L’économie turque en chute libre après l’élection d’Erdogan : quelles solutions ?

Depuis l’élection présidentielle du 28 mai, l’économie turque a connu une nouvelle chute. Cette situation est due à une gestion inefficace de l’inflation par le gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan et aux milliards de dollars en promesses de campagne. Le danger était imminent. La livre turque, soutenue de manière artificielle avant les élections présidentielle et législatives de mai par la Banque centrale turque, a atteint un nouveau plus bas historique face au dollar le mercredi 7 juin. La livre turque a perdu 5,5% de sa valeur face au dollar, se négociant à environ 22,80 livres turques pour un dollar. Elle a également perdu beaucoup de terrain face à l’euro (-5,35%), atteignant environ 24,38 livres turques pour un euro, contre moins de 21,5 livres pour un euro avant le second tour de l’élection présidentielle du 28 mai.

Autrefois portée par une main-d’œuvre bon marché et un système bancaire efficace, l’économie turque est désormais confrontée à un problème provoqué par Erdogan, qui s’est engagé dans une croisade contre le “lobby étranger” de la hausse des taux d’intérêt. Cette politique a été appliquée dans presque tous les États pour tenter de freiner l’inflation en ralentissant la demande. Erdogan a également invoqué les préceptes de l’islam, qui interdisent l’usure (le prêt d’argent).

Pour mener à bien sa bataille idéologique-économique, Erdogan a remplacé les gouverneurs de la banque centrale turque. Cependant, les résultats ont été désastreux : la livre turque a chuté et l’inflation annuelle officielle a dépassé les 85% à l’automne – voire plus du double selon un groupe d’économistes turcs indépendants. Bien que la Banque centrale turque ait dépensé plus de 30 milliards de dollars entre le 1er janvier et le scrutin présidentiel de mai pour stabiliser la chute de la monnaie locale, cette politique n’est pas viable à long terme.

Les experts proposent deux solutions pour tenter de stabiliser l’économie turque : augmenter les taux d’intérêt ou laisser la livre chuter. Les mesures de soutien monétaire ont annulé l’avantage que représentent les taux d’intérêt bas dans une économie dominée par l’industrie manufacturière. La première hypothèse a été exclue pendant la campagne, et la seconde serait très douloureuse. Elle affecterait davantage le pouvoir d’achat des Turcs et contraindrait le gouvernement à rechercher des milliards de dollars pour des mesures de soutien aux ménages, en plus des nombreuses promesses électorales.

Face à cette catastrophe économique, le président Recep Tayyip Erdogan est contraint de changer de cap. Il a nommé un nouveau ministre de l’Économie, Mehmet Simsek, partisan d’une politique économique orthodoxe, qui consiste généralement à augmenter les taux d’intérêt et à réduire les dépenses publiques. À sa prise de fonction, il a averti qu’il faudrait revenir à des “mesures rationnelles”.
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