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Les parachutages de personnalités dans la politique belge : une stratégie payante ou risquée ?

Les parachutages de personnalités dans la politique belge : une stratégie payante ou risquée ?

Le phénomène n’est pas neuf. À chaque élection, des personnalités populaires débarquent dans l’arène politique sans être passées par la case “militantisme”. C’était déjà le cas dans les années 50-60, observe Jean-Benoît Pilet, Professeur de science politique à l’ULB, lorsque des journalistes ou syndicalistes franchissaient la frontière qui sépare le journalisme ou l’engagement social de la politique. Mais ces personnes n’étaient donc pas étrangères à la chose publique puisqu’elles émanaient de secteurs qui étaient directement ou indirectement liés à celle-ci. Ce qui est plus récent, en revanche, c’est de voir les partis aller débaucher des personnalités pour leur célébrité davantage que pour leur travail accompli dans des sphères qui seraient connexes à la politique. Julie Taton et Marc Ysaye (qui ont tous les deux rejoint les rangs du MR en vue du scrutin de juin, NdlR) sont respectivement présentatrice radio d’une émission de loisirs et journaliste rock”.

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C’est une tendance qui remonte en fait en Belgique au début des années 2000. Le parachutage le plus souvent cité est celui du footballeur et ancien sélectionneur belge Marc Wilmots qui avait été élu sénateur sur les listes du Mouvement réformateur en 2003. L’opération avait toutefois tourné au fiasco puisque l’intéressé, qui ne se plaisait pas en politique, avait voulu démissionner quelques mois après son élection, mettant par là son parti – à court de suppléants – en grande difficulté.

”J’attendais une récompense de mon parti”

Si la stratégie ne s’avère donc pas toujours payante, on y reviendra, elle a en outre le don de crisper plus d’un militant dans les rangs des partis politiques. Caroline Taquin en a fait les frais. Elle, qui était troisième sur la liste MR au fédéral en 2019, lorgnait la deuxième place de la liste fédérale de son parti dans le Hainaut en vue du scrutin de juin, une position qui a finalement été offerte à l’ancienne miss Belgique et animatrice radio Julie Taton. “Je ne m’attendais pas du tout à cette nouvelle, je n’y étais pas préparée” confie Mme Taquin. Oui, cela a fait mal de l’apprendre car je me suis énormément investie ces dernières années dans mes dossiers au fédéral, et pour ma commune aussi (elle est bourgmestre de Courcelles, NdlR) ”.

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L’intéressée devra se contenter de la deuxième place à la Région dans la circonscription de Charleroi-Thuin. “En 2019, j’ai fait un bon score aux élections. Au cours de ces cinq dernières années, j’ai fait beaucoup de sacrifices, j’ai donné tout ce que j’avais. Mon challenge était de porter le plus haut possible les préoccupations des citoyens et de prouver que l’on avait eu raison de me faire confiance. Voilà pourquoi j’attendais une récompense de la part de mon parti, c’est vrai. Je n’ai absolument rien contre Julie Taton, je peux comprendre la stratégie mais je ne peux nier ma déception”. Malgré ce coup dur, Caroline Taquin entend s’investir sans compter dans la campagne électorale qui se profile. “Ce n’est pas dans mon tempérament que de baisser les bras. Je vais rebondir, je pars en campagne remontée à bloc”.

”Les militants déçus vont rarement créer une dissidence”

Le parachutage de “people” sur les listes électorales fait donc à court terme des militants mécontents mais n’impacterait pas pour autant leur engagement politique, relève le Professeur Pilet (ULB). “Certes vous verrez peut-être quelques militants déçus moins actifs dans la campagne électorale, mais ceux-ci vont rarement quitter leur parti pour créer une dissidence. Ils finissent par se résigner, se disent que ce sera pour la prochaine fois, que ce sera pour le niveau local”. Et le même d’éclairer : “Si ces militants mécontents se résignent, c’est parce qu’ils savent que la voie d’entrée principale pour être élu reste leur parti. Notre système électoral est construit de telle manière qu’il est très difficile d’être élu dans notre pays sans passer par un parti établi”.

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Il est en effet rare que de nouvelles formations politiques obtiennent des élus à l’issue des élections. Ce fut par exemple le cas des défuntes Listes Destexhe, lancées par le libéral conservateur Alain Destexhe, qui n’ont ramené aucun élu au lendemain du scrutin électoral de mai 2019. “Pour ma part, l’idée de créer une dissidence ne m’a pas traversé l’esprit assure Caroline Taquin. Mon parti, je l’ai choisi, et il m’est impensable de ne pas poursuivre le combat pour ses valeurs”. Même son de cloche du côté de son collègue du MR Nicolas Tzanetatos qui se retrouve lui aussi, mais dans une moindre mesure, rétrogradé sur les listes : “Ce genre de parachutage suscite souvent l’émoi auprès des candidats qui se retrouvent mal positionnés sur les listes. Pour ma part, j’ai souvent eu le valet puant dans mon jeu mais cela n’a jamais entamé ma motivation. Au contraire, cela ne fait que la renforcer”.

Un attrape-voix ne fait pas forcément un bon député

Pour Jean-Benoît Pilet, cette stratégie consistant à positionner des people à des places éligibles sur les listes ne met aucunement en péril la survie des partis politiques en termes de militantisme interne. “Aujourd’hui, explique-t-il, les partis politiques belges sont moins dépendants de leurs militants et des cotisations les accompagnent. Certes ils ont désormais moins de membres (il y a un déclin structurel du militantisme partisan, NdlR) mais ils en ont aussi moins besoin grâce à la loi sur le financement des partis. Ces derniers ont des moyens financiers qui leur permettent de mener des campagnes publicitaires sur les réseaux sociaux, ils sont moins dépendants de gens qui font du porte-à-porte comme c’était le cas dans les années 50 ou 60”. Aux Pays-Bas, le PVV (Parti pour la liberté), parti d’extrême droite, de Geert Wilders a ainsi gagné les législatives de novembre 2023 sans avoir un autre militant que son leader.

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Reste à voir si cette stratégie qui peut s’avérer payante électoralement (pouvoir voter Julie Taton dans le Hainaut va-t-il attirer au MR de nouveaux électeurs ?) porte ses fruits sur le long terme. “Une fois élue, la personne doit faire ce que son parti lui demande : contrôler le gouvernement en tant que député, participer à des réunions de commissions, déposer des amendements, et cetera, souligne Jean-Benoît Pilet. Or, il arrive que certains se découragent ou se déplaisent dans le travail parlementaire. La transition n’est pas évidente”. Un attrape-voix ne fait pas forcément un bon parlementaire.

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