Le Nigeria se lance dans un plan ambitieux de numérisation de son économie, basé sur la blockchain, pour amener croissance et prospérité dans les années à venir. Le plan, intitulé “Politique et stratégie nationale de l’économie numérique 2020-2030”, a été élaboré par le ministère des Communications et de l’Économie numérique et prévoit 8 piliers de développement, dont la régulation, les infrastructures et la démocratisation de la technologie. Le Nigeria mise notamment sur les secteurs de l’éducation, de la santé, de la sécurité, de l’agriculture et de la finance pour profiter de cette évolution. Cependant, le document ne mentionne pas la cryptomonnaie, pourtant au coeur de la technologie blockchain, car le gouvernement a déjà tenté de l’interdire pour promouvoir sa monnaie numérique locale, le eNaira. Les observateurs restent donc prudents quant aux réactions de la population face à cette initiative gouvernementale, alors que le pays fait face à une situation économique compliquée.

10 ans pour moderniser l’économie du pays – Le Nigeria s’engage dans un plan majeur de numérisation de son économie sur 10 ans sous l’égide des autorités nationales. Le pays mise notamment sur la blockchain pour stimuler la croissance et la prospérité dans les années à venir, et toutes les agences gouvernementales sont mobilisées pour la réalisation de ces ambitions. Le 3 mai dernier, le Conseil Exécutif Fédéral a approuvé le plan mis au point par le ministère des Communications et de l’Economie Numérique, qui énonce les objectifs à atteindre et les moyens d’y arriver. Le pays le plus peuplé d’Afrique s’oriente résolument vers la technologie de la blockchain, sans prononcer une seule fois le mot de cryptomonnaie. Analyse.

La blockchain pour stimuler l’économie du Nigeria

Citons tout d’abord un extrait du document officiel publié par le ministère des Communications et de l’Economie Numérique pour bien comprendre les enjeux du plan mis en place :

“La vision de cette politique est de créer une économie alimentée par la blockchain qui prend en charge les transactions sécurisées, le partage de données et l’échange de valeur entre les personnes, les entreprises et le gouvernement, améliorant ainsi l’innovation, la confiance, la croissance et la prospérité pour tous.”

Les autorités du pays ont ainsi l’intention de mettre en œuvre un plan pluriannuel intitulé Politique et stratégie nationale de l’économie numérique 2020-2030 (NDEPS). Ce projet repose sur 8 piliers dont la régulation, les infrastructures et la démocratisation de la technologie sont les principaux axes de développement. Un comité multisectoriel va donc être mis en place pour mener à bien cette feuille de route, en collaborant avec les organismes de régulation du pays, la banque centrale du Nigeria et l’Agence nationale de développement des technologies de l’information. Le rapporteur du projet, le Dr Femi Adeluyi, espère ainsi suivre l’exemple d’autres grands pays ayant déjà mis en œuvre ce type de programme, tels que le Royaume-Uni, la Suisse, l’Estonie, Singapour, les Emirats arabes unis ou encore le Danemark.

Pour justifier l’engagement de l’ensemble du pays dans cette voie, le gouvernement du président Muhammadu Buhari se base sur une étude menée par PricewaterhouseCoopers (PwC). Cette société d’audit, d’expertise et de conseil financier appartient au cercle des “Quatre grands”, les quatre plus grands cabinets de conseil de ce type au monde, aux côtés de Deloitte, Ernst & Young et KPMG. PwC a calculé qu’à l’horizon 2030, l’activité liée à la blockchain pourrait engendrer 1 760 milliards de dollars à l’échelle mondiale. Il va sans dire que le Nigeria aimerait récupérer une part de cette manne financière en figurant parmi les premiers pays à se tourner vers cette technologie.

Les autorités nigérianes imaginent que différentes branches de l’économie pourraient bénéficier de ces évolutions, telles que l’éducation, la santé, la sécurité, l’agriculture et bien sûr la finance. Toutefois, il est à noter que le document ne mentionne pas la cryptomonnaie. On sait que le gouvernement d’Abuja n’en est pas fan, ayant déjà tenté de bannir à la fois les cryptos et les devises étrangères pour protéger l’avènement de sa propre monnaie numérique locale, l’eNaira.

Il reste à voir comment la population locale accueillera les projets économiques mis en place par le gouvernement et si elle pourra profiter de ces avancées technologiques. En effet, la situation économique reste compliquée dans le pays, après des tentatives infructueuses pour lutter contre l’inflation, qui ont donné lieu à des scènes de chaos en raison du manque de devises nationales et internationales. Le Nigeria est, avec l’Afrique du Sud, l’un des moteurs de l’adoption de Bitcoin en Afrique ; espérons que les autorités réussiront à concilier leurs ambitions technologiques et financières avec les aspirations de leur population à la décentralisation.

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