Les conséquences de l’année sans été de 1816 : éruptions volcaniques et perturbations climatiques

Consolez-vous si vous avez trouvé l’été 2023 gris et pluvieux! En 1816, une partie de l’Europe de l’Ouest ainsi que l’Amérique du Nord ont connu une année surnommée “l’année sans été”. Les mois estivaux ont été si froids et gris que certains agriculteurs québécois ont même vu de la glace sur les lacs. Imaginez les conséquences sur la production agricole. Cependant, qu’est-ce qui explique cette anomalie climatique à l’époque? Les années précédant 1816 ont été marquées par de nombreuses éruptions volcaniques, notamment aux Philippines, au Japon et dans les Caraïbes. Ces éruptions ont projeté une grande quantité de cendres et de poussière dans l’atmosphère, bloquant partiellement les rayons du soleil. Cependant, la plus importante et la plus dangereuse de ces éruptions a eu lieu en avril 1815 sur l’île de Sumbawa en Indonésie, spécifiquement sur le mont Tambora. Elle a duré plusieurs jours et est considérée comme l’une des éruptions volcaniques les plus puissantes de l’histoire géologique et historique. Cette série d’éruptions, ainsi que l’accumulation de poussière dans l’atmosphère, ont eu des conséquences désastreuses sur le climat d’une partie de l’Europe et de l’Amérique du Nord. La densité de la poussière dans le ciel a bloqué la luminosité du soleil à un tel point que les températures moyennes dans l’hémisphère nord ont chuté d’environ 1 degré, voire plus, pendant certaines périodes de l’été. Bien que les effets les plus marquants sur le climat aient été observés en 1816, une partie du monde a subi les conséquences de ce bouleversement climatique pendant près de trois ans. Cela a eu un impact dévastateur sur l’agriculture, même si les conséquences ont été plus graves en Europe septentrionale et en Amérique du Nord. Les moussons ont été perturbées en Inde et en Chine, entraînant de gigantesques inondations qui ont submergé les récoltes, retardé les semis de plusieurs semaines ou rendu certains champs totalement infertiles. De la neige a même été observée à Taiwan pendant l’été. Des archives chinoises indiquent que le rendement agricole a été si faible dans certaines régions, comme le Yunnan, que les habitants ont été obligés de manger de l’argile blanche pour se nourrir en attendant la prochaine saison de récolte. En Europe, les Pays-Bas, l’Angleterre, l’Irlande et la Suisse ont connu des vagues de froid et de gel en plein été, une situation également observée au Québec et dans certains États de la côte est des États-Unis, tels que le Vermont, où les habitants ont été contraints de se nourrir de porcs-épics et d’orties bouillies pour survivre à l’hiver. Pendant les mois de mai et juin, un gel intense a également détruit les récoltes dans les États de New York et de New Hampshire, où l’on a même observé de la neige au sol en juin. Ainsi, en Amérique du Nord, l’année 1816 a été surnommée “l’année de la pauvreté” en raison des vagues de froid et du manque de lumière solaire qui ont gravement affecté la productivité agricole. Les habitants de nombreuses régions du Québec ont également énormément souffert de ce manque de chaleur et de lumière, qui a compromis les récoltes. Le journal québécois Le Spectateur canadien rapporte également de la neige en mi-juin et un manque de verdure pour le bétail. À partir de l’hiver 1816-1817, une grande partie du Bas-Canada a souffert de pénuries alimentaires, au point où le 11 décembre 1816, les habitants de L’Islet ont rédigé et signé une pétition à l’attention du gouverneur John Coape Sherbrooke, demandant une aide alimentaire d’urgence pour leur communauté. Ils ont expliqué que les récoltes avaient été déplorables, les grains ayant été affectés par les gelées inhabituelles et fréquentes de cet été exceptionnel. Bien que l’été 1817 ait été plus chaud et moins pluvieux, il a fallu attendre 1818 pour que la crise alimentaire mondiale causée par ces éruptions volcaniques commence à se résorber.