Les délestages s’atténuent malgré les craintes hivernales

Les approvisionnements en électricité se sont stabilisés en Afrique du Sud ces derniers jours malgré les craintes d’un hiver sombre, mais les experts avertissent que son réseau électrique grinçant reste instable.

Une crise énergétique prolongée a dévasté l’économie la plus industrialisée du continent et frustré les habitants alors que la société énergétique d’État assiégée Eskom a imposé des coupures de courant paralysantes pour empêcher un effondrement du réseau national.

Les pannes programmées sont désormais interrompues pendant la journée, ce qui donne un répit aux entreprises durement éprouvées.

Après avoir enduré jusqu’à la moitié de la journée sans électricité ces derniers mois, les Sud-Africains ne sont désormais privés d’électricité qu’un peu plus de deux heures par jour.

Mais l’expert en énergie Lungile Mashele a déclaré que la capacité de production d’électricité du pays était encore “très volatile”.

“Ce n’est pas le système le plus fiable”, a-t-elle déclaré à l’AFP, faisant référence aux 14 centrales à charbon du pays, dont la plupart sont vétustes et mal desservies.

Eskom a eu du mal à maintenir ses approvisionnements en raison de la corruption endémique qui a vidé ses caisses pendant le mandat de l’ancien président Jacob Zuma, ainsi que du sabotage et de la mauvaise administration.

Alors qu’elle ne fournissait qu’environ la moitié de l’électricité qu’elle devrait, Eskom a soudainement dépassé vendredi “la barre des 60% de disponibilité énergétique”, a déclaré Kgosientsho Ramokgopa, le ministre de l’Electricité, à une chaîne de télévision locale ce week-end.

Mais le scepticisme reste élevé parmi les Sud-Africains à propos des coupures de courant, appelées par euphémisme délestage.

Les alimentations électriques améliorées sont “tout simplement trop belles pour être vraies”, a tweeté @LastbornYembuso plus tôt cette semaine.

Une autre Sud-Africaine, @LaurenSeale11, s’est demandée si quelqu’un d’autre était “suspicieux quant à la façon dont le délestage est soudainement arrêté ?” spéculant que le gouvernement réduisait les pannes pour paraître efficace avant les élections générales de 2024.

La méfiance est probablement justifiée.

Samedi, Eskom a annoncé qu’il suspendrait les coupures de courant “jusqu’à nouvel ordre”, mais a fait marche arrière trois heures plus tard en déclarant que les coupures de courant reprendraient immédiatement.

Mais selon Mashele, il était possible qu’il y ait plus d’électricité parce qu’Eskom a ralenti sa “maintenance planifiée… (qui) remet d’énormes unités en ligne”.

De plus, les gros consommateurs, comme les mines, diminuent “généralement” la production pour éviter les tarifs élevés qui sont traditionnellement imposés pendant l’hiver de l’hémisphère sud, qui commence en juin.

Les coupures de courant ont frappé l’économie, le Fonds monétaire international prévoyant une croissance du PIB réel pour cette année à un maigre 0,1 %.