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Le débat sur les lectures obligatoires au secondaire: comment choisir les classiques de la littérature?

Le débat sur les lectures obligatoires au secondaire: comment choisir les classiques de la littérature?

Dans la classe de Michel Stringer, il y a des étagères avec des livres. Des classiques de la littérature et d’autres ouvrages abordent les questions sociales d’aujourd’hui. Ses élèves de 4e secondaire tournent le dos au tableau électronique. Ce professeur de français préfère écrire à la craie sur un tableau vert.

Dans ses groupes du programme enrichi, Michel Stringer fait encore ce qu’il faisait auparavant avec ses élèves du secteur régulier, c’est-à-dire qu’il impose quelques lectures et leur donne le choix d’autres œuvres selon leurs intérêts.

La seule exigence du ministère de l’Éducation du Québec est de faire lire au moins cinq œuvres littéraires par année aux élèves du secondaire. Le MEES laisse aux enseignants la prérogative de choisir les œuvres à faire lire aux jeunes.

Doit-on imposer ou pas les mêmes lectures obligatoires à tous les élèves du secondaire? Le débat refait régulièrement surface entre les tenants des classiques de la littérature et ceux qui veulent laisser carte blanche à chaque enseignant. Le fait que le programme s’apprête à être modifié en prévision de l’automne 2025 remet de l’avant toute la question de l’autonomie des enseignants et le besoin ou pas de directives ministérielles.

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Le premier roman que Dany Laferrière a lu n’avait plus de couverture. “Pendant longtemps, je ne savais pas qui je lisais,” raconte-t-il.

Loin de vouloir s’immiscer dans la révision du programme éducatif québécois, l’auteur et membre de l’Académie française Dany Laferrière lance que la meilleure façon d’allumer l’étincelle, de faire lire les jeunes, c’est de leur interdire la lecture! Une boutade, oui, mais peut-être plus à une ère où les distractions sont nombreuses.

Quant à ces œuvres qu’on qualifie de classiques, Dany Laferrière estime qu’il faut les connecter au présent des jeunes lecteurs québécois.

Il faut faire entrer le classique dans le quotidien. […] Il n’y a que le temps présent qui importe aux humains. Si vous leur dites que Villon est un rappeur, ce qu’il est vraiment d’ailleurs, dans sa façon d’écrire, de dire, de parler… Si vous voulez qu’ils lisent Rabelais, il faut faire venir Rabelais aujourd’hui.

C’est ce que cherche l’enseignant Michel Stringer en proposant des œuvres de Balzac ou de Baudelaire à ses élèves, qui y retrouvent des préoccupations très actuelles. Même s’ils ne savaient rien de la crise du logement à Montréal aujourd’hui, ces auteurs ont décrit la pauvreté à Paris et les inégalités sociales.

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Vice-présidente de l’Association québécoise des professeurs de français et enseignante au Collège Charles-Lemoyne, Alexandra Pharand estime que tous les enseignants veulent transmettre le goût de lire à leurs élèves. Si c’est le point de départ, elle sait aussi qu’il faut aussi trouver un équilibre entre ce qui intéresse les adolescents et ce qui doit être enseigné dans le programme tout en leur transmettant une culture littéraire.

Ma liste comprend non seulement Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas mais aussi Manuel de la vie sauvage de Jean-Philippe Baril-Guérard, qui parle d’un sujet qui rejoint mes élèves, l’intelligence artificielle, et qui est écrit dans une langue riche.

Alexandra Pharand croit que le cadre actuel lui permet de faire les choix appropriés pour ses élèves. Nul besoin de directives strictes.

Toutefois, des enseignants, tout comme des parents, voudraient des balises plus précises du ministère, voire une liste de lectures obligatoires proposées à l’ensemble des élèves du secondaire. Cette liste ferait une place aux classiques de la littérature française et québécoise.

Il faut se questionner sur la valeur des œuvres qu’on met de l’avant. Ça, c’est un vrai débat que les professeurs devraient avoir entre eux. Est-ce qu’il faut à tout prix s’enfermer dans une logique où c’est le ministère qui décide pour nous? Absolument pas. Il faut définir ce que c’est, une œuvre littéraire, définir ce qu’est un classique en particulier, soutient Michel Stringer, qui enseigne depuis plus de 20 ans à l’École Sophie-Barat.

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Il est de cette génération d’enseignants qui ont fait un baccalauréat en littérature, suivi d’un certificat en enseignement (et qui fréquentent assidûment la littérature). D’ailleurs, les élèves de Michel Stringer devront bientôt produire un texte argumentatif sur ce qu’est un classique.

Leur réflexion est bien amorcée.

C’est quelque chose qui perdure dans le temps, qui a encore une pertinence, et aussi ça dépeint un peu une époque, évoque par exemple Sandrine Auger, élève de 4e secondaire à Sophie-Barat.

J’ai lu 1984 de George Orwell et j’ai beaucoup aimé. C’est une dystopie classique, poursuit pour sa part Anouck De Sulzer Wart.

Un classique, c’est une œuvre qui a mis un certain temps avant d’être désignée comme classique. C’est quand même quelque chose qui doit changer notre perception, je pense, conclut Eudes Houssou.
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