Nouvelles Du Monde

Le Sahel, une région en faillite | International

Le Sahel, une région en faillite |  International

2023-08-17 06:40:00

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a tenu un sommet jeudi pour aborder la réponse au coup d’État du 26 juillet au Niger. Dans un langage diplomatique typique, il a déclaré que “toutes les actions sont sur la table”, y compris l’activation de la Force de déploiement rapide, qui, malgré son nom, prendrait du temps à s’activer. L’instance a décidé d’opter dans le communiqué final pour un dialogue avec la junte militaire pour réorienter la situation.

La tension étant pour l’instant apaisée, il est temps de faire une brève analyse de la situation au Sahel. Cet immense espace – qui va de la côte atlantique à la mer Rouge et comprend, pour certains analystes, la région des Grands Lacs et la Somalie – importe à l’Espagne et à l’Europe par sa proximité, parce qu’ils sont les voisins de nos voisins.

L’instabilité de la région s’explique en grande partie par la querelle sur la rareté des ressources en eau et l’épuisement des pâturages, facteurs qui exacerbent les tensions entre les agriculteurs sédentaires et les ethnies d’éleveurs transhumants. A cela s’ajoutent l’extraordinaire croissance démographique et la précarité conséquente de sa jeunesse, sans autre issue que le travail informel, l’émigration très dangereuse vers l’Europe ou l’adhésion à des groupes djihadistes. En ce sens, l’intégrisme islamique ne serait pas le principal déclencheur de cette instabilité, mais plutôt un facteur importé.

Lire aussi  Le FBI n'avait aucune raison d'enquêter sur le lien de la campagne Trump avec la Russie - Rapport de l'avocat spécial

A ce contexte, s’ajoute l’extrême fragilité des Etats du Sahel. Certains, comme le Soudan, le Soudan du Sud ou l’Éthiopie, plongés dans leurs propres guerres civiles. Et d’autres, avec les soi-disant juntes militaires « du salut », incapables de résoudre les problèmes internes qui forcé prendre le pouvoir. Ce cocktail de facteurs offre les conditions idéales pour un scénario de région défaillante.

Et quelle est la réponse des acteurs non africains ? La France, ancienne puissance coloniale, ne veut ni ne peut s’impliquer davantage dans la région, au-delà de la protection et de l’expatriation de ses citoyens ou européens. Surtout à un moment où la guerre en Ukraine a focalisé son attention sur l’Europe. Et encore moins lorsqu’il sait qu’il ne va obtenir aucun avantage économique, mais une surcharge et une distraction de ressources dans son budget de défense déjà important. Comme l’a dit le président Emmanuel Macron, la France cherche à «communautariser» son engagement de défense avec ses alliés africains dans la région.

Un autre acteur pertinent dans la région est l’Union européenne, qui dispose des missions de crise EUCAP-Mali (prolongées jusqu’en 2025), EUCAP-Niger et de la nouvelle Mission militaire de coopération en appui au Niger-EUMPM (prolongée jusqu’en 2024, pour un avenir incertain). Intelligemment, les Européens misent sur la voie diplomatique pour la stabilisation de la zone. Il en va de même pour les États-Unis, qui ont choisi de faire profil bas dans les négociations pour tenter de réorienter la situation au Niger ou, du moins, d’en atténuer les effets dans la région.

Lire aussi  Comment regarder la journée d'ouverture de la MLB aujourd'hui : options de diffusion en direct du baseball, heures de début des matchs, plus

Rejoignez EL PAÍS pour suivre toute l’actualité et lire sans limites.

s’abonner

Reste à discerner le rôle de la Fédération de Russie. Dans sa confrontation avec l’Occident, le président Vladimir Poutine a trouvé un cadeau inattendu : rien de moins que l’ouverture d’un second front dans le « ventre de l’Europe » (rappelant la terminologie de la Seconde Guerre mondiale). Pendant ce temps, l’Europe est obligée d’allouer des ressources économiques, des efforts diplomatiques et même une attention médiatique à ce qui s’y passe. Le vide géopolitique laissé par l’Occident est comblé par le Kremlin. Les mercenaires russes de Wagner se présentent comme le fer de lance de ce qu’ils appellent des « opérations militaires spéciales » de stabilisation. Mais ils ne sont rien de plus que la garde prétorienne des nouveaux dictateurs. Bien sûr, extrêmement précieux pour eux, puisqu’on suppose qu’ils ne sont pas tentés de faire des coups d’État contre ceux qui les embauchent.

Lire aussi  Tornado atterrit en Louisiane, des montres de tempête émises dans le Sud

Les derniers événements au Sahel conduisent à une reconfiguration des forces dans la région. Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée soutiennent la junte militaire au Niger, tandis que la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin et le Nigeria seraient en principe plus proches d’une intervention militaire. La division pourrait entraîner le démantèlement ou la disparition de Cedeao. Le rôle hégémonique du Nigeria dans cette organisation est déterminant, car il est essentiel pour ce pays de continuer à être la puissance régionale tant dans le golfe de Guinée qu’au Sahel. En outre, son président, Bola Tinubu, doit s’occuper de la réponse interne à l’intervention, pour laquelle il a déclaré que la diplomatie doit être la priorité pour résoudre la crise au Niger.

Suivez toutes les informations internationales sur Facebook y Twitterle fr notre newsletter hebdomadaire.

Abonnez-vous pour continuer à lire

Lire sans limites




#Sahel #une #région #faillite #International
1692256028

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT