Nouvelles Du Monde

Le destin bouleversé : l’histoire d’Édith Piaf et Théo Sarapo

Le destin bouleversé : l’histoire d’Édith Piaf et Théo Sarapo

Manquer un train peut changer votre destin. Ce 20 janvier 1962, Théo Sarapo, qui travaille dans le salon de coiffure de son père et rêve de devenir chanteur, rate le dernier train pour La Frette-sur-Seine (Val-d’Oise), où il vit en famille. Son ami Claude Figus lui propose de passer chez Édith Piaf, qui organise une soirée chez elle, boulevard Lannes, à Paris (XVIe). Ce jeune homme de 26 ans, intimidé par cette petite femme en robe de chambre bleue et ses amis artistes, ne dit pas un mot, mais sa beauté marque son hôte. Le lendemain, elle l’appelle et l’invite à dîner. Le coup de foudre est réciproque. Il sera le deuxième mari et le dernier amour de la Môme, qui mourra un an et demi après leur rencontre, le 10 octobre 1963, à seulement 47 ans.

Édith Piaf avait choisi Théo Sarapo comme héritier universel. Cependant, ce dernier a été tué sept ans plus tard par un chauffard, à Panazol, près de Limoges (Haute-Vienne). Ses parents ont repris les droits moraux des œuvres de l’artiste jusqu’à leur disparition, la mère en 1986 et le père en 1992.

Ce samedi, une messe a été célébrée en hommage à Édith Piaf en l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville, où elle avait été baptisée. Ensuite, ce sont ses sœurs qui ont pris la parole. Après des décennies passées dans l’ombre, Christie Laume, 81 ans, et Catherine Glavas Lamboukas, 75 ans, ont accepté de nous raconter cette incroyable histoire à deux voix ce samedi à Paris lors des cérémonies organisées pour le 60e anniversaire de la disparition d’Édith Piaf, lors d’une messe en l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville, là où elle avait été baptisée, puis sur sa tombe au Père-Lachaise (XXe).

Lire aussi  Tanti : ils lui ont tiré une balle dans la tête et il a simulé sa mort pour se sauver

“Édith me protégeait un peu comme sa fille”, déclare Christie Laume qui est venue des États-Unis, où elle est partie en 1970 par amour pour un Américain. Cette ancienne chanteuse a écrit il y a dix ans un livre intitulé “Le Dernier Amour d’Édith Piaf”, “pour redonner à mon frère la place qu’il mérite et contredire certaines bêtises qui avaient été racontées, comme le fait qu’Édith soit morte d’un cancer, alors qu’il s’agit d’une rupture d’anévrisme”.

“Pour ma part, j’ai eu la chance de vivre avec eux pendant un an”, raconte-t-elle. “J’avais 20 ans et Édith, qui n’avait pas d’enfant, me protégeait un peu comme sa fille. Un soir où elle nous avait invités à dîner porte Maillot, elle m’a même demandé ce que je pensais de leur futur mariage, car ils avaient une grande différence d’âge. Je lui ai répondu que l’important était qu’ils s’aiment.”

“Et Dieu sait qu’ils s’adoraient”, renchérit sa sœur Catherine qui avait alors 15 ans. “Comme l’a joliment dit Charles Dumont (qui a composé 32 chansons pour l’artiste, dont “Non, je ne regrette rien”, “Mon Dieu”, “Les Amants”), ils se sont rencontrés. Elle a lancé la carrière de notre frère en chantant en duo “À quoi ça sert l’amour” à l’Olympia et sur disque. Pendant plus d’un an, ils ne se sont pas quittés. Quand elle était fatiguée, puis lorsqu’elle est tombée malade, il a toujours veillé sur elle.”

“Lors d’une de nos nombreuses conversations, elle m’avait dit qu’elle n’avait jamais aimé quelqu’un comme mon frère”, confie Christie. “L’amour qu’elle avait pour Marcel Cerdan était différent. Avec Théo, c’était un amour profond. Elle était sa femme. Et elle était adorable avec nous.”

“Édith avait trouvé une véritable famille aimante avec nous”, ajoute Catherine. “Elle venait souvent le dimanche à La Frette prendre le thé avec nos parents.” Christie se souvient du 14 juillet 1963. “Elle était fatiguée et notre frère avait loué une villa incroyable à Saint-Jean-Cap-Ferrat (Alpes-Maritimes), avec plage privée. Ce jour-là, nous avions décidé de lui faire des cadeaux et une surprise avec Francis Lai, qui jouait de l’accordéon. On est monté le grand escalier en marbre jusqu’à leur chambre. Elle était tellement touchée qu’elle est montée sur son lit pour nous chanter “Non, je ne regrette rien”. J’en ai encore des frissons.”

Lire aussi  Ivete Sangalo remporte l'émission spéciale de fin d'année sur Globo : "C'est un gros fardeau, mais un bon"

Ce samedi, la chanteuse Anne-Sophie Guerrier a repris les célèbres titres de la Môme lors des cérémonies organisées pour le 60e anniversaire de sa disparition.

Christie a suivi le couple partout, lorsqu’ils ont passé un mois au George-V, lorsque Piaf donnait ses derniers concerts sur la Côte d’Azur. “Elle m’a aussi lancée comme chanteuse et m’a prise en première partie”, souligne-t-elle. “Tous deux devaient partir en octobre à New York à bord du France car elle devait chanter au Carnegie Hall. Et quelques jours avant, Théo m’a appelée du Sud pour m’apprendre sa mort. J’étais toute seule boulevard Lannes. Il m’a dit : ‘N’ouvre à personne. Nous arrivons en ambulance.’ Ils sont arrivés la nuit, il la portait dans ses bras et l’a allongée sur son lit. Sa mort a été annoncée au petit matin. Il voulait qu’elle repose chez elle, pour qu’elle reçoive l’hommage de Paris.”

“Nous avons dit non à un projet de concert virtuel avec elle en hologramme”, ajoutent les deux sœurs. Depuis la disparition de leurs parents, Christie et Catherine partagent les droits moraux de la chanteuse française la plus célèbre et la plus écoutée au monde, avec des titres comme “Non, je ne regrette rien”, “La Foule”, “La Vie en rose” et “L’Hymne à l’amour”.

Lire aussi  Le sort de Jeffrey Dahmer, la série controversée de tueurs en série de Netflix, a été révélé

“Les demandes arrivent à notre avocat à Paris, qui nous les soumet”, expliquent-elles. “Il ne faut pas croire que nous en recevons tous les jours et que nous les acceptons toutes. Nous sommes là pour préserver le nom d’Édith très haut, partout. Si c’est valorisant, comme lorsque Warner Music nous a proposé d’enregistrer un album symphonique avec 60 musiciens aux studios Abbey Road pour le 60e anniversaire, nous acceptons. Mais si c’est moche, nous disons non. Notre père avait refusé qu’elle apparaisse sur une boîte de gâteau, nous avons dit non à un projet de concert virtuel avec elle en hologramme.”

Les deux sœurs, qui transmettront les droits moraux de la Môme à leurs trois enfants, ne souhaitent pas parler de ce que cela rapporte. “Nous n’avons pas hérité d’Édith, mais de notre frère”, précisent-elles. “Et il a laissé surtout des dettes. Pendant des années, les sommes reçues sont allées directement aux impôts, qui ont frappé très fort notre frère. Édith avait de l’argent, mais aussi beaucoup de rapaces autour d’elle qui se servaient. Théo n’a rien touché, ni nos parents. Aujourd’hui encore, ce n’est pas énorme, pas de gros cachets. En France, nous recevrons encore des droits d’auteur pendant dix ans. Ensuite, ses chansons seront dans le domaine public… Mais nous ne courons pas après l’argent, nous faisons très attention à son image.”

“Édith Piaf Symphonique” est disponible chez Warner Music pour 16,99 euros en CD et 23,99 euros en vinyle.
#ans #disparition #dÉdith #Piaf #Elle #était #adorable #avec #nous #confient #ses #héritières
publish_date]

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT