Le moustique, une menace oubliée: pourquoi il est urgent de s’en préoccuper

UNalors qu’une proposition de loi a été déposée, le 24 octobre, pour renforcer les moyens de lutte contre la prolifération des punaises de lit et que des amendements en faveur d’un accompagnement des personnes infestées ont été remis dans le cadre du projet de loi de finances pour 2024, force est de constater que l’effervescence médiatique aura permis à ce sujet de devenir une priorité en l’espace de quelques semaines.

Pourtant, si la punaise de lit représente un enjeu de réputation et de communication majeur pour la France avant les Jeux olympiques (JO) de 2024, le moustique devrait l’être tout autant, si ce n’est plus.

Il aurait en effet été bien plus urgent de s’attaquer enfin à la menace que représente le moustique sur notre territoire. Mais sa place dans l’imaginaire collectif est bien différente de celle de la punaise de lit. Avons-nous oublié que le moustique est l’animal le plus meurtrier au monde ? Près de 800 000 personnes en meurent chaque année en moyenne.

Faudrait-il, pour que le sujet soit pris à bras-le-corps, associer au moustique des images de gonflement des membres, des yeux ensanglantés et de fièvres terrassantes pour qu’il ne soit plus un sujet de second plan et que les maladies qu’il véhicule (dengue, chikungunya, Zika, West Nile…) soient considérées comme une vraie menace sanitaire ?

Sans parler des coûts économiques induits par l’absentéisme que ces maladies provoquent dans le monde du travail, comme nous pouvons le voir dans les régions du monde les plus touchées par le paludisme.

Un premier cas autochtone en Ile-de-France

Même si l’on constate des sursauts et que les enjeux sont connus, les pouvoirs publics ne s’emparent pas suffisamment de cette problématique pourtant grandissante. Nous sommes face à un quasi-angle mort de l’action publique.

Et pourtant chaque année, nous nous étonnons du grand retour du moustique en métropole à mesure que les températures augmentent. Plus grave, dans les départements et régions d’outre-mer, il ne disparaît jamais ! Si bien qu’à La Réunion, par exemple, la dengue sévit avec des poussées épidémiques.

Même dans l’Hexagone, le moustique est passé à la vitesse supérieure : trente-six cas autochtones de dengue, donc par contamination par un moustique local, ont été détectés en France métropolitaine entre le 1^est mai et le 20 octobre selon l’agence Santé publique France.

En une année, la France a comptabilisé plus de cas autochtones que ces dix dernières années ! Habituellement, ils sont observés dans le Sud, au climat a priori plus favorable au moustique. Mais la confirmation par l’agence régionale de santé d’un premier cas autochtone en Ile-de-France, en octobre, vient rebattre les cartes : avec le réchauffement climatique, la menace épidémique est nationale.

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