“L’anticommunisme n’attrape pas la jeunesse”, quotidien Junge Welt, 29 novembre 2023

Vous avez parlé lors d’un débat à Burghausen, en Bavière, du conflit avec la ville à propos d’un mémorial dédié aux antifascistes qui ont ouvertement combattu les nazis jusqu’en 1933. Quelle est la situation actuelle ?

Je suis monté sur le podium le 19 novembre parce que j’avais écrit des livres sur la résistance antifasciste dans le sud de la Bavière. À Burghausen, il y avait beaucoup de résistance de la part du mouvement ouvrier contre les nazis, comme l’ont montré mes recherches. Une initiative pour une commémoration digne a finalement été lancée localement.

Qu’est-ce que cela veut réaliser ?

Une grande stèle doit être érigée au centre de la ville. Il devrait montrer tous les noms des prisonniers de longue durée des camps de concentration. Cependant, le maire du SPD, Florian Schneider, estime qu’une pierre commémorative sans nom devrait être placée dans un endroit éloigné de Burghausen.

Qui souhaitait discuter avec vous ?

50 à 60 personnes sont venues, ce qui est relativement important pour une petite ville comme Burghausen. De nombreux jeunes sont venus, mais aussi de nombreuses personnes âgées. Le vice-président du district du SPD est venu représenter la position du maire. Cela n’a rencontré pratiquement aucune approbation. Il a parlé pendant quelques minutes sans vraiment rien dire – sauf qu’il fallait se souvenir de tout le monde et qu’il ne fallait pas déclencher de conflits partisans. Bien entendu, la résistance à Burghausen contre les nazis est une question de politique partisane. Ce sont les syndicalistes du SPD et du KPD qui l’ont dirigé.

Comment expliquez-vous la position du maire et du SPD ?

Il y a une génération plus âgée à Burghausen qui proteste avec véhémence contre la commémoration d’Alois Haxpointner, qui a dirigé la résistance à Burghausen. Ils expriment leurs inquiétudes concernant les allégations de mauvaise conduite dans les années d’après-guerre. Ils disent qu’Haxpointner était autrefois ivre et battait les gens en ville. Mais cette histoire ne nous intéresse pas. Ces gens devraient nous expliquer qui, à Burghausen, n’était pas ivre à ce moment-là.

Ou combattu.

Exactement. Leur point est que Haxpointner a été dans le KPD jusqu’en 1955, puis est passé au SPD, mais est parti de nouveau en 1965 parce que c’était trop à droite pour lui. Il s’agit d’anticommunisme. Mais cela n’attire pas les jeunes. Un représentant de l’organisation « Der Funke » était présent à la discussion. Les Jusos n’existent que sur papier à Burghausen et dans la région.

Dans quelle mesure votre projet dépend-il de la ville ?

L’endroit que nous préférons est un terrain urbain et n’est pas loin de la maison Georg Schenk, du nom du maire du SPD après 1945, qui était également dans le camp de concentration. Derrière elle se trouvent les ruines incendiées de la maison d’un technicien juif de laboratoire de chimie, que les nazis ont incendiée lors de la nuit du pogrom de 1938.

Et que se passe-t-il maintenant ?

Schneider s’est plaint dans la presse de ne pas avoir été invité au panel. En fait, nous avons invité le SPD. Maintenant, il y aura un autre événement. Il n’y a pas encore de date, mais nous en proposons trois différentes, à partir de la mi-janvier. Il pourra alors décider lui-même.

Pouvez-vous espérer un oui du parlement de la ville à la stèle commémorative demandée ?

Il y a une majorité du SPD et des Verts. Les Verts seront contre une commémoration anonyme. Ce qui sera crucial, c’est la manière dont se poursuivra le conflit au sein du SPD. Pour autant que je sache, c’est assez difficile.

La commémoration nominative, comme nous l’exigeons, est d’une importance capitale simplement parce que ces antifascistes ont été transformés en numéros par les nazis lorsqu’ils ont abouti dans le camp de concentration. Les jeunes ont également besoin de modèles. Et ils ont des noms – des noms comme Alois Haxpointner.