Les Forges de Tarbes relancées par la production de fûts d’obus pour l’Ukraine

Depuis plusieurs années, l’Ukraine est en proie à un conflit armé qui menace la stabilité de la région. Face à cette menace, le pays a besoin d’un approvisionnement constant en munitions pour défendre son territoire. C’est dans ce contexte que le site d’armement historique de Tarbes a été relancé pour répondre aux besoins en obus de l’Ukraine. Cette reprise d’activité a suscité de nombreuses interrogations quant à l’impact de cette décision sur la ville et ses habitants, ainsi que sur les enjeux géopolitiques de la région. Cet article se propose de faire le point sur cette situation inédite et d’analyser les perspectives qui en découlent.


L’usine des Forges de Tarbes, située dans les Hautes-Pyrénées en France, est le seul site de production de fûts d’obus de 155 mm dans le pays. L’activité de l’usine fut longtemps menacée, mais elle a retrouvé une certaine vitalité depuis que les forces ukrainiennes ont exprimé des besoins énormes en munitions de ce type. Les besoins quotidiens de l’Ukraine atteignent entre 5000 et 7000 obus de 155 mm, soit environ 2 millions d’obus par an, représentant plus que la production cumulée de tous les pays de l’Otan. Les Forges de Tarbes produisent chaque mois environ 1 500 fûts d’obus de calibre 155 mm, un obus très performant, le LU.211, qui équipe les dizaines de canons Caesar fournis par la France à l’Ukraine. L’entreprise envisage également de produire un obus plus standard, le M.107, pour répondre à d’autres besoins de Kiev. Les Forges de Tarbes ont également pour objectif d’accroître leur production à 5000, 10 000, puis 15 000 unités par mois d’ici 2025. Pour ce faire, des modernisations sont prévues, et l’entreprise recrute de nouveaux travailleurs. La crise a également rappelé l’importance de la souveraineté industrielle en matière de défense, et les forges pyrénéennes s’avèrent être le premier maillon de la chaîne de fabrication des obus de 155 mm en France, suivies de la poudrière d’Eurenco à Bergerac et de l’usine Nexter de La Chapelle-Saint-Ursin pour l’assemblage final. Les Forges de Tarbes représentent un renouveau et un retour aux sources pour l’ancien arsenal de Tarbes, jadis poumon économique de la préfecture des Hautes-Pyrénées, dont l’histoire remonte à la guerre de 1870. Intégré dans le GIAT en 1971, l’arsenal a sombré avec la fin de la guerre froide et le coup de frein subi par les industries de l’armement. Les plans sociaux et les restructurations se sont succédé, et les installations de l’arsenal ont fermé les unes après les autres. Aujourd’hui, les Forges de Tarbes sont les presque uniques rescapées de l’arsenal.