Le journaliste algérien Ihsane El-Kadi condamné à 5 ans de prison pour “financement étranger de son entreprise”.

Ihsane El Kadi, figure emblématique du mouvement citoyen en Algérie, a été récemment emprisonné pour des motifs politiques. Sa détention a suscité de vives réactions tant au niveau national qu’international, en raison de son militantisme pour la démocratie et les droits de l’homme. Cette terrible nouvelle pour les partisans de la liberté d’expression et de l’engagement citoyen en Algérie pose également un autre problème : Ihsane El Kadi ne pourra pas couvrir les élections présidentielles algériennes de 2024 en tant que journaliste indépendant. Cette situation aura sans doute des conséquences sérieuses pour la couverture médiatique de ce rendez-vous électoral crucial pour l’Algérie. Cet article se propose d’analyser la portée de cette interdiction, ainsi que les raisons de l’emprisonnement injustifié de cet acteur majeur de la société civile algérienne.


Le journaliste algérien Ihsane El-Kadi a été condamné à cinq ans de prison, dont trois années fermes, en avril 2023, pour « financement étranger de son entreprise ». Cette décision a provoqué une vague d’indignation en Algérie et dans le monde entier. Ihsane El-Kadi est considéré comme l’une des dernières plumes libres d’Algérie. Né en Libye, il grandit dans un environnement où l’indépendance et la liberté sont des valeurs cardinales. Il adhère au groupe communiste révolutionnaire (GCR) durant ses études en sciences économiques à l’Université d’Alger. En quelques années, il devient un visage bien connu du paysage médiatique local, en particulier pour son courage et sa passion pour l’information. Il est célèbre pour avoir mené des investigations sur des sujets dangereux en pleine guerre civile dans les années 90. Ihsane El-Kadi fonde Maghreb Emergent en 2009, un média économique en ligne, qui a connu un grand succès. Il lance également Radio M en 2013. Les médias d’Ihsane El-Kadi sont authentiques, peu complaisants avec les dérives du pouvoir et fermés à la compromission. Il est également un militant politique actif, participant au Hirak en 2019 et recevant le prix Omar Ouarthilane de la liberté de la presse 2019. Le journaliste est arrêté en décembre 2022 et placé en détention provisoire pour « financement étranger de son entreprise ». Ihsane El-Kadi est accusé d’avoir reçu de sa fille une somme destinée à payer les salaires des employés et les charges courantes de ses médias. Ses médias sont interdits et ses locaux perquisitionnés et mis sous scellés. Malgré l’intimidation et les menaces, Ihsane El-Kadi refuse de se taire et continue de se battre pour la liberté de la presse. Son cas illustre la répression exercée contre les médias indépendants en Algérie ces dernières années.