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Les algues vertes : Enquête sur un scandale écologique

Les algues vertes : Enquête sur un scandale écologique

L’excellente Céline Sallette joue le rôle d’Inès Léraud dans ce film adapté d’une bande dessinée, elle-même inspirée de l’enquête menée par la journaliste sur ces algues toxiques. Un film-dossier qui dénonce les ravages de l’industrie agroalimentaire.

1989. Sur une plage en Bretagne recouverte d’algues poisseuses, un homme court jusqu’à s’effondrer. En 2014, une journaliste de France Culture, Inès Léraud (Céline Sallette), s’intéresse de près à une mort humaine suspecte qui a eu lieu au même endroit. Après avoir reçu un dossier laissé par un inconnu, elle décide de s’installer en Bretagne avec sa compagne, Judith (Nina Meurisse), afin d’enquêter sur ces mystérieuses algues vertes.

Diffusées à l’antenne, ses “Chroniques bretonnes” mettent peu à peu en lumière la pollution massive responsable de ces algues qui dégagent un gaz nocif, mortel dans certains cas. Face à la colère des agriculteurs, déjà en difficulté pour survivre, aux intimidations, à l’omerta des politiques et au déni des autorités locales, Inès Léraud persiste pendant plusieurs années à révéler une vérité que personne ne veut entendre.

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Plus qu’un simple pamphlet

Assumant son statut de film-dossier, “Les algues vertes” suit de manière classique les grandes étapes de cette enquête à laquelle le cinéma apporte une dimension humaine permettant de vivre et d’éprouver la démarche d’Inès Léraud, interprétée avec une implication totale par l’excellente Céline Sallette. Que ce soit dans son intimité, sa compagne jouant ici principalement le rôle de soutien moral, ou dans l’exercice complexe de son métier, le personnage permet au spectateur non seulement de comprendre le sujet abordé par le film, mais aussi d’en saisir les implications émotionnelles.

S’il dénonce sans détour un scandale écologique majeur, “Les algues vertes” s’affirme néanmoins comme une œuvre plus complexe qu’un simple pamphlet en prenant soin de donner la parole à ceux qui ne partagent pas les points de vue de l’héroïne. Ainsi, d’un député qui admet l’impuissance des politiques à un responsable de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) indigné par les accusations portées par Inès Léraud à son encontre, en passant par des agriculteurs accablés par les dettes qui cherchent seulement à rester à flot, les regards multiples permettent au film de présenter une vision plus large des problématiques liées à l’industrie agroalimentaire, véritable État dans l’État.

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Et de rappeler comment un système basé sur une adéquation entre l’endettement massif des agriculteurs et la nécessité de surproduction a été mis en place après la Seconde Guerre mondiale, largement soutenu par les États-Unis.

Un film de guerre

Responsable de plusieurs belles réussites équilibrant parfaitement le cinéma social et le cinéma populaire (“Ma petite entreprise”, “Fred”, “Force majeure”), Pierre Jolivet puise dans sa modestie de réalisateur la justesse d’un regard qui n’a jamais l’intention de dominer ni son sujet ni ses personnages.

Sans être aussi puissant que “Dark Waters” de Todd Haynes, qui abordait le véritable scandale de la pollution liée au Téflon, “Les algues vertes” reste une œuvre remarquable s’ouvrant sur une citation de Voltaire (“On doit des égards aux vivants. On ne doit aux morts que la vérité”) et se terminant par une phrase éminemment actuelle (“À toutes les victimes des guerres économiques”).

Le film d’enquête prend donc des allures de film de guerre, une guerre silencieuse, étouffée, sans belligérants visibles, mais parsemée de morts bien réelles auxquelles “Les algues vertes” rend un hommage poignant.

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Rafael Wolf/aq

“Les algues vertes” de Pierre Jolivet, avec Céline Sallette, Nina Meurisse, Jonathan Lambert, Julie Ferrier. À voir actuellement dans les salles romandes.
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