Comment percevons-nous le silence ? Un vieux débat philosophique oppose deux points de vue : celui d’entendre vraiment le silence et celui de le déduire de l’absence de sons. Une étude récente apporte de nouveaux éléments de réponse en utilisant des “illusions de silence”.
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Est-ce que l’on perçoit vraiment le silence ou est-ce notre cerveau qui le déduit de l’absence de sons ? Cette question fait l’objet d’un vieux débat philosophique entre deux camps : le point de vue perceptif et le point de vue cognitif. Pour résoudre cette controverse théorique, des chercheurs de l’Université John Hopkins (États-Unis) ont adopté une démarche qui s’appuie sur sept expériences, suggérant que le silence est réellement perçu et non simplement déduit.
Les expériences menées introduisent trois “illusions de silence”, adaptées d’illusions perceptives dont on pensait auparavant qu’elles ne se produisaient qu’avec des sons. Par exemple, les chercheurs ont demandé à des participants s’ils pensaient qu’un son continu était plus long ou plus court que deux sons séparés par un bref silence. Alors que la durée était en fait équivalente, les personnes interrogées ont le plus souvent répondu que le son continu semblait plus long que les deux sons discrets.
Le son du silence
En demandant aux participants la même chose pour le silence (évaluer la durée d’un silence continu au milieu d’une tonalité ou de deux pauses silencieuses), le même résultat est sorti des réponses. Les silences ont provoqué des distorsions temporelles parfaitement analogues aux illusions produites par les sons, estiment les auteurs.
Pour Anya Farennikova – philosophe à Amsterdam qui n’a pas participé à l’étude – il est important de comprendre comment nous percevons ces absences car leur détection peut nous aider à survivre. “Lorsque vous traversez la rue, vous vous assurez qu’il n’y a pas de voitures ou si votre bébé dort, vous devez surveiller le son provenant de la pièce”, a-t-elle déclaré à Science.
La philosophe précise avec raison que la perception du silence peut différer selon l’individu. Ainsi, certaines personnes peuvent se remémorer des sons pendant les périodes de silence plutôt que de vivre un “vrai” silence.
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