Changer de perspective avec Marivaux, cet analyste subtil des relations de domination qui ne pense jamais à faire la révolution mais qui fait toujours tomber les masques. Pour la quatrième édition du festival Scène Vagabonde, Valentin Rossier mise sur un compagnon de longue date et une reprise. “Je suis à la recherche de la perfection”, déclare-t-il depuis la loge des acteurs qu’il a construite sur scène. “Je pourrais travailler sur une pièce pendant un an. Dans le cas de L’Île des esclaves, j’ai souligné l’aspect clinique de la situation, où les maîtres et les serviteurs échouent sur une île et inversent leurs rôles. Arlequin et Cléanthis sont animés d’un désir de vengeance sociale. C’est cette veine que j’ai voulu exploiter.”
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La perspicacité de la langue et la mise à nu des ficelles sociales ont enchanté les foules au Parc Trembley en 2019. Tandis que le festival entamait sa première édition, entre pelouses et bois insomniaques, le site était l’endroit idéal pour un festival. Mais pourquoi l’abandonner? “Il faut laisser les gazons refaits se reposer”, explique Valentin Rossier. “Nous devrions y retourner l’été prochain.” Le Théâtre Caecilia, quant à lui, est moins connu. L’enjeu sera de familiariser un public de passionnés qui n’a pas l’habitude des circuits sur la rive droite.
Satire acide
“Pour cette édition, nous avons parié sur trois spectacles qui peuvent fédérer tous les publics”, poursuit Valentin Rossier. “Il est intéressant de découvrir l’ironie flegmatique du jeune Charles Nouveau dans son one man show La joie de vivre, du 28 juin au 8 juillet. Je suis aussi heureux d’accueillir les comédiennes Mariama Sylla et Marie Wyler dans contractions, une satire acide sur le monde du travail mise en scène par Elidan Arzoni. Mike Bartlett, son auteur, est considéré comme un phénomène en Grande-Bretagne.”
Valentin Rossier rêve de voir le Théâtre Caecilia ouvert au public à l’automne et en hiver. “À partir de 2024, je voudrais que nous programmions des textes susceptibles d’intéresser en particulier les enseignants et les lycéens dans les établissements de la rive droite. Je suis sûr que nous pouvons enthousiasmer les jeunes.” En attendant, Valentin Rossier soigne son écrin. À la rentrée, il mettra en scène La Collection d’Harold Pinter au Théâtre de l’Alchimic à Genève, un maître du clair-obscur qu’il fréquente depuis longtemps avec bonheur.
Dans la loge, Valentin Rossier parcourt les années. “Avec le temps, j’ai appris à répéter dans des formats plus courts. Avant, j’avais des journées de travail intenses. Aujourd’hui, si je répète quatre heures par jour, c’est beaucoup. La majeure partie du travail se fait hors plateau. Le texte doit reposer, murir.” Le Théâtre Caecilia ressemble à son résident principal: le souffle d’un artisanat heureux. Vite, un coup de pinceau.
Festival Scène vagabondeThéâtre Caecilia, Genève, avec “L’île des esclaves” jusqu’au 24 juin.
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