– Si nous ne nous en tenons pas à l’objectif de 1,5 degré, cela aura des conséquences très graves pour l’Arctique, déclare le chercheur Richard Bellerby de l’Institut norvégien de recherche sur l’eau (NIVA) à Dagbladet.
Il est l’un des 50 principaux chercheurs à l’origine du rapport “État de la cryosphère» – un aperçu annuel de l’état et de la “santé” de la mer – et de la glace – dans l’Arctique et l’Antarctique.
Le rapport de cette année, qui sera présenté lors du sommet sur le climat COP 27 en Égypte, est sombre.
Selon Bellerby, l’Arctique risque de devenir invivable tel que nous le connaissons.
– Si les autorités ne parviennent pas non plus à atteindre l’objectif de deux degrés – alors nous verrons que de grandes parties de l’Arctique deviendront invivables pour de nombreuses plantes et animaux qui y vivent actuellement.
Le rapport souligne que l’humanité risque d’endommager les écosystèmes du Nord pendant des milliers d’années.
– Le réchauffement, la perte d’oxygène et l’eau acide se sont avérés extrêmement destructeurs pour la vie marine dans le passé, dit Bellerby.
– Déverse des boues toxiques dans l’Oslofjord
Nouveau dans l’histoire
C’est la première fois dans la longue histoire de l’humanité que des scientifiques enregistrent un changement climatique aussi rapide.
– Les changements se produisent si rapidement maintenant, par rapport à avant – que les écosystèmes sont incapables de s’adapter, explique le chercheur.
Il ajoute:
– C’est nouveau dans l’histoire humaine. Nous avons déjà vu des changements régionaux, mais rien de proche de cela.
Bellerby est clair dans son message aux chefs d’État du monde avant le sommet sur le climat :
– Nous n’avons pas d’alternative. Nous devons stabiliser – puis faire baisser les niveaux de CO₂ dans l’atmosphère.
Il explique que l’océan agit comme un “poumon” pour nettoyer le carbone de l’atmosphère. L’Arctique a une fonction particulièrement importante et « relie » les autres océans, souligne Bellerby.
– L’Arctique est essentiel. C’est une région extrêmement importante pour la connexion entre ce qu’on peut appeler l’océan de surface et les grandes profondeurs. L’Arctique fournit de l’oxygène et “envoie” des nutriments aux autres océans du monde, explique le chercheur.
– La Norvège peut ouvrir la voie
Le chercheur britannique qui est chercheur en chef pour les océans et le climat à la NIVA souligne que la Norvège occupe une position unique en raison de son littoral, de son expérience de la mer et de la réglementation maritime.
– Nous savons que l’Arctique est l’une des zones de pêche les plus importantes au monde, dit-il en référence au cabillaud de la mer de Barents.
– La Norvège peut ouvrir la voie. La Norvège dispose de certaines des meilleures options réglementaires pour prévenir l’acidification des océans, déclare Bellerby, qui n’est cependant pas indifférent à la politique des autorités norvégiennes dans ce domaine.
– Tu es le meilleur dans un mauvais groupe, ajoute-t-il.
Pour de nombreuses personnes, l’Arctique est étroitement associé au grand ours blanc qui erre dans l’Arctique.
– Même avec moins de 1,5 degré de réchauffement, il y aura des étés où l’Arctique sera complètement libre de glace, dit Bellerby et souligne que les ours polaires se dirigent déjà vers le continent en été.
– Perte pour l’humanité
Sous la mer, la Norvège risque de perdre les récifs coralliens uniques du nord, explique-t-il.
– Les récifs coralliens peuvent être perdus. Perdre ces systèmes uniques serait horrible. C’est une grande perte pour toute l’humanité, et il faudra peut-être des milliers d’années pour que les coraux reviennent, conclut-il.
Malgré les sombres perspectives, Bellerby est néanmoins un peu optimiste. Il souligne que les dirigeants mondiaux s’engagent constamment à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
– Il est possible d’apporter des changements. J’ai vu la COP réaliser de grandes choses, dit-il, faisant référence au précédent sommet sur le climat à Glasgow.
– Mais : Les conséquences du non-respect des accords de Glasgow – vus à la lumière de nos nouvelles découvertes – seront catastrophiques, conclut-il.