Nigeria envisage une interdiction nationale des motos dans une ultime tentative de répression des terroristes qui continuent de se déchaîner dans plusieurs régions du pays.
Le gouvernement a déclaré que le mode de transport était utilisé par des djihadistes armés pour attaquer des villages et des villes du nord du Nigeria, tuer des civils innocents et prendre des otages. Il envisagera également une interdiction de l’exploitation minière qui est utilisée pour financer illégalement des groupes terroristes tels que Boko Haram.
“Interdire l’utilisation des motos et les activités minières réduira l’approvisionnement en logistique des terroristes”, a déclaré Abubakar Malami, ministre de la Justice.
“Ce sera fait dans l’intérêt national”.
Les motos sont courantes dans le pays le plus peuplé d’Afrique – on estime que plus de 20 % des 200 millions d’habitants possèdent un vélo. Cette décision controversée a suscité de vives critiques de la part d’opposants qui estiment qu’une interdiction générale des motos étouffera l’activité économique dans les zones qui ne sont pas confrontées une grave menace djihadiste.
“Si vous interdisez l’utilisation des motos dans de telles zones – des zones sujettes aux attaques terroristes – on peut le comprendre, mais si vous mettez une interdiction générale ou globale dans le pays, je pense que cela va causer beaucoup de problèmes socio-économiques”, a déclaré Mike Ejiofor, ancien directeur des services de sécurité de l’État.
C’est la première fois que le gouvernement a joué avec l’idée d’une interdiction nationale de cibler des groupes terroristes malgré plusieurs interdictions localisées dans le passé. Lagos, une mégapole de plus de 20 millions d’habitants, a interdit aux motos commerciales de circuler dans six zones en mai, accusant les conducteurs d’avoir commis des crimes et des infractions au code de la route.
Malgré un énorme contrecoup, les responsables ont déclaré que l’interdiction nationale était un sacrifice nécessaire pour faire face à une prolifération de groupes terroristes et de gangs armés qui menacent de submerger le pays géant d’Afrique de l’Ouest.
Ces dernières années, les services de sécurité nigérians ont eu du mal à faire face à des bandits armés qui ont organisé des centaines d’attaques dans le nord-ouest du pays. Cela s’ajoute à la lutte vieille de plusieurs décennies contre les groupes djihadistes liés à Al-Qaïda dans le nord-est.
L’État islamique dans la province de l’Afrique de l’Ouest (ISWAP), un groupe dissident de Boko Haram, a attaqué une prison à Abuja au début du mois et a libéré plus de 800 détenus. C’est l’une des rares fois où des terroristes ont attaqué la capitale du Nigeria – signe inquiétant que les forces de sécurité n’ont pas réussi à tenir à distance les djihadistes en maraude.
En mars, des bandits armés ont attaqué un train voyageant d’Abuja vers le nord-ouest de l’État de Kaduna, capturant des centaines de passagers. Les rapports suggèrent que les bandits ont coopéré avec Boko Haram dans ce que les responsables ont appelé « une poignée de main impie ». Les enlèvements contre rançon ont fait boule de neige et sont devenus une menace généralisée pour la sécurité dans la région, car des centaines d’enfants et de bébés ont été enlevés des écoles de l’État de Kaduna au cours de l’année dernière.
L’interdiction à l’échelle nationale est la dernière d’une série de tentatives infructueuses du gouvernement pour rétablir la paix et la sécurité dans ce pays en difficulté.
En 2017, les autorités ont affecté 1 milliard de dollars de la vaste richesse pétrolière du Nigéria à l’achat d’armes et d’équipements de sécurité pour lutter contre les terroristes dans le nord-est. Le gouvernement a acheté six avions A-29 Super Tucano pour 593 millions de dollars aux États-Unis l’année dernière, dans le cadre d’un accord controversé qui, selon les critiques, ne traiterait pas les causes profondes du djihadisme et de l’insécurité.
