NEW YORK : La hausse rapide du dollar américain depuis le début de l’année est une arme à double tranchant pour les multinationales américaines, poussant certaines d’entre elles à décider de se couvrir ou de repositionner leurs activités à l’étranger pour éviter les retombées.
Pour un importateur, la flambée du billet vert face à l’euro, au yen ou à la livre sterling est un plus, car elle rend les produits qu’il achète moins chers.
Mais pour une entreprise exportatrice américaine, les produits vendus en dollars sont devenus plus chers, ce qui augmente le risque de perdre des clients et de voir ses ventes baisser. Et ils perdent également de l’argent lors de la conversion des revenus étrangers en dollars.
De nombreuses entreprises ont déjà révisé leurs prévisions de bénéfices pour l’année pour tenir compte de l’évolution du taux de change, y compris le géant informatique Microsoft, qui a averti que ses ventes trimestrielles chuteraient de 460 millions de dollars et son bénéfice net de 250 millions de dollars en raison de la baisse des devises.
Adobe, Salesforce, Biogen et Pfizer ont tous averti que la hausse rapide du dollar aurait un impact plus important que prévu sur leurs comptes.
40 MILLIARDS DE DOLLARS US
Les entreprises qui génèrent l’essentiel de leurs revenus en dehors des États-Unis sont les plus exposées, à commencer par les géants de la technologie, les fabricants d’équipements médicaux et les sociétés de services, selon Kyriba, une plateforme de gestion de trésorerie d’entreprise.
Kyriba estime que les effets de change pourraient signifier une baisse de 40 milliards de dollars américains des bénéfices des entreprises du S&P 500 au cours du premier semestre de l’année.
La décision de la Réserve fédérale de relever agressivement les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation galopante, combinée à un afflux de fonds dans le pays par des investisseurs à la recherche d’un refuge sûr en période d’incertitude, se sont combinées pour stimuler le dollar américain.
Le billet vert a augmenté de 13 % par rapport à l’euro au cours des 12 derniers mois, se rapprochant de la parité, et a gagné 22 % par rapport au yen.
« À court terme, c’est une bonne chose pour les États-Unis car cela signifie que toutes les importations sont moins chères et cela exerce une pression à la baisse sur l’inflation », a déclaré Desmond Lachman du groupe de réflexion American Enterprise Institute.
Mais plus loin, l’effet sur l’économie américaine est plus nuancé, car si les exportations baissent, « le déficit commercial des États-Unis se creuse et nous obtenons alors plus de dette extérieure ».
Mais les multinationales “n’ont pas le contrôle sur ces gros articles”, a-t-il expliqué.
Ils peuvent toutefois atténuer l’effet des fluctuations des devises étrangères dans lesquelles ils fixent le prix et facturent les marchandises en adoptant des stratégies de couverture – en utilisant des instruments financiers qui offrent une sorte d’assurance contre les pertes causées par l’évolution du taux de change.
La plupart des entreprises ont déjà mis en place des programmes de couverture et modifient leurs plans tous les trimestres, voire tous les mois, essayant parfois de prévoir les mouvements des devises, a déclaré Bob Stark de Kyriba.
Mais ce n’est pas une science exacte, a-t-il noté, surtout à une époque de grande incertitude quant à la direction de l’inflation, des taux d’intérêt et de la possibilité d’une récession.
