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La vie est éternelle en cinq minutes

La vie est éternelle en cinq minutes

2023-09-17 03:00:00

Ce samedi marquait le cinquantenaire de l’assassinat de Víctor Jara au stade du Chili, à Santiago. Je me souviens de toi Amanda. La vie est éternelle en cinq minutes, a-t-il chanté dans sa chanson la plus célèbre et cinq minutes ont décidé de la Vuelta a España un demi-siècle plus tard. Les cinq minutes qu’il a fallu à Sepp Kuss (Jumbo) pour parcourir les deux derniers kilomètres de l’Angliru, où, sur l’asphalte mouillé, la sirène a retenti et Roglic et Vingegaard l’ont laissé derrière. La vie est éternelle en cinq minutes et Kuss avait perdu la Vuelta mais il allait le retrouver, avec Mikel Landa (Bahreïn), qui l’a porté au sommet et lui a permis de sauver le maillot rouge de huit secondes.

Le triomphe de Kuss est peut-être le plus inattendu depuis celui de Marco Giovanetti en 1990 et, comme ça, il a été précédé par une fuite mal mesurée des favoris. Il y a 15 ans, sur la cinquième étape en direction d’Ubrique et cette fois, à Javalambre, sur la sixième. Les deux fois, avec toute la Vuelta devant nous. Si Delgado, Cabestany, Fabio Parra, Indurain et compagnie, tous adversaires, ont alors mal calculé, cette fois les choses ont été plus étranges puisque les favoris portent le même maillot que le leader, Vingegaard et Roglic. Ces 2h52 au sommet de l’observatoire astrophysique de Teruel ont été décisives.

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Dire des choses difficiles

La résistance de fer de Kuss lui a valu le triomphe de sa vie. Un pouls de fer sur la route et en dehors, lorsqu’après l’étape d’Angliru, il a imposé son leadership à l’équipe lors de la réunion du cabinet de crise à l’hôtel de concentration. “Parfois, il faut se battre pour les siens et dire des choses dures”, a reconnu le leader de la Vuelta le lendemain, alors que le pacte interne prenait forme à la Cruz de Linares.

Kuss, excellent cycliste, a défendu sa position avec une détermination inhabituelle face aux deux grands leaders de l’équipe qu’il a servi ces cinq dernières années. Son statut de meilleur grégaire montagnard au monde a fait de lui un millionnaire mais désormais, à 29 ans, son statut change. Il a fallu l’imposer, ce qui aura inévitablement des conséquences. Il a dû faire face à une situation très difficile, tenir tête à l’ego de deux champions et briser leur volonté. Pour ce faire, il a dû mettre la structure de l’équipe de son côté. Roglic, le grand perdant, a déjà fait savoir avec élégance et sportivité mais aussi clairement qu’il voyait les choses différemment.

La décision de Jumbo de gagner avec Kuss est venue des Asturies. La sirène retentit, retour au travail. Vingegaard et Roglic ont respecté l’accord à la lettre. La situation dans laquelle laisse ce renoncement à tenter de remporter la Vuelta les uns et les autres est différente. Vingegaard, à 26 ans, affronte la phase décisive de sa carrière. Avec deux Tours remportés, il défie l’hégémonie de Tadej Pogacar et peut tirer d’énormes bénéfices d’un Kuss heureux à ses côtés. Avec une Vuelta a España à son palmarès et une probable mise à jour de son contrat, l’Américain peut être un garant pour de nombreuses saisons.

Les deux derniers kilomètres d’Angliru, où Kuss a rencontré Mikel Landa, ont décidé de la course

Pour Roglic en revanche, le panorama est différent à 33 ans. Avec un contrat avec Jumbo jusqu’en 2025, le Tour lui est interdit avec Vingegaard devant. Il a remporté le Giro d’Italia, mais cette Vuelta était un objectif central de sa saison. En fait, ce sera la seule épreuve par étapes qu’il aura disputée en 2023 et qu’il n’aura pas gagnée, après avoir remporté Tirreno-Adriatico, Volta a Catalunya, Giro d’Italia et Burgos. Bien qu’il soit un cycliste tardif car issu du saut à ski, sa carrière touche à sa fin et il ne manque pas d’offres pour changer d’air. Avec Vingegaard et Pogacar, il est pratiquement le seul cycliste à pouvoir offrir des garanties de victoire.

La victoire de Vingegaard s’est confirmée dans les cinq minutes d’Angliru, avec Landa en guest star. Poète intuitif, l’Alava a opté pour la Vuelta du côté du romantisme, préféré du public. Kuss a poussé sa résistance à l’extrême dans le colosse asturien et a ensuite dû défendre sa conquête à la table.

une photo pour l’histoire

Une fois le pacte conclu, tout le monde l’a respecté et ce samedi les trois sont arrivés ensemble à la ligne d’arrivée à Guadarrama – où Remco Evenepoel (Soudal) a été durement surpris au sprint de l’échappée par Wout Poels (Bahreïn) –, composant une photo qui a rappelé celui de Bernard Hinault et Greg Lemond au sommet de l’Alpe d’Huez lors du Tour 1986. A cette occasion, il n’y avait pas eu d’accord. Le « Caïman » tenta d’exécuter l’Américain par tous les moyens possibles, mais Lemond résista et le vieux Gaulois comprit que l’heure était à la politique et serra dans ses bras son compagnon-ennemi.

Avec un large sourire, Kuss est le vainqueur de la Vuelta a España.



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