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Le premier verdict du prix Strega Poesia

Le premier verdict du prix Strega Poesia

2023-05-12 08:30:58

La sélection des participants à la première édition du Prix Strega Poesia a commencé, une édition princeps appréciée dans son intention, mais très clivante. Après des semaines de polémique autour de la possibilité donnée aux éditeurs de désigner directement leurs champions, le comité scientifique, composé de Maria Grazia Calandrone, Andrea Cortellessa, Mario Desiati, Elisa Donzelli, Roberto Galaverni, Valerio Magrelli, Melania Mazzucco, Stefano Petrocchi, Laura Pugno , Antonio Riccardi, Enrico Testa et Gian Mario Villalta, des cent trente-cinq titres initiaux sélectionnés quarante-quatre qui peuvent prétendre aux cinq finalistes. En laissant les maisons d’édition s’exprimer librement, sous l’objectif d’un vivier d’experts, la naissance de Strega Poesia a en effet remis en question les modes de jugement d’un secteur longtemps lacunaire et décrié, à savoir les mille prix italiens consacrés à littérature contemporaine. Les cinq convoités seront annoncés le vendredi 19 mai à la Foire du livre de Turin.

Tu leur pardonnes

Dans la liste quelques auteurs se distinguent par les traits singuliers de leur poétique : tout d’abord « La via del poco » (Al3vie), d’Anna Maria Farabbi, qui dans l’introduction au voyage en vers, manifeste le lien existentiel entre chacun des ses titres publiés et l’éditeur concerné, strictement indépendants. Chacun de ses livres, malgré une édition limitée et liée au territoire de gestation, est une œuvre chorale destinée à la communauté. Par ailleurs, Di Farabbi ne peut ignorer la stratification des langues – minérale, végétale et animale – qui agit comme un moyen de nommer la fragilité de l’être humain. En même temps, dans “Apolide” (Mondadori) Mary Barbara Tolusso utilise un lexique ordinaire pour lever le voile de Maya du quotidien le plus évident et révéler les traces invisibles du vide et de la cruauté. Le registre familier de Francesca Del Moro, dans “Ex madre” (Arcipelago Itaca), dissout plutôt la distance entre l’expérience et sa signification émotionnelle insoutenable, parvenant à ne pas sacrifier la versification pour favoriser les images immortalisées. Les anticorps désuets du genre poétique, qui n’ont que peu à voir avec la dynamique du marché, ont évincé du concours à la fois “Miss Nobody” (Vallardi), de Giorgia Soleri, ainsi que “l’alphabet des rimes” (Salani) de Bruno Tognolini, tous deux conditionnés par leur propre public, et respectivement les fans de Damiano de Måneskin et les lecteurs en herbe.

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Les exclus

Parmi les nombreuses, la sortie prématurée de « Peste e Guerra. La poésie ne sauvera pas le monde » (Interno Poesia), de Paolo Fabrizio Iacuzzi. L’anthologie qui couvre quarante ans d’écriture en vers, est composée d’une large sélection de textes, travaillée avec la commissaire Michele Bordoni, et suivie d’un entretien substantiel entre les deux intellectuels, qui a débuté en 2021 et a duré environ neuf mois. « Je t’ai rencontré au théâtre des simulacres / dès ton premier livre. Je l’ai lu dans le jardin de guerre / entre Artaud et Bataille. Et tu m’as appris la poésie.” Les archétypes de la peste et de la guerre syncrétisent l’apogée de la férinité humaine et, en même temps, prophétisent la faculté de rédemption, suivant au fil des siècles les contradictions d’un mal presque plus démocratique que le bien. Entre les pages, le poète montre l’histoire maîtresse à travers la dimension privée, chargeant lui-même et ses proches d’un poids symbolique absolutisant, et soulignant un dualisme inhérent entre le moi personnel et le moi collectif. « (…) Tout rôti à la broche // consigné au temps des naufrages fait cain pour le théâtre. / Où fils et petit-fils ensemble. Paolo et Fabrizio ramènent les autres à la vie après la défaite ». Ce sont les intuitions fulgurantes de Luziana qui réarrangent l’expérience ; il est propre à sa poiesis de maintenir ensemble ce qui serait incontrôlable, ainsi dans l’improvisation rhapsodique l’urgence d’écrire émerge magmatique et ne peut être logiquement contrôlée, même dans l’atlas d’un jardin : “Père, n’éradique pas l’iris de cette foule / jaune. Ne laissez pas tout le monde être entre eux // et eux-mêmes intolérants. Laissez-moi l’adorer / le voir dans une foule heureuse faite de givre ». L’assemblage littéraire-théâtral de ces aperçus sémantiques participe à la narration éthique du passé et à la créativité du futur, non pas à partir de la revendication salvifique attribuée à la poésie, mais à partir d’elle.

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