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L’adieu de Michel Désautels : un départ dans la grâce

L’adieu de Michel Désautels : un départ dans la grâce

À l’âge de 72 ans, l’animateur le sait trop bien : dans le monde des médias, on ne choisit pas toujours sa sortie. Il décide donc de partir en beauté et accroche ses patins alors que son rendez-vous hebdomadaire est au sommet de sa popularité. “J’ai la chance de prendre cette décision-là”, analyse-t-il avec le ton posé qu’on lui connaît. Dimanche, Michel Désautels prendra place à la table de Désautels le dimanche comme chaque semaine depuis 2013. Avant de lancer la chanson-thème entraînante de l’émission, il livrera son dernier billet d’humeur : un segment de trois minutes durant lequel il aborde une question plus personnelle, sans musique et sans préparation, ou presque. “Ça donne une couleur à l’émission. Et je pense que les gens, avec le temps, se sont habitués à ma couleur”, dit l’animateur chevronné. Sinon, l’auditoire n’a pas d’autre choix que de la tolérer, car le segment en question précède le menu de Désautels le dimanche, ajoute-t-il avec humour. Michel Désautels sait jongler. Dans une même émission, il enchaîne les discussions pointues sur de vastes questions de société qui concernent le Canada aussi bien que les autres pays du monde. Et malgré l’ampleur de la tâche, l’animateur refuse obstinément de préparer les questions de ses entrevues, préférant laisser libre cours aux discussions. “La préparation est très importante. Il faut avoir lu, assimilé, compris, et savoir où l’on s’en va. Mais pour le reste, il faut laisser toute la place à l’improvisation”, déclare Michel Désautels. Laisser place à l’improvisation, oui, mais aussi à la curiosité. Au cours de sa carrière, Michel Désautels a touché à tous les sujets ou presque, de l’émission d’affaires publiques Le point à sa quotidienne radiophonique Montréal-Express en passant par l’animation de différentes versions de La course destination monde. Avec Désautels le dimanche, l’animateur a donc fait de sa dernière locomotive un véhicule tout-terrain. “Pas mal tout m’intéresse”, dit-il, avant d’ajouter : “Je me méfie beaucoup des gens qui ont des intérêts uniques”. Du plus loin qu’il s’en souvienne, Michel Désautels a toujours rêvé de faire de la radio. Dans les années 60, alors que le public le découvrait à la télévision en tant qu’enfant-acteur dans les fictions Rue de l’Anse, La première légion ou encore Les enquêtes Jobidon, le jeune homme avait déjà l’habitude de se balader avec un minitransistor portatif, ce qui lui permettait d’écouter la radio toute la journée. C’est finalement une rencontre avec Pierre Pascau, alors animateur vedette à la station CKAC, qui cristallise son désir de faire de l’information son métier. Grâce aux efforts d’un professeur de son école secondaire, le jeune Michel Désautels participe à une table ronde étudiante avec la star des ondes. Après l’exercice, il se souvient que Pierre Pascau l’avait pris à part pour l’encourager à poursuivre une carrière de journaliste. “J’avais 13 ou 14 ans, et ça m’a donné un coup de fouet”, raconte-t-il. “Chaque année où je passais de justesse à l’école, parce que j’étais distrait par trop d’autres choses, comme du cinéma amateur, du théâtre amateur et le journal de l’école […], je me disais : ‘si jamais j’échoue, il me restera toujours la radio’. Et finalement, c’est ça qui est arrivé. Ou presque”. Michel Désautels n’a jamais terminé ses études collégiales. Quand on lui parle de son amour de la langue française, une de ses marques de commerce, l’animateur à la voix profonde plonge à nouveau dans ses souvenirs. “Un des rêves de ma mère était que ses enfants parlent mieux qu’elle. C’était présent tout le temps. C’était une chose à laquelle elle tenait beaucoup. Et donc, elle nous corrigeait”, se souvient-il. Michel Désautels aurait tenté, paraît-il, alors qu’il était haut comme trois pommes, de rendre la pareille à une dame lors d’un trajet de tramway. “On ne dit pas tramway, Madame, mais tramoi”, avait-il maladroitement répondu à la malheureuse, qui tentait de lui faire la conversation. “Évidemment, je n’ai aucun souvenir de ça, mais ma mère me l’a raconté, et l’a raconté ad nauseam à tout le monde”, précise-t-il, amusé. Michel Désautels obtient son premier micro à Radio-Canada à Toronto dans la jeune vingtaine, au début des années 70, après un bref passage à Timmins, dans le nord de l’Ontario. Après quelques années, il quitte la Ville Reine pour devenir le pilote d’émissions de radio spéciales diffusées d’un peu partout au pays jusque dans les années 80, une période excitante qui lui permet de faire ses classes et de confirmer son intérêt pour l’information et le direct. L’animateur renoue aussi avec la télé à quelques reprises. Au début des années 1980, le journaliste en pleine ascension rejoint l’émission d’affaires publiques Le point, avec Gil Courtemanche, Daniel Pinard et Jean-François Lépine, comme membre de l’équipe. Puis, à la fin des années 80, il prend les commandes de La course destination monde pendant trois saisons, une émission de Radio-Canada qui a propulsé la carrière de plusieurs jeunes talents du cinéma, dont Denis Villeneuve. “Il y avait déjà plusieurs des qualités qu’on retrouve dans son cinéma qui étaient là, qui étaient évidentes”, se souvient Michel Désautels à propos du réalisateur québécois. “C’était maladroit, un peu carabin, naïf, mais en même temps, il avait une belle sensibilité, un sens de l’image et une culture du cinéma déjà très évidente”. À la même époque, Michel Désautels dévoile son côté givré avec le talk-show étude gratuite, une émission de fin de soirée enregistrée le jour même,
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