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Le marathon de l’affaire Ousmane Sonko au Sénégal et la quête de justice pour Norbert Zongo au Burkina Faso

Le marathon de l’affaire Ousmane Sonko au Sénégal et la quête de justice pour Norbert Zongo au Burkina Faso

Après avoir fait preuve de patience, il va falloir… faire preuve de patience. Censé se prononcer hier sur la réintégration d’Ousmane Sonko sur les listes électorales, le tribunal de Dakar a mis la décision en délibéré jusqu’à demain. Démarrée en février 2021, cette saga commence à “s’étirer en longueur” soufflé par Jeune Afrique et ce n’est peut-être pas terminé : “en cas de décision défavorable, (…) les avocats de l’opposant auront la possibilité de faire appel”. Auquel cas, “il semble peu probable que l’affaire puisse être jugée devant la Cour suprême avant le 26 décembre”. La saga pourrait donc recommencer pour une saison supplémentaire.

Dakar Matin veut voir dans cet interminable marathon le signe du “courage” et de la “résilience” d’Ousmane Sonko, qui incarne même, selon le journal, “le vent du changement longtemps attendu” face à “des années d’injustice”.

Pour la défense d’Ousmane Sonko, une tentative de l’empêcher

De fait, rappelle ET la décision “conditionne l’éligibilité de l’opposant à la présidentielle de février”, et les délais sont serrés : le verdict tombera “moins de deux semaines avant la date de fin de dépôt des candidatures”, là encore, en admettant qu’il n’y ait pas d’appel. Et cette élection, insiste Dakar Matin, “représente un moment crucial, où chaque coup porté contre [Ousmane Sonko] résonne comme un affront à la démocratie.”

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D’où la crainte de nouvelles échauffourées en cas de décision défavorable. Pour Aujourd’hui au Faso, à ce stade, “tout le monde retient son souffle et espère un dénouement sans encombre”, après les violences provoquées par la condamnation de l’opposant à deux ans de prison pour corruption de la jeunesse au mois de juin. “Où vas-tu poursuit le titre burkinabè, de nouveau assister à des scènes de guérillas urbaines dans les rues de Dakar et d’autres villes du Sénégal ?”

Dans tous les cas, estime Dakar Matin encore, cette affaire met en lumière la nécessité de restaurer le contrat social entre le peuple et la justice : cette dernière “est censée être l’instrument qui garantit l’équité et l’application égale des droits”. Et lorsque cet instrument est perçu comme inéquitable, “marqué par des “deux poids deux mesures””, c’est toute la paix sociale qui est remise en cause, avance le journal. Une lourde responsabilité pèse donc sur le tribunal, prévient Dakar Matin : “l’institution judiciaire est cruciale pour restaurer la confiance, et maintenir l’intégrité de notre nation.”

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Au Burkina Faso, les 25 ans de la mort de Norbert Zongo

Et il s’agit là aussi, accuse L’Observateur Paalga d’un “interminable feuilleton politico-judiciaire”. Vingt-cinq ans donc que le journaliste burkinabè, directeur de publication de L’Indépendant a été retrouvé mort, alors qu’il enquêtait sur la mort du chauffeur de François Compaoré, le frère de l’ancien président Blaise Compaoré. Un quart de siècle plus tard, la “longue quête de justice (…) n’a pas abouti”, ce qui fait dire à Heure du sérum que cela fait “25 ans que Norbert Zongo ne repose pas en paix.”

Pourtant, retrace L’Observateur Paalga les moyens étaient là : “face à l’onde de choc créée” par la mort du journaliste, “le pouvoir fut obligé de consentir la mise en place d’une Commission d’enquête indépendante” qui a accouché d’un rapport pointant vers six suspects. Mais cela ne suffit pas à rendre justice, et, accuse Wakat Séra, “de parodies de procès en non-lieu”, la vérité “total” sur ce qui s’est déroulé ce 13 décembre 1998 reste inconnue.

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Le rôle potentiel de la France pointé par les journaux

Et pour cause : la justice française n’a, jusqu’à présent, pas permis l’extradition de François Compaoré, principal suspect dans l’affaire. Sauf que, rappelle Aujourd’hui au Faso “si à un moment (…) on a eu l’impression que c’est la France qui bloquait ce dossier, (…) tout cela semble être derrière nous car le 3 mars 2020 [Paris] a décidé qu’il était extradable”. C’est à présent du côté de la Cour européenne des droits de l’homme que cela coince, puisque L’Observateur Paalga rappelle que d’après la CEDH, l’extradition de François Compaoré “entraînerait des conséquences d’une gravité exceptionnelle sur sa sécurité et son intégrité.”

Et pour cause : depuis les deux coups d’État vécus par le pays, “les assurances données sous Roch Marc Christian Kaboré se sont effondrées”. Il n’empêche : pour le journal, dans un contexte où “de nombreux nuages sont en train de s’amonceler au-dessus de la liberté de la presse pour laquelle Norbert Zongo s’est battu, mettre un point final au feuilleton judiciaire renfermerait tout un symbole.”

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