Le préavis de grève illimitée, qui concerne l’ensemble des services des Hôpitaux de Chartres, a pris effet ce mercredi 10 janvier. Une cinquantaine d’agents se sont réunis, devant l’établissement, pour se faire entendre.
“On veut du personnel, on veut du personnel?!” Les agents de l’hôpital Louis-Pasteur, au Coudray, étaient une cinquantaine à s’être mobilisés, ce mercredi 10 janvier, devant l’établissement. Le préavis de grève illimitée, déposé à l’initiative de l’intersyndicale FO, CGT et CFDT, prenait effet ce mercredi.
La mobilisation, qui avait déjà été lancée à l’automne, s’étend cette fois à l’ensemble des services et des catégories de personnel. “Cette grève concerne aussi bien les services techniques, les soignants, les secrétaires médicales, les brancardiers… Quatorze services au total”, chiffre Corinne Legeay, secrétaire générale du syndicat FO aux Hôpitaux de Chartres.
Un préavis de grève illimitée déposé par l’intersyndicale dans tous les services des Hôpitaux de Chartres, à partir du 10 janvier
Remédier au manque d’effectifs
Les agents mobilisés portent en étendard une revendication principale : remédier au manque d’effectifs en recrutant des agents. “Il faut absolument du personnel, il en manque dans toutes les branches, toutes les catégories, il faut embaucher et c’est une des seules revendications qu’on ne lâchera pas”, poursuit-elle.
“Le personnel est en souffrance, travaille à flux tendu et n’en peut plus.”
Corinne Legay (secrétaire générale du syndicat FO aux Hôpitaux de Chartres)
Un problème également soulevé, un peu plus loin, par Christelle El Amraoui, aide-soignante et Christopher Le Corre, ouvrier professionnel, du syndicat CGT. “Il y a de plus en plus de départs d’infirmières et jusque-là, cela ne touchait que le grade des infirmières, mais on s’aperçoit aussi que les aides-soignantes commencent à déserter”, déplorent-ils.
Un quatrième service touché par un mouvement de grève illimitée à l’hôpital de Chartres
Avec, pour conséquence, l’impossibilité pour beaucoup d’entre eux de pouvoir disposer de leurs congés ou encore de leurs RTT. “Comme on est en sous-effectif, les personnels se retrouvent à ne pas pouvoir prendre leurs jours de congés, à faire des heures supplémentaires et ne peuvent même pas prétendre à les récupérer”, s’indigne la secrétaire générale FO.
“Ils sont épuisés et demandent du repos”
Solution proposée par l’hôpital : déposer ces jours sur un compte épargne temps, qui pourront, à terme, être payés. “Le problème, c’est que ce n’est pas de l’argent que les agents veulent, ils sont épuisés et demandent du repos, c’est un dû et ils veulent pouvoir en bénéficier, rester chez eux et se reposer”, gronde Corinne Legeay.
Si le manque d’effectif reste la principale préoccupation des agents mobilisés, d’autres problèmes sont également pointés. “Les fermetures de lit, qui engendrent parfois la création de chambres dédoublées, avec un manque de matériel”, indique Corinne Legeay. “Quand il n’y a qu’un seul appel malade par chambre [télécommande servant à appeler le personnel soignant, NDLR] et qu’il y a deux personnes, ce n’est pas possible, la prise en charge n’est pas adéquate.”
Des préavis de grève déposés dans plusieurs services des Hôpitaux de Chartres pour réclamer des recrutements
Un avis partagé par Ahmed Ould-Hennia, rhumatologue aux Hôpitaux de Chartres depuis 2011, le seul médecin présent hier et largement applaudi par ses collègues. “J’ai interrompu mon activité pour 5 mn, parce qu’on ne se rend pas compte de combien ce personnel est utile au fonctionnement de l’hôpital. L’infirmière, le jardinier, le manip radio… Si on veut défendre le service public, on le défend par l’activité et le travail bien fait”, assure-t-il.
“Le fait de tourner avec 20 ou 30 % de personnel en moins induit que la qualité des soins se dégrade : on demande d’avoir les moyens humains et matériels pour donner des soins consciencieux à notre population.”
Ahmed Ould Hennia (rhumatologue aux Hôpitaux de Chartres depuis 2011)
Le praticien, qui apporte son soutien à l’intersyndicale, relève également le problème du secrétariat médical. “Je suis bien placé pour dire qu’un médecin ne peut jamais fonctionner sans secrétaire, c’est la mémoire vive d’un service. Et quand on regarde, tous les secrétariats de l’hôpital sont en grève, ce n’est pas anodin…”, analyse le rhumatologue.
Si on veut vraiment faire de la médecine de qualité dans un service public, on ne peut pas faire des économies sur le dos des malades, c’est très dangereux.
De son côté, Yvon Le Tilly, directeur adjoint des Hôpitaux de Chartres, temporise. “Il y a une volonté de la part de la direction de pourvoir à la vacance de poste et si certains ne le sont pas, c’est tout simplement parce que les candidatures ne trouvent pas preneurs”, justifie-t-il. “Quand il y a des postes vacants, ce n’est pas une attitude délibérée de la part de l’hôpital.”
Le port du masque obligatoire aux Hôpitaux de Chartres à partir de ce jeudi 14 décembre
“Ni inerte, ni passif”
Alors que la direction de l’hôpital s’est entretenue avec les syndicats, mardi, ces derniers regrettent d’avoir eu le sentiment d’être “entendus, mais pas écoutés” et dénoncent une “déconnexion du monde réel” de la part de la direction.
“Ils sont non seulement entendus, mais ils sont aussi écoutés, au mieux des possibilités de l’établissement, qui fait feu de tout bois pour faire face à l’absentéisme. La direction n’est ni inerte, ni passive et ne fait pas d’économie mal placée.”
Yvon Le Tilly (directeur adjoint des Hôpitaux de Chartres)
Avant de conclure : “Le dialogue est un engagement permanent de l’hôpital. La direction fait tout ce qui est en son pouvoir pour améliorer la situation.”
Laura Alliche
2024-01-10 21:05:00
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