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Le voyage ésotérique du onirique Agostino Arrivabene

Le voyage ésotérique du onirique Agostino Arrivabene

2023-09-13 07:54:36

Le titre choisi par Agostino Arrivabene (Crémone, 1967) – Thesauros – annonce déjà la splendeur de l’ancien exposé à Ferrare, au Palazzo dei Diamanti, jusqu’au 1er octobre 2023. L’exposition anthologique est composée de quarante œuvres, précieuses nature- comme , mirabilia et artificialia, produits par l’artiste depuis 1985. Des cadeaux votifs qu’Arrivabene a décidé de vénérer comme le faisaient les anciens Grecs avec les différents θησαυρός, petits temples sacrés utilisés pour le culte des dieux.

C’est une tension vers le divin que le peintre tente de recréer dans ses œuvres, explorant souvent le chemin de la douleur, du mal et des vertus humaines manquantes. C’est le cas de Lucifer (1997), l’une des peintures les plus emblématiques de l’artiste et un hommage à Léonard de Vinci, grâce à son décor proche de celui de la Joconde.

Lucifer

Arrivabene considère l’œuvre comme un autoportrait métaphorique d’une période sombre de sa vie : Lucifer, « porteur de lumière », autrefois le plus bel ange et aujourd’hui le chef des démons. Les bras reposent sur le bord d’un sarcophage, référence à la mère de l’artiste, décédée lors de l’exécution du tableau. Le visage couleur charbon – toujours couronné – disparaît dans les profondeurs de l’Hadès et entraîne avec lui l’avertissement des paroles de la mémoire nietzschéenne “Si tu regardes longtemps dans l’abîme, l’abîme te regardera”.

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Paolo et Francesca

Un noir absolu, une tentative de catharsis de la douleur, mais aussi un vide profond qui nie la beauté et la vérité. La scénographie de l’exposition est étudiée par rapport à l’axe de perspective qui se crée dans les salles du Palazzo dei Diamanti entre le Lucifer susmentionné et le monumental Erotomachia inféra, récemment joué, dans lequel est représenté le cercle des lubriques de L’Enfer de Dante. Dans le deuxième cercle, en haut à droite, sont visibles deux damnés célèbres : les beaux-frères amants Paolo et Francesca, éternisés dans une étreinte sensuelle et poignante. Dans les peintures d’Arrivabene, exécutées avec des techniques classiques et des matériaux précieux (il préfère l’utilisation de feuilles d’or, de pierres et de nacre), on trouve de nombreuses références aux échos des grands Maîtres : Léonard, Michel-Ange, Rembrandt et Jan van Eyck jusqu’au Ercole de’ Roberti de Ferrare, à qui l’œuvre est dédiée Le rêve d’Asclépios (2015). Le panneau du XVIIe siècle sur lequel Arrivabene a peint s’inspire du livret de Discours sacrés d’Elio Aristide, qui décrit la psychologie de la personne malade. Pour trouver un remède à ses douleurs, le patient rêve de se tourner vers Asclépios, le dieu grec de la médecine. Dans ce cas la divinité lui demande de se couper le doigt pour mieux guérir. Au fond, on peut voir une référence aux extraordinaires inventions paysagères de de’ Roberti : une vue de Ravenne totalement déconnectée de la réalité, avec des montagnes pourries comme des dents, le premier chemin vers une peinture symbolique, comme le Retable de Portuense du célèbre artiste de Ferrare. Arrivabene possède un style ambitieux et une technique parfaitement exécutée, qui rappelle le magique et l’ancien, le symbolisme et le surréalisme, suivant l’arrière-garde sans jamais tomber dans la banalité du citationnisme. Un exemple pratique en est le triptyque plein d’allégories Le gardien des destins (1985), réalisé alors que le peintre n’avait que dix-huit ans, un hommage à sa cousine Marika qui lui fit découvrir son amour pour le secteur humaniste et la représenta dans toutes ses œuvres sous les traits d’Athéna – déesse patronne des arts et de la connaissance. . Pas trop Les sept jours d’Orphée (1996), on note la référence aux classiques grecs, à la peinture flamande et à l’atmosphère surréaliste que l’on retrouve chez des artistes de la trempe de Leonora Carrington. Orphée, détruit par la douleur de la perte d’Eurydice, est représenté avec la lyre enchantée que lui a donnée Apollon et une expression navrée sur son visage. Les figures d’Hadès et de Perséphone sont merveilleuses et tirées de plusieurs périodes thaumaturgiques pour vaincre la peur de la mort : en Sortie Ea (2016) Perséphone revient en vol, presque comme un vent spirituel, sur Terre après son séjour aux Enfers. L’inspiration pour le tableau The Fools (2017) est un poème satirique de Brandt, où la folie est mieux représentée comme un nuage sombre, symbolisant la perte de la raison.

Une collection d’œuvres qui est un voyage ésotérique entre rêve et réalité, dans lequel la réalité n’est qu’une simple apparence.



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