Tshala Muana est décédé à 64 ans.
La nouvelle est tombée tôt samedi. Il a été annoncé par son mari Claude Mashala.
« Aux premières heures de ce matin, le bon Dieu a pris la décision de reprendre la mamu nationale Tshala Muana. Que le bon Dieu soit glorifié pour tous les bons moments qu’elle nous a donnés sur cette terre. Adieu ma Mamu », a partagé M. Machala.
Pour le monde de la musique, c’est un choc. Tshala Muana était, aux côtés de Mbilia Bel, la plus ancienne star féminine encore active en RDC.
S’il est vrai que Tshala a été moins visible sur les grandes scènes ces derniers temps, ses apparitions publiques en 2022 ont inclus de courtes performances privées. Par exemple, il y a un mois, elle était à une soirée privée à Kinshasa.
Son dernier grand succès médiatique a été sa chanson “Ingratitude”, qui n’est pas sortie officiellement, mais dont un morceau est devenu viral sur les réseaux sociaux en novembre 2020.
Cette chanson avait conduit la chanteuse à passer quelques heures en garde à vue après son arrestation car la chanson était considérée comme critique à l’égard du gouvernement du président de la RD Congo, Félix Tshisekedi.
Dans la chanson, Tshala Mauna critiquait quelqu’un qui est ingrat envers son mentor. Le mentor n’a pas été mentionné dans la chanson, mais on pense qu’il s’agit d’une référence à Kabila qui a aidé Tshisekedi à former une coalition qui a conduit à la formation de son gouvernement en 2019.
Au moment de la sortie officieuse de la chanson, le président Félix Tshisekedi était en train de destituer Joseph Kabila, son parti et ses partisans du pouvoir fin 2020.
M. Mashala est membre du Parti populaire pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), le parti de Joseph Kabila, ancien président de la RDC.
Mamu nationale repose
Elisabeth Tshala Muana est née le 13 mars 1958 à Elisabethville, aujourd’hui Lubumbashi, dans le sud de la RDC.
Elle débute sa carrière de danseuse à Kinshasa en 1977 dans l’orchestre d’un autre chanteur célèbre, Mpongo Love, puis avec Abeti Masikini, une autre star féminine, qui fut également mentor de Mbilia Bel.
De danseuse, Tshala est devenue choriste avant de partir peu après pour se lancer en solo.
C’est en Côte d’Ivoire dans les années 1980 que Tshala Muana s’est révélée au monde.
Elle chante principalement en tshiluba, la langue parlée au Kasaï, au centre de la RDC, et se distingue par ses danses souvent suggestives et provocantes.
Tshala Muana s’est également plongée dans le monde de la politique au cours de sa longue carrière musicale. PHOTOS | GETTY IMAGES
Elle s’est fait un nom dans le monde de la Rumba, qui est dominé par le Lingala, la langue parlée à Kinshasa et dans l’ouest de la RDC et au Congo-Brazzaville.
Elle s’est produite dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest notamment pour des Chefs d’Etat. Au début des années 1990, son aura s’étend jusqu’en Europe.
Étonnamment, après la chute du maréchal Mobutu, en 1997, Tshala Muana s’est rapproché du nouvel homme fort du pays, Laurent Désiré Kabila.
Le chanteur s’est engagé en politique, chantant à la gloire de Mzee Kabila et entonnant des chants « patriotiques ».
Ce « patriotisme » l’a conduite de Kabila père à Kabila (Joseph) cadet, lorsque Laurent Désiré Kabila a été assassiné en 2001.
La chanteuse, déjà connue au Congo comme “la reine de Mutuashi” (son style musical originaire du Kasaï), a reçu un autre surnom admiratif, “mamu nationale” (mère nationale).
Après l’arrivée au pouvoir du président Félix Tshisekedi, Tshala Muana est restée fidèle à Joseph Kabila. Son engagement auprès de l’ancien président dégoûte les partisans de Tshisekedi, car elle est originaire du Kasaï, comme le président Félix Tshisekedi.
Sa santé a commencé à se détériorer il y a quelques années. On disait qu’elle était diabétique. Pendant le Covid en 2020, elle a été hospitalisée à plusieurs reprises.
