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Le permis de conduire : entre besoin et contrainte

Le permis de conduire : entre besoin et contrainte

Rite de passage de la majorité pour certains, examen rébarbatif et inutile pour d’autres: le permis de conduire n’est pas toujours passé dès les 18 bougies soufflées. De nombreux adultes préfèrent attendre avant d’obtenir le certificat, quitte à s’y atteler tardivement. En 2022, sur l’ensemble des candidats au permis B soit environ 900.000 prétendants, plus de 80% avaient moins de 24 ans, alors que la tranche des 30-39 ans représentait 9% des examinés, et celle des 40-49 ans 4%.

Pour autant, l’âge de passage de la licence semble reculer de plus en plus. «On se retrouve quand même plus à une moyenne d’âge à partir de 23-25 ans pour le permis, précise par exemple au micro de TF1 Emmanuelle Mallerich, monitrice strasbourgeoise, en évoquant le profil des candidats urbains. Là, actuellement, on a même pas mal d’élèves d’une quarantaine d’années.»

L’École de Conduite Française (ECF) partage ce constat. Si elle rappelle que l’âge moyen du passage du permis se situe à 23,8 ans, elle souligne aussi l’évolution des profils. «Dans nos bases, les candidats sont au trois quarts âgés de 18 à 25 ans, note Patrick Mirouse, président de l’ECF. Le reste sont des candidats plus âgés et on voit que cette population a tendance à augmenter, il y a un peu plus de postulants de cette catégorie.»

Un apprentissage fastidieux

S’ils sont de plus en plus représentés, ces profils demeurent malgré tout minoritaires et peinent souvent plus que leurs cadets à obtenir le sésame. En cause, entre autres, le manque de temps consacré à un apprentissage chronophage. «J’ai mis trois ans à passer mon permis, raconte Chloë, 36 ans, désormais détentrice du certificat depuis un mois. J’ai repoussé le moment parce que je me suis rendu compte qu’il fallait prendre du temps dans son emploi du temps et consacrer toute son énergie au projet.»

Selon la jeune femme, les tout juste majeurs ont plus de temps à dédier à l’examen, pendant leurs vacances scolaires par exemple. «Avec mon travail qui me prenait beaucoup de temps, je n’ai pas eu le temps de bien le préparer, confirme Camille, 32 ans, qui a déjà raté son code à trois reprises. Quand tu rentres du travail le soir après une journée de boulot, tu n’as pas envie de travailler et de faire des tests.»

Pour la trentenaire, le principal blocage reste surtout le stress. «Je pense que je n’étais pas prête psychologiquement, j’ai peur de la voiture en règle générale, admet-elle. Quand on est jeune, on est plus insouciant alors que pour moi, c’est très stressant, je me mets beaucoup de pression.» Une difficulté partagée par Chloë, confrontée à l’angoisse pendant tout le processus. «Plus on prend de l’âge, plus on a peur, affirme la jeune conductrice. Je pense que c’est plus difficile de passer le permis tard parce qu’on réfléchit trop, on analyse tout et on est moins dans l’intuition.»

Patrick Mirouse constate ce phénomène au quotidien. Selon lui, l’examen est moins intuitif pour les candidats plus âgés. «Plus on est jeune, plus c’est facile, tranche le spécialiste, formateur de moniteurs de conduite depuis vingt-cinq ans. C’est comme le vélo, il est plus aisé d’apprendre tôt que si vous montez dessus à 30 ans! Les adultes se posent plus de questions alors que les plus jeunes se lancent.»

La dernière composante réside enfin dans la facilité d’apprentissage. En pleine dynamique scolaire et habitués à la mémorisation, les candidats juvéniles trouvent plus de repères lors de l’initiation à la conduite. «Apprendre les panneaux et mémoriser la mécanique de la voiture, c’est très compliqué, juge Camille. Si je l’avais passé en étant dans le cadre scolaire, j’aurais peut-être eu des habitudes facilitantes.»

Les avantages de l’âge adulte

Pour ce type de candidats, la durée du processus est souvent plus longue. Pour autant, s’inscrire au permis tardivement permet aussi une probabilité de réussite à l’examen plus grande, même si le temps de préparation est plus long. En effet, selon l’ECF, le taux d’obtention du permis en première présentation est bien plus élevé après la pratique de la conduite accompagnée, une pratique plébiscitée par les plus âgés.

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Camille et Chloë ont ainsi appréhendé le véhicule aux côtés de leur compagnon respectif afin d’apprendre à manier le volant. «La conduite est plus confortable pour moi accompagnée de mon conjoint, car on se connaît et on fait beaucoup de voiture ensemble»résume Camille. Par ailleurs, la maturité est un élément central à prendre en compte. Construits par les expériences passées et riches des connaissances et compétences acquises, les postulants tardifs au permis de conduire peuvent utiliser ce bagage afin d’obtenir leur licence.

L’atout le plus important dans le passage de l’examen à l’âge adulte reste surtout la capacité financière à payer ses propres heures de conduite. «L’avantage réel quand vous passez le permis tard et que vous avez commencé à travailler, c’est que le permis est financé et c’est un bénéfice de taille»signale Patrick Mirouse. Plus besoin de se reposer sur ses parents ou ses grands-parents pour financer l’examen, ni de réduire les heures de conduite si la préparation en nécessite.

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Permis subi et permis choisi

Si c’est un avantage de poids, l’argent ne fait pas tout. Car la motivation est un facteur primordial dans le passage du permis, et elle n’est pas toujours au rendez-vous. Les candidats tardifs ont souvent repoussé l’examen par manque d’engouement pour la conduite. Camille comme Chloë n’ont pas passé le permis de conduire plus jeunes car elles vivaient dans de grandes villes et n’avaient aucune appétence pour la voiture. Après procrastination, elles se sont toutes les deux décidées après leur déménagement.

«Quand j’ai déménagé dans une petite ville loin de tout, j’ai vu que les bus ne passaient que toutes les heures et que je ne pouvais pas me déplacer facilement, donc je me suis motivée à passer sérieusement le permis»relate Camille, qui souhaite désormais être indépendante de son compagnon pour se déplacer. «Quand on passe le permis jeune, c’est un âge où on en a envie, alors que lorsqu’on apprend à conduire à trente ans, c’est qu’on en a besoin, confirme Patrick Mirouse. Forcément, c’est plus subi que choisi.»

De nombreux jeunes conducteurs vivant en zone rurale se lancent quant à eux dans la conduite par nécessité. Dans ce cas, leur motivation est particulièrement sérieuse, puisque obtenir leur permis leur est vital dès l’âge minimum légal.

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L’âge du permis de conduire en question

Autant d’arguments qui semblent encourager le passage du permis de conduire le plus tôt possible. «Plus on va apprendre à conduire tôt, plus on sera un conducteur sûr, juge Patrick Mirouse. C’est pour cela que l’ECF bataille pour l’entrée dans la mobilité dès 14 ans. On acquiert ainsi de l’expérience mais surtout on apprend dès le plus jeune âge le partage de la route.» Selon le moniteur, inculquer la perception du risque le plus tôt possible permettrait de limiter les accidents.

Il est rejoint par Boris Grabowski, secrétaire national du pôle sécurité routière de l’organisation professionnelle Mobilians: «Sans permis, on ne peut ni vivre, ni travailler, ni aller faire ses études, note le gérant d’auto-école auprès de Radio France. Les jeunes font preuve de maturité, de capacité, de compétence pour pouvoir le faire.» Tous deux militaient pour l’abaissement de l’âge de passage de l’examen à 17 ans, désormais mis en œuvre.

Les 18-24 représentent pourtant la classe d’âge la plus exposée aux accidents, avec 18% des morts sur la route en 2022 selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisr), et la catégorie la plus encline à prendre des risques sur la route. D’après les chiffres de la sécurité routière, les conducteurs novices décédés au volant se situent dans cette classe d’âge. De quoi se demander si passer son permis tardivement n’est pas une garantie de sécurité.

«S’il y a des accidents routiers, c’est parce que les automobilistes ne respectent pas les règles et ne respectent pas les autres, nuance Patrick Mirouse. Pour nous, plus on inculque la perception du risque tôt, plus elle sera importante.» Le président de l’ECF propose ainsi de renforcer l’accompagnement des jeunes conducteurs, avec un module d’une journée pour faire le point et accentuer la sécurité au volant.

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2024-04-15 20:00:01

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