Le cas étonnant de l’échevin Jacob Kamuanga à Jette : une situation inédite

Pour comprendre, revenons à octobre 2021. Arrivé échevin CDH en 2018 après être passé par le PS en 2012, Jacob Kamuanga devient indépendant à la suite d’un “différend” avec la majorité menée alors par Hervé Doyen (LE). En 2018, un accord prévoyait que l’échevin cède sa place à la mi-mandature. Ce qu’il a finalement refusé de faire au moment venu. Suite à ce refus, Hervé Doyen a pris sa retraite, Claire Vandevivere est devenue bourgmestre, et Nathalie Vandebrande a pris la présidence du CPAS. Quant à Jacob Kamuanga, il s’est retrouvé avec un portefeuille de compétences réduit.

Deux ans plus tard, en octobre 2023, rebondissement : Kamuanga rejoint Défi. Ses compétences sont alors retirées. Une situation inédite en Région bruxelloise, qu’on ne retrouve qu’à Schaerbeek chez un autre mandataire Défi, Michel De Herde, depuis son inculpation. Dans le passé, l’échevin socialiste Merry Hermanus s’est également retrouvé sans compétences à Jette en 2009.

“C’est lui qui s’est auto-exclu”

“Il n’a pas respecté sa parole”, justifie la bourgmestre Claire Vandevivere (LE). “Dans un premier temps, il disait encore faire partie de la majorité. Mais on a ensuite appris qu’il allait rejoindre Défi. Il est compliqué de laisser des compétences à un échevin d’un groupe de l’opposition. C’est lui qui s’est auto-exclu.”

Depuis lors, Kamuanga n’a plus de dossiers et assiste aux séances du collège avec une assiduité relativement limitée… “Il vient quand ça l’arrange et ne dit absolument rien,” glisse un membre du collège échevinal.

“Il passe son temps à aller aux événements, à serrer des mains

À Jette, la situation irrite bon nombre de mandataires. “Il n’est plus en charge de rien mais passe son temps à aller aux événements, à serrer des mains, à promettre des choses… Son but est de faire des voix,” s’agace un membre de la majorité. “Il se pose sans cesse en victime, c’est n’importe quoi. C’est une girouette.“

Rappelons qu’en Région bruxelloise, contrairement à la Wallonie, il n’est pas possible de licencier un échevin. Seul le mandataire peut, lui-même, décider de partir. Sans compétences, l’échevin perçoit donc toujours son salaire scabinal qu’il cumulerait encore avec ses revenus d’employé au CPAS de Bruxelles-Ville. “C’est son éthique et sa morale,” commente la bourgmestre. “C’est problématique. Il serait normal qu’il démissionne puisqu’il ne s’occupe plus de rien et qu’il a été désavoué par sa formation initiale, juge Xavier Van Cauter, conseiller PS, principal parti d’opposition à Jette.

La locale Défi… ne le veut pas sur la liste communale

Un avis partagé… par la locale Défi même. “Une question d’éthique.” Car l’arrivée de l’échevin transfuge reste en travers de la gorge des amarantes jettois, qui n’ont pas donné leur accord. “On ne le veut pas sur notre liste communale,” assène Myriam Vanderzippe. Depuis cet automne, il y a de l’eau dans le gaz entre la section jettoise et la direction centrale de Défi, qui réserve à l’échevin une place sur la liste régionale.

Le président bruxellois des amarantes Fabian Maingain nous le reconfirme et désapprouve le retrait des compétences du Jettois par la majorité LE-Ecolo-MR. “On essaie de le salir et de faire pression sur lui. Il ne faut pas inverser les rôles. Il ne demande qu’à récupérer ses compétences et exercer son métier.” Contacté, Jacob Kamuanga n’a pas répondu à nos sollicitations.