2023-07-12 08:11:28
Vive la Diva ! Une exposition théâtrale en deux actes au Victoria & Albert Museum explore l’évolution du sens du terme diva au cours des deux derniers siècles et célèbre avec une mise en scène spectaculaire certains des artistes qui ont le plus mérité d’être définis comme tels.
Le premier acte, à l’étage inférieur, commence avec les stars de l’opéra du XIXe siècle, les premières à être appelées par le terme latin de “déesse”. L’Italienne Adelina Patti, au sommet de sa gloire, était la femme la plus reconnue de Grande-Bretagne après la reine Victoria. En plus d’avoir une voix merveilleuse, elle était une femme d’affaires qualifiée, qui gérait personnellement ses contrats et sa carrière, amassant une grande richesse. Pour elle, comme pour d’autres sopranos comme Jenny Lind et Maria Malibran, le succès a apporté non seulement la gloire mais aussi l’indépendance économique. La bande son avec casque stéréo, aussi importante que les 250 vêtements et objets exposés, propose dans cette rubrique « Casta Diva » chantée par Maria Callas.
Sarah Bernhardt et Eleonora Duse
Tout aussi conscientes de leur pouvoir, les vedettes du théâtre, à commencer par la “divine” Sarah Bernhardt et Eleonora Duse devenue comédienne, gérante et directrice de la compagnie de théâtre qu’elle a fondée. Le terme diva a également été associé à des artistes féminines qui ont réinventé la danse, comme Isadora Duncan, Loie Fuller et Josephine Baker, et aux premières actrices du cinéma muet, comme Lydia Borelli, Mary Pickford et Theda Bara. Il a ensuite été transmis aux stars de cinéma qui ont fait de leur individualité une force : comme Carole Lombard, la première actrice de l’histoire à avoir demandé et obtenu un pourcentage des recettes de ses films, ou Katherine Hepburn, la rebelle sophistiquée et obstinée. Mae West et Marilyn Monroe, de différentes manières, ont utilisé leur sex-appeal pour réussir, mais ont également appris à leurs dépens à quel point la célébrité coûte cher. Les divas, de Vivien Leigh à Elizabeth Taylor, ont commencé à être persécutées par une presse avide de commérages, plus intéressée par leur vie privée que par leur carrière.
cher
Le deuxième acte, à l’étage, nous entraîne dans le présent, il ne suit pas un ordre chronologique mais est un voyage en technicolor dans la mode, des robes spectaculaires et scintillantes portées par des chanteuses telles que Cher, Tina Turner, Whitney Houston et Lady Gaga jusqu’aux simple et inimitable petite robe noire d’Edith Piaf.Cette section de l’exposition explore comment le terme diva a été récupéré par des artistes femmes pleinement conscientes non seulement de leur talent mais aussi de leur pouvoir d’influence sur leurs fans et la société. « La perception de la diva dans la culture populaire d’aujourd’hui a une connotation tout à fait positive -, explique Kate Bailey, commissaire de l’exposition -. Non pas la star volage, égocentrique et capricieuse du passé mais un artiste imprévisible et créatif, fort et alternatif, ambitieux et courageux, capable de défier le machisme, les préjugés et le racisme ».
Dolly Parton d’abord puis Beyoncé et Rihanna sont les exemples les plus frappants de cette force, des stars qui ont utilisé leur talent musical pour aller beaucoup plus loin, devenant actrices, entrepreneuses, stylistes et références culturelles. La robe incrustée de perles que Rihanna portait au gala du Met 2018 est exposée, se “déguisant” en pape avec une mitre sur la tête pour se faire passer pour le symbole le plus important du pouvoir religieux masculin. Les divas d’aujourd’hui ont aussi le sens de l’humour. Et ce ne sont pas forcément des femmes : l’exposition fait une exception pour deux chanteuses qui méritent sans doute le qualificatif de « diva ». Elton John, représenté ici dans l’extravagant costume du Roi Soleil avec perruque poudrée et boa d’autruche porté pour ses 50 ans, et Prince, un autre musicien qui a défié les stéréotypes musicaux et sexuels. La diva continue de se réinventer, surmontant les barrières, les préjugés et les attentes sur la sexualité ou l’apparence. A l’affiche la robe en hermine exposée par Lizzo, la chanteuse qui grâce à son talent a su redéfinir les canons de la beauté, et le “pantalon vulve” créé et porté par Janelle Monaé, l’artiste qui se définit comme non binaire et qui a décrit sa tenue déconcertante comme “une célébration de la sexualité et de l’autonomisation des femmes”.
Diva, Victoria&Albert Museum, Londres, jusqu’au 7 avril
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