Le fonds britannique Zegona rachète 100% de Vodafone Espagne pour 5 milliards

Ainsi commence une nouvelle étape pour le marché des télécommunications en Espagne, qui coïncide également avec la prochaine fusion entre Orange et MásMóvil, qui réorganisera l’ensemble du secteur et rendra la concurrence plus intense. Pour le moment, l’opérateur continuera sous le même nom, puisque l’accord comprend une clause qui permet à Zegona d’utiliser la marque Vodafone en Espagne pendant dix ans après la signature.

Qui dirigera la nouvelle entreprise ? L’intention du fonds britannique est de recruter l’ancien PDG de Jazztel et Euskaltel, José Miguel García, comme nouveau PDG. Il est prévu que l’opération soit clôturée au premier trimestre 2024 après avoir reçu le feu vert du gouvernement, selon ce qu’a déclaré le PDG de Zegona, Eamonn O’Hare, lors d’une conférence de presse ce mardi. En outre, en termes de réglementation, ils auront également besoin de l’approbation de la Commission nationale des marchés et de la concurrence (CNMC) et de la Commission européenne pour l’achat, ce qui peut prendre environ quatre mois.

«Nous avons quelques points à régler avant de finaliser l’opération (…) Nous devons faire une demande via le régime des investissements directs étrangers en Espagne. Nous avons vécu cela auparavant, lorsque nous nous sommes impliqués dans Euskaltel et Telecable, donc nous comprenons ce processus et nous le respecterons dans l’environnement espagnol », a expliqué O’Hare.

Les 5 milliards d’euros que Zegona paiera pour Vodafone correspondent à 3,9 fois l’Ebitda de l’opérateur, et le groupe d’investissement a expliqué qu’il financera l’achat par une combinaison de nouvelle dette et d’augmentation de capital. Il s’est engagé à financer la dette de l’opérateur pour une valeur de 4,2 milliards, un prêt que le fonds a obtenu à travers un consortium dirigé par Deutsche Bank.

«Nous sommes très enthousiasmés par l’opportunité de revenir sur le marché espagnol des télécommunications. Cette acquisition attractive représente notre troisième opération en Espagne, après le succès de Telecable et Euskaltel. Grâce à notre stratégie clairement définie et à nos antécédents éprouvés, nous sommes convaincus de pouvoir créer une valeur significative pour les actionnaires », a déclaré le PDG de Zegona.

La signature comprend également d’autres accords transitoires et à long terme entre Vodafone et Zegona pour des services tels que l’accès aux contrats, l’IoT (Internet des objets), l’itinérance mobile et les services des opérateurs, ajoute la société.

4 000 emplois dans le ciel

Pour le moment, on ne sait pas ce qu’il adviendra des près de 4 000 travailleurs de Vodafone Espagne. L’opérateur n’a pas souhaité commenter ce point et Zegona n’a pas détaillé quels sont les projets à court terme avec les effectifs actuels de Vodafone. Il y a seulement cinq mois, l’opérateur avait annoncé qu’il supprimerait 11 000 emplois en Europe et qu’il mettait “sous surveillance” sa filiale espagnole en raison de ses résultats décevants ces derniers temps.

Interrogé à ce sujet, même si O’Hare n’a pas exclu qu’il y ait des licenciements, il a souligné qu’il existe d’autres moyens de réduire les coûts d’un point de vue commercial au-delà de la réduction des effectifs. “Nous voyons de nombreuses opportunités dans tous les domaines pour rendre l’entreprise plus productive, la simplifier et la rendre beaucoup moins complexe”, a-t-il insisté.

Les résultats étaient compliqués depuis un certain temps. Au troisième trimestre, la filiale espagnole, qui représente 10% du chiffre d’affaires total du groupe, a perdu 87.000 clients mobiles et 65.000 clients haut débit, en partie à cause de la décision d’augmenter les tarifs en janvier dernier en raison de la forte inflation. Au total, l’opérateur compte 13,5 millions de clients mobiles et 2,9 millions de clients haut débit en Espagne, tandis qu’en télévision, la base d’utilisateurs est tombée à 1,4 million après avoir perdu 33 000 clients.

Avec la nomination du nouveau PDG en Espagne, Mario Vaz, l’objectif était de reformuler la stratégie de l’opérateur pour consolider un modèle de gestion qui dynamise l’entreprise. Le nouveau PDG avait choisi il y a quelques mois Federico Colom comme nouveau directeur de la stratégie et de la transformation, précisément pour accélérer la compétitivité commerciale de l’entreprise. Colom était le directeur financier d’Orange Espagne qui a piloté l’accord de fusion avec MásMóvil.