altruistes : des motivations controversées

Quelle est sa vision de son propre rôle? Comment se définit-elle? Julia trouve la question amusante. Elle rit doucement. “Vous savez, ce n’est pas quelque chose dont je parle dans ma vie personnelle”, dit-elle avant de prendre quelques instants pour réfléchir. “Je suppose que je pourrais me définir comme une passeuse humanitaire”, dit-elle finalement. Parler de “passeuse” peut sembler curieux, car Julia mène cette activité les week-ends ou pendant les vacances. Mais Julia n’est pas seule. Elle fait partie d’un petit groupe de personnes, explique-t-elle sans donner plus de détails. Elle nous confie que Julia n’est pas son vrai nom. C’est le nom utilisé par les femmes du groupe. Les hommes utilisent quant à eux le prénom “David”.

Il s’avère qu’une de ces Julia a été contactée quelques mois auparavant, lorsque nous nous sommes fait passer pour un migrant haïtien envisageant de quitter le Canada. Comme l’a révélé Enquête, plusieurs réseaux criminels organisés internationaux se sont spécialisés dans le passage illégal de migrants à la frontière canado-américaine. Dans le cadre de nos enquêtes, nous avons échangé avec plusieurs passeurs. Les coordonnées de Julia nous ont été fournies par une source proche du milieu humanitaire, qui ignorait cependant les motivations de ce groupe que nous supposions criminel.

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Après plusieurs échanges par écrit sur une messagerie sécurisée, puis par téléphone, Julia nous a donné rendez-vous dans un café, dans un quartier populaire du nord de Montréal, pour nous donner les détails de ce voyage clandestin. Elle explique qu’il faut voyager léger, avec un sac à dos, et que les personnes seront livrées autour de Plattsburgh. La ville de Plattsburgh, dans l’état de New York, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec le Québec, est la destination finale de ce périple illégal. Elle précise que le groupe n’a jamais demandé d’argent, car ils croient en un monde sans frontières et ne font pas cela pour gagner de l’argent.

Cependant, malgré leurs motivations altruistes, Julia et son groupe s’exposent aux mêmes risques et pénalités que les autres passeurs selon la GRC. La gendarmerie rappelle que tout individu facilitant le passage de migrants illégalement sera arrêté et fera l’objet d’une enquête en bonne et due forme.

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