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Le Prix du berceau : la privatisation des crèches, quel impact sur les enfants ?

Le Prix du berceau : la privatisation des crèches, quel impact sur les enfants ?

Dans leur ouvrage intitulé “Le Prix du berceau”, Daphné Gastaldi et Mathieu Périsse dénoncent les conséquences néfastes de la privatisation du secteur de la petite enfance. Selon eux, ce système, axé sur la rentabilité, transforme les enfants en simples chiffres, alors qu’il s’agit à la base d’un service à la personne.

Le livre, qui sera publié ce vendredi 8 septembre, met en lumière les pratiques de certaines crèches privées considérées comme de véritables “usines” à bébés. On y découvre que les portions de repas sont rationnées, les soins minutés et certaines crèches pratiquent même le “surbooking”, accueillant plus d’enfants que prévu légalement.

Cinq mois après la publication d’un rapport de l’Igas sur la prévention de la maltraitance dans les crèches, “Le Prix du berceau” décrit un système “déshumanisé” qui privilégie la recherche du rendement et du remplissage au détriment du bien-être des enfants.

Le livre s’appuie sur près de 200 interviews et témoignages de cadres, employés et parents pour dénoncer ces pratiques. Les auteurs soulignent notamment le cas d’une crèche dans les Bouches-du-Rhône où certains enfants sortent affamés, car il manque entre trois et cinq repas deux jours par semaine depuis plusieurs mois. Selon l’entreprise, il s’agit d’une “erreur humaine”.

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Ils évoquent également le cas d’un établissement près de Lyon qui pratique le “surbooking”, mettant ainsi en danger la sécurité des enfants.

Mathieu Périsse, journaliste indépendant et co-auteur du livre, déclare que ce système transforme les enfants en chiffres, alors qu’à l’origine il s’agit d’un service à la personne. Il ajoute que ces entreprises, certaines étant liées à des fonds d’investissement, mettent en place des mesures visant à optimiser la gestion de leurs crèches, telles que la gestion du personnel “à flux tendu”.

Les auteurs soulignent des similitudes avec le scandale Orpea, où des malversations financières et des mauvais traitements ont été révélés dans les maisons de retraite. Daphné Gastaldi, l’autre autrice du livre, affirme que de nombreuses entreprises du secteur redoutent d’être pointées du doigt, comme ce fut le cas pour les Ehpad après le scandale Orpea. Elle précise cependant que tout n’est pas comparable, car les enfants ne sont pas en pension complète et ne sont pas isolés.

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Le chiffre d’affaires des crèches privées s’élève à entre 1,1 et 1,4 milliard d’euros, représentant 20% des places disponibles, vingt ans après l’ouverture du secteur au privé. Les quatre principaux groupes présents sur le marché sont Grandir (Les Petits Chaperons rouges), Babilou, La Maison Bleue et People & Baby. Ce dernier a fait l’objet d’une attention particulière après le décès d’un bébé de 11 mois à Lyon en juin 2022. Suite à cet événement tragique, l’Igas a été chargée par le gouvernement d’enquêter sur la qualité de l’accueil et la prévention de la maltraitance dans les crèches, qu’elles soient privées ou publiques.

Dans leurs conclusions publiées en avril 2023, les enquêteurs estiment que les leçons tirées du scandale Orpea en 2022 peuvent être largement appliquées au secteur des crèches. Certaines autorités de contrôle ont déjà alerté sur les risques de contagion de telles pratiques. En juillet, la ministre des Solidarités, Aurore Bergé, s’est montrée favorable à un renforcement des contrôles et des systèmes d’alerte dans les crèches, à l’instar de ce qui a été fait après le scandale Orpea, sans donner plus de détails.

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