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L'”ennemi” qui a sauvé Nenni de l’arrestation

L'”ennemi” qui a sauvé Nenni de l’arrestation

2023-10-23 16:26:57

AGI – Mars 1942. La France est divisée en deux depuis deux ans : le nord et Paris sont directement occupés par l’Allemagne nazie ; dans le centre-sud s’installe le régime de Vichy, libre seulement sur le papier.

L’ancien secrétaire du PSI, Pietro Nenni, s’est réfugié dans une petite ville des Pyrénées françaises, espérant ne pas se faire remarquer. Même si elle se situe dans une zone de France « libre », la collaboration de certains éléments du gouvernement de Vichy avec le régime nazi est forte. De plus, son nom figure sur une liste d’éléments antifascistes dont Mussolini a demandé l’extradition vers l’Italie.

A cette époque-là une note intéressante est écrite, qui aide à sauver Nenni de l’arrestation. Il a été écrit par Angelo Tasca : un historien et journaliste important, mais aussi un ancien communiste qui, entré au PSI au milieu des années 1930, était devenu le principal opposant politique de Nenni.

Après l’effondrement de la France, Tasca avait décidé de soutenir les autorités de Vichy, ce qui lui permettait d’intervenir en faveur d’anciens camarades en difficulté. Le document, trouvé dans le Fonds Angelo Tasca conservé à la Fondation Feltrinelli, est une tentative de mettre Nenni en valeur : il met en évidence, en effet, les détails qui peuvent « adoucir » la position des autorités de Vichy à l’égard du leader socialiste.

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L’aide de Tasca à Nenni est un petit « mystère » historique.. Après la fin de la guerre, la rumeur avait circulé. Le leader socialiste n’y a jamais cru et a toujours considéré Tasca comme un personnage ambigu.

Il est certain, cependant, que l’ancien communiste s’est engagé à tenter d’aider certains anciens camarades de lutte, comme Giuseppe Faravelli, Giovanni Faraboli et Mario Levi. Ceux-ci, libérés du camp de concentration de Vernet, lui adressent un télégramme de remerciement le 3 avril 1942.

La note trouvée

Malgré la méfiance manifestée par Nenni, Tasca a vraiment joué en sa faveur. Dans son livre “En France dans la tempête”, l’ancien communiste rappelle que dans la demande d’extradition formulée par Rome, “Nenni était accusée d’avoir comploté je ne sais quoi avec les communistes”.

Alors, sur les conseils d’un responsable de Vichy, il décide de rédiger la note en faveur de son ancien adversaire politique. Le texte du document, rédigé en français, se lit comme suit : « 27/3/1942. Pietro Nenni n’a jamais été et n’est pas communiste. C’est un journaliste, ami de Mussolini.

En 1914-1915, il mène à ses côtés la campagne en faveur de l’intervention de l’Italie dans la guerre contre les puissances centrales. En Italie, il était directeur du grand journal socialiste Avanti, publié à Milan. Bien connu dans le monde journalistique de Paris et de Bruxelles, où il fut correspondant de plusieurs journaux.

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Il était le secrétaire du Parti socialiste italien. Il a trois filles (quatre en fait, ndlr), dont deux sont devenues françaises grâce à leur mariage avec des Français. Il est également bien connu aux États-Unis, où il refuse de se rendre en juin 1940, malgré l’invitation qu’il a reçue.”

Des détails favorables au leader socialiste sont mis en avant : le fait qu’il n’a jamais été communiste ; sa vieille amitié avec Mussolini ; qu’il est bien connu dans le milieu journalistique ; qui a refusé de fuir vers les États-Unis.

Des tons bien différents de ceux que Tasca avait employés contre Nenni au plus fort de leur affrontement politique et qui démontrent comment, au-delà des conflits et même des ressentiments personnels, la solidarité entre les exilés était souvent plus forte que tout le reste.

Mais outre l’intervention de Tasca, Nenni avait d’autres cartes à jouer : il ne manquait pas de connaissances, dont celle de Pierre Laval, ancien socialiste devenu l’un des dirigeants les plus influents du régime de Vichy.

Nenni a évité d’être arrêtée pendant plus d’un an, jusqu’à ce que l’autonomie relative de la France de Vichy par rapport aux nazis soit encore réduite et que la pression du gouvernement fasciste pour sa capture devienne insoutenable. Arrêté par la Gestapo, il arrive en Italie le 5 avril 1943 et est envoyé en exil à Ponza.

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Il se demandera toute sa vie si son “ami-ennemi” Mussolini était intervenu pour le retirer des mains des nazis et l’envoyer sur une île italienne, où il est effectivement assigné à résidence mais ne risque pas sa vie. Il ne trouvera jamais une réponse certaine. Selon le directeur scientifique de la Fondation Pietro Nenni, Antonio Tedesco, « il est plausible, cependant, que le régime n’ait pas voulu laisser d’éminents « évadés » italiens comme Nenni aux mains des Allemands.

Mussolini considérait les dirigeants des partis antifascistes comme les pires traîtres et ennemis du régime et estimait qu’il était essentiel de les « neutraliser », puis de les juger après la fin de la guerre. C’était – comme le souligne l’historien Gaetano Arfè – aussi une question de fierté nationale : étant donné qu’ils étaient italiens, on prétendait que le fascisme avait pour tâche de les punir ».

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