Les complications cardiaques de l’infection à VRS chez les adultes de 50 ans et plus

Les professionnels de la santé publique et les cliniciens sous-estiment souvent la gravité potentielle des infections à VRS chez les adultes, souligne Rebecca Woodruff des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains à Chamblee (Géorgie) et ses collègues. En conséquence, peu de tests sont effectués en routine clinique, d’autant plus qu’un diagnostic d’infection à VRS n’a pas d’impact sur la prise en charge des patients.

Cependant, des preuves émergent quant à l’apparition de complications cardiaques chez les patients infectés par le VRS, surtout lorsqu’ils sont âgés, avec des prévalences allant de 14% à 22%, soulignent les chercheurs.

Malgré le fait que ces estimations reposent principalement sur des études monocentriques avec des échantillons de petite taille, ils ont décidé d’étudier la question plus largement, en analysant les cas d’infection à VRS chez les adultes de 50 ans et plus dans 12 États américains et sur cinq saisons de circulation virale (de 2014-2015 à 2017-2018, et en 2022-2023). Ils ont choisi cette tranche d’âge car ces personnes représentent plus de 90% des adultes hospitalisés pour une infection à VRS aux États-Unis.

Pour cette analyse, 6 248 adultes hospitalisés avec une infection confirmée à VRS ont été inclus. Ils avaient en médiane 73 ans, 60% étaient des femmes et 56% avaient une maladie cardiovasculaire sous-jacente.

Les chercheurs ont découvert que la prévalence des complications cardiaques chez ces patients était de 22,4%. Il s’agissait le plus souvent d’insuffisances cardiaques aiguës (15,8% des patients), suivies de cardiopathies ischémiques (7,5%), de crises hypertensives (1,3%), de tachycardies ventriculaires (1,1%) et de chocs cardiogéniques (0,6%).

Le risque de subir un événement cardiaque aigu était significativement multiplié par 3,5 chez les patients ayant une maladie cardiovasculaire sous-jacente (prévalence de 33%) par rapport à ceux qui n’en avaient pas (8,5%).

Sur l’ensemble des patients hospitalisés pour une infection à VRS, 18,6% ont nécessité une admission en unité de soins intensifs et 4,9% sont décédés pendant leur séjour à l’hôpital.

Les chercheurs ont observé un risque significativement plus élevé d’admission en soins intensifs (+54%) parmi les patients atteints d’un événement cardiaque aigu, ainsi qu’un risque significativement plus élevé de décès à l’hôpital (+77%) par rapport aux patients n’ayant pas subi de telles complications. Les taux d’admission en soins intensifs étaient respectivement de 26% et 17%, et ceux de décès de 8% et 4%.

“Au cours de cette étude transversale menée sur cinq saisons de circulation du VRS, près d’un quart des adultes de 50 ans et plus hospitalisés pour une infection à VRS ont souffert d’un événement cardiaque aigu – principalement une insuffisance cardiaque aiguë – et même en l’absence de maladie cardiovasculaire sous-jacente, un patient sur 12 était concerné par une complication cardiaque”, résument les chercheurs.

De plus, “le risque de graves conséquences était presque deux fois plus élevé chez les patients ayant subi un événement cardiaque aigu que chez ceux qui n’en avaient pas subi”, ajoutent-ils.

Selon eux, ces données permettent d’établir une base épidémiologique claire des éventuelles complications cardiaques de l’infection à VRS observées avant l’arrivée des vaccins destinés aux personnes de 60 ans et plus, dont les premiers ont été approuvés aux États-Unis en 2023.

(JAMA Internal Medicine, publication en ligne du 15 avril)