L’art médiatique présente des défis aux collectionneurs et aux restaurateurs

L’art médiatique moderne, qui utilise une technologie qui devient rapidement obsolète, pose des défis particuliers aux collectionneurs et aux restaurateurs. Cela nécessite des connaissances techniques ainsi qu’une compréhension de l’art.

jeLe projecteur crépite dans le cinéma de la Fondation Julia Stoschek à Düsseldorf. Des scènes du désert au sud de Bagdad, enregistrées à l’origine avec l’iPhone, sont projetées à l’écran : ruines de l’ancienne Babylone, palais, tombeaux, tablettes brisées – parfois des soldats armés. L’artiste d’origine française Cyprien Gaillard a parcouru l’Irak en 2011, accompagné d’agents de sécurité. La bande originale de son film est le refrain constamment répété de la ballade “Babylon” du musicien britannique David Gray, qui devient de plus en plus pénétrante au fur et à mesure qu’elle dure – une allusion aux méthodes de torture utilisées par l’armée américaine à Abu Ghraib et Guantánamo. Les prisonniers y étaient constamment exposés à la musique, la chanson “Babylon” aurait été en tête de liste des tortionnaires.

Le restaurateur Andreas Weisser ne s’est pas contenté de sélectionner l’œuvre hypnotique et dérangeante pour démontrer la complexité de l’art médiatique moderne. L’œuvre est aussi l’un de ses « temps forts ». De telles œuvres, dont on aime s’occuper, sont un privilège, dit Weisser. Il “se donnerait beaucoup de mal” pour s’assurer que les “Artefacts” de Gaillard soient exposés et conservés comme l’artiste l’avait prévu, en bref : “pour que cette œuvre survive”.