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Les métiers perdus : traces d’un Madrid oublié

Les métiers perdus : traces d’un Madrid oublié

La ville était (et est) un territoire d’intrigues, de luttes de pouvoir et de conspirations, mais aussi une scène où se sont installés des artisans et des ouvriers de dizaines de métiers aujourd’hui disparus, auxquels une vaste et révélatrice exposition de photographies rend hommage.

Actualisé Dimanche 18 septembre 2022 –
00:47

Madrid était liquidée par la cour et les métiers. L’intrigue et l’artisan. Ce Madrid menstruel où la vie se résolvait de rue en rue, de colline en colline, de maison en maison, dans une heureuse incarnation d’encore petite ville. cette ville de Aubergiste Romanos, de Larra; puis les premiers bars du XXe siècle : Valle-Inclán, le verdón de la bohème, Ramón Gómez de la Serna, Rafael Cansinos-Assens, la coupe de La Goya et Bella Lul, amour pour Raquel Meyerles paroles de Ramos Carrin, l’aveuglement affamé d’Alejandro Sawa, le pcaro, le théâtre de variétés, le sablismo et le saban.

La ville d’antan conserve légèrement ses traces. Ce Madrid des journaux de l’après-midi et du matin. La population bruyante des festivals et les rois de quilombo. La ville authentique, macabre, ludique, courageuse et fausse, selon l’heure de la journée.

Sous le nœud des greniers miteux et au ras des portes aux airs de Paris dépaysé, des métiers se sont forgés. Certaines de celles qui sont aujourd’hui récupérées par les Archives régionales de la Communauté de Madrid dans une exposition présentée dans l’ancienne brasserie El guila (C/ Ramrez de Prado, 3) : Métiers d’antan. Témoins d’une société perdue, avec des images des photographes Santos Yubero et Nicols Müller, ainsi que des clichés anonymes de la collection Madrileos. Gardiens, allumeurs, bagagistes, conducteurs de métro et de bus, aiguilleurs de tramway, couturières, chauffeurs, castaeras, taille-crayons, violeteras, affichistes de cinéma ou crieurs publics, blanchisseuses. Mais aussi les exilés de l’agriculture espagnole qui arrivaient avec leur métier pour tout patrimoine : producteurs laitiers, spartiers, potiers, bergers, marchands de miel, arropieros. Et, comme le dit Gómez de la Serna, sans oublier les gens du “travail chaste et digne des forgerons, ce métier si noble, si sensible, si humain, si gentil, si vif, si purifié par le feu et par un son pur et fer attachant”. Madrid était aussi cela. Ou surtout c’était ça noeud de métiers fait par ceux qui travaillaient avec une fatigue infinie et pire et un peu faim.

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Ce Madrid était à moitié fait, mais de Lavapis aux rives du Manzanares, la ville concentrait un jardin fertile de gens à la recherche de quelque chose, principalement du dur labeur pour gagner leur vie. C’était brillant comme le ventre d’une sardine. Et, en même temps, plus sombre que la nuit. Peut-être plus humain. Peut-être quelque chose de pire que maintenant, mais aussi avec un optimisme mieux adapté aux choses de la terre et sujet au miracle incompréhensible de la naïveté.

De comment c’est devenu une ville, Seuil de François Il a laissé ses soupçons dans une phrase heureuse : Madrid a été faite entre Carlos III, Sabatini et un maçon de Jan, qui était celui qui y a travaillé”. Et puis il a cloué le morceau. Carmen Martin Gaité: “Les gens à Madrid marchaient différemment, regardaient, s’habillaient et parlaient différemment, avec une sorte de larme. Cette larme est la clé. Non pas parce que c’était tragique, mais parce que c’était provocant.

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Il y a un autre Madrid, la R&D du pouvoir et du complot, mais celui qui donnait pouls et tremblement se concentrait dans l’ananas des métiers, où apparaissaient aussi les boîtes à gants et les vendeurs de criquets. Des hommes et des femmes humbles obligés de se livrer au petit commerce, sans garanties, sans droits. Sans plus d’horizon que la vie à la pièce.

Une ribambelle d’ouvriers a envahi le centre de la ville qu’aujourd’hui, au-delà du pittoresque, on comprend qu’ils ont donné un signe de un territoire qui se configure encore pour la modernité; et qu’il a fallu plus de temps pour l’atteindre que d’autres parties.

Parfois, nous appelons les petits métiers des compétences de subsistance. Il n’y a rien d’enviable dans ce Madrid, mais il abrite l’arrière-plan de ce présent. Une surface d’opportunités qui n’étaient pas entièrement des opportunités. Un endroit avec plus d’options, mais avec moins de compassion. Parce que c’est un monde féroce et parfois pompeux qui a plus de tout et pour cette raison aussi de la cruauté. Son abondance inclut l’abondance de la rareté.

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Il ne reste aucune trace de beaucoup de ces métiers. Madrid a longtemps été un centre d’arnaqueurs de haute performance et de travailleuses décentes qui habitaient le sous-sol urbain, la partie la plus intempérante des quartiers et où le dénouement n’était presque jamais stimulant.

Cette exposition présente la mesure humaine avec lequel le rite de passage du progrès a été fait. Deux magnifiques photographes -Santos Yubero et Nicols Müller-, et bien d’autres anonymes, ont fixé avec retard, attention, complicité et appréciation une réalité disparue. De loin, cela semble plus doux, plus pur, mais ce n’était pas le cas. Ce n’était pas possible.

En cours de route, par l’extinction et le dépassement, tant de ces emplois vitaux réalisés par êtres d’une lignée galdosiennedes anonymes avec un côté résistant et dur, toujours un peu flous, confus et très au fond de l’histoire.


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