À la suite du coup d’État au Niger, les États-Unis cherchent maintenant à empêcher la Russie d’y accroître son influence, en s’appuyant notamment sur les relations militaires de longue date entre Washington et Niamey. Le Niger est un acteur essentiel dans la lutte contre le terrorisme pour les États-Unis, qui ont déployé plus de 1000 soldats dans le pays sur deux bases.
Sous la présidence de Mahamadou Issoufou (2011-2021) et du président Bazoum, le Niger a joué un rôle central dans les opérations anti-terroristes américaines et françaises au Sahel, particulièrement depuis le coup d’État militaire au Mali voisin en 2020. Alors que ces derniers rejettent la présence des forces occidentales, ils accueillent avec enthousiasme les mercenaires du groupe russe Wagner.
La numéro deux par intérim de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a admis lors de sa visite surprise à Niamey le lundi 7 août que peu de progrès avaient été réalisés pour amener les auteurs du coup d’État à renoncer au pouvoir. Cependant, elle a déclaré que ceux-ci “comprenaient bien les risques pour leur souveraineté lorsqu’ils font appel à Wagner pour s’ingérer dans les affaires du pays”. Elle a rencontré le général Moussa Barmou, responsable des forces spéciales nigériennes, qui a été formé par l’armée américaine.
Un signe des bonnes relations entre Washington et Niamey est le déplacement historique du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, au Niger quelques mois avant le coup d’État, où il avait salué les progrès accomplis sous la direction du président Mohamed Bazoum.
Du point de vue militaire, les forces américaines sont présentes depuis longtemps. Elles se sont installées avant l’arrivée des forces françaises, qui comptent actuellement plus de 1500 soldats dans le pays. Lors du lancement de l’opération Serval au Mali, l’aviation américaine était déjà présente au Niger avec environ 200 soldats. L’US Air Force a ainsi soutenu logistiquement les forces françaises.
Aujourd’hui, près de 1000 soldats américains sont déployés sur la base aérienne 101, près de l’aéroport international de Niamey Diori Hamani. Les États-Unis disposent également d’une base de drones dans la région d’Agadez, la base aérienne 201, qui constitue la principale base de renseignement du Pentagone au Sahel. Elle est équipée de drones armés MQ-9 Reaper et d’avions de transport C17. Avec une superficie de plus de 25 kilomètres carrés, cette base est la deuxième plus grande base américaine sur le continent après celle de Djibouti.
Sous la présidence de Mahamadou Issoufou (2011-2021), Washington et Niamey ont signé un accord de coopération militaire en 2015, qui permet aux deux armées de mener des opérations conjointes. Dans le cadre de cet accord, Washington offre également des missions de formation aux soldats nigériens.
En octobre 2017, quatre militaires américains ont perdu la vie dans le sud-ouest du Niger, à 200 kilomètres de Niamey, lors d’une embuscade tendue par des hommes lourdement armés venus du Mali, selon le Pentagone. Les assaillants étaient membres de l’État islamique. La mort de ces soldats américains a révélé leur présence au Sahel dans la lutte contre le djihadisme.
Outre leur présence militaire, les États-Unis offrent également une aide financière importante au Niger. Cette aide s’élève à plusieurs centaines de millions de dollars. En 2022, le département d’État a annoncé une aide exceptionnelle de 400 millions de dollars pour le Niger, via USAID, dans des projets liés à la santé et à l’agriculture. Cependant, avec le coup d’État, Washington a suspendu cette aide.
Il reste à voir si le Niger se détournera des États-Unis pour se rapprocher de Wagner. Selon Paris, un représentant militaire nigérien a rencontré des membres de Wagner lors d’un déplacement à Bamako.
