L’écrivaine Herta Müller : “Je ne suis pacifiste que lorsque paix signifie liberté”

PAPULE: Votre personnage achète un de ces yeux de verre et le porte comme un bijou sur un collier. Est-ce arrivé pour de vrai?

Muller : Un médecin m’a viré de son cabinet à cause de ça. Je ne sais pas ce que cela lui a rappelé. Peut-être que son grand-père était aveugle, peut-être qu’un de ses proches a perdu la vue pendant la guerre. Aucune idée. Je ne pense pas non plus que je pourrais porter quelque chose comme ça. À l’époque, c’était de la provocation. Si vous vivez dans un esclavage complet, alors il y a un désir permanent de liberté. Cela conduit à des actions compensatoires. Il ne peut en être autrement. L’oppression provoque des gestes pour lui résister. Je portais aussi mes cheveux très courts et teints en rouge à l’époque. Bien sûr, tout cela était lié à la situation dans le pays.

PAPULE: Quand et comment avez-vous réalisé que vous viviez sous une dictature ?