Les aciéries toxiques d’Italie, quotidien Junge Welt, 7 novembre 2023

La plus grande aciérie d’Europe se trouve à Tarente, dans le sud de l’Italie. Mais l’avenir de l’Acciaierie Ilva est incertain car l’usine est en crise depuis longtemps. Le gouvernement italien négocie depuis des années avec Arcelor Mittal un rachat par le groupe luxembourgeois. Le syndicat de base USB de Rome a demandé l’arrêt des négociations, comme il l’a annoncé lundi dans un communiqué.

Arcelor Mittal “n’a jamais adhéré à un accord et n’a agi que dans son propre intérêt”, a expliqué l’USB. Il faut éviter que le gouvernement soutienne à nouveau la direction en faillite de cette entreprise avec de l’argent public. Selon l’USB, il ne reste plus rien de l’élaboration d’un plan industriel convenu dans le passé dans le cadre d’un accord-programme. »Arcelor Mittal continuera de faire chanter l’État et de le contraindre à des interventions économiques constantes pour créer des emplois, tandis que les politiques environnementales continueront de peser sur les citoyens. En tant qu’USB, s’il n’y a pas de véritable discussion sur les solutions, nous mobiliserons la résistance aussi durement que possible.«

Il y a eu récemment une grève de 24 heures en septembre parce qu’Arcelor Mittal et le gouvernement italien ont continué à retarder une solution pour les aciéries. Les syndicats FIM, FIOM et UILM ont appelé à une action revendicative après l’échec d’une réunion entre le gouvernement du Premier ministre Giorgia Meloni et les représentants syndicaux. Selon le secrétaire général de la CGIL, Maurizio Landini, la réunion n’est pas allée au-delà des déclarations d’intention et n’a apporté aucune réponse au conflit. Landini a appelé à « des solutions concrètes pour tous les travailleurs concernés ».

En 2017, Arcelor Mittal, deuxième producteur mondial d’acier, souhaitait reprendre l’usine d’Ilva. Un an plus tard, l’entreprise a toutefois renoncé à son engagement d’achat, car le gouvernement Conte de l’époque avait fixé dans un décret climatique des exigences plus strictes en matière de protection de l’environnement pour la rénovation des aciéries. Après que l’État italien ait accepté, après de longues négociations, de continuer à acheter 60 à 70 pour cent de ses besoins en acier plat à Ilva en cas de vente et promis des “investissements importants”, les deux parties ont conclu en 2020 un nouvel accord dans lequel Arcelor Mittal reprendrait la reprise définitive promise en mai 2022. Après que plusieurs dirigeants d’Ilva aient été condamnés à de lourdes peines de prison en 2021 en raison des conséquences de la contamination, Arcelor Mittal a exigé des garanties que leurs dirigeants seraient épargnés. Depuis lors, l’accord n’a pas pu se concrétiser, les deux parties s’en accusant mutuellement.

L’aciérie Ilva est l’une des plus grandes pollueuses d’Italie. Des dioxines, du dioxyde de soufre et d’autres poisons mortels s’échappent des cheminées de l’usine de 15 kilomètres carrés, les habitants de la région souffrent de maladies cardiovasculaires et respiratoires, de tumeurs malignes et de leucémies à un taux supérieur à la moyenne, des milliers de travailleurs et d’habitants souffrent de cancer, 400 personnes en sont déjà mortes. La Cour européenne des droits de l’homme a condamné l’État italien en 2019, puis à nouveau en 2022, pour ne pas avoir protégé de manière adéquate la vie et la santé des travailleurs d’Ilva.