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La vallée suisse de Lauterbrunnen ne déçoit pas

La vallée suisse de Lauterbrunnen ne déçoit pas

J’ai appris à respecter le pouvoir de la nature à l’ombre de l’imposante Jungfrau en Suisse, juste au sud d’Interlaken, dans la vallée de Lauterbrunnen.

Les avalanches font partie de la vie ici, où des refuges de montagne humbles mais robustes sont construits sur le versant descendant de rochers géants et protecteurs. Les randonneurs, entendant les rivières de neige tomber au loin, scrutent les bords des glaciers lointains dans l’espoir d’avoir un aperçu de l’action glaciale.

En direction du cœur des Alpes, je prends mon train depuis la station balnéaire belle époque d’Interlaken pour descendre une longue vallée luxuriante qui mène au sud jusqu’aux sommets enneigés de l’Eiger, du Mönch et de la Jungfrau. Une fois à ma place, j’ouvre la grande fenêtre. L’air luxuriant, parfumé de la douce odeur moite du foin fraîchement coupé, remplit ma voiture.

Les berges herbeuses parsemées de fleurs alpines me rappellent mon premier trajet à bord de ce train. Alors que ma petite amie et moi nous penchions avec impatience par la fenêtre dans un coin lent, submergés par la vue, un cheminot l’a surprise avec un bouquet de roses des Alpes offert par la fenêtre.

En dessous de moi, un ruisseau gonflé dévale bruyamment le centre de la vallée, bavardant avec enthousiasme sur la course folle à laquelle il vient de survivre. Je tends le cou pour voir de quoi parle toute cette excitation. Lentement, nous glissons de plus en plus haut dans la vallée de Lauterbrunnen, un jardin creusé par les glaciers des modes de vie suisses traditionnels. Cette ornière pittoresque m’a empêché d’explorer le reste de la Suisse. Des Alpes, je n’ai besoin de rien de mieux.

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Le train me dépose devant un terrain herbeux dégagé par une avalanche. Je me souviens avoir amené un groupe de touristes ici. Mon groupe a passé sept jours en Italie dans ses vêtements. Non seulement j’avais remonté le moral toute la journée avec la promesse d’une blanchisserie en libre-service, mais j’ai promis que notre guide adjoint laverait les vêtements de tout le groupe. L’ambiance montait en flèche alors que nous approchions du coin où j’allais révéler la laverie de Lauterbrunnen. Ensuite, nous l’avons vu – ou du moins ses restes fraîchement froissés. Notre laverie avait été écrasée sous une avalanche. Tout le monde lors de notre visite – à l’exception peut-être du guide adjoint – avait le cœur brisé.

En passant devant le terrain nu où se trouvait autrefois la laverie, je quitte la ville et remonte la vallée jusqu’à une puissante cascade.

Depuis des années, je m’émerveille de loin devant les chutes du Staubbach. Aujourd’hui, je grimpe pour voir de plus près. En escaladant un tas de gravier glaciaire – comme si je luttais pour gravir une dune de sable – je finis par me diriger vers la base rugissante de la cascade. À travers la tempête bruyante, une paroi rocheuse noire s’élève à 600 pieds de haut. Ce qui était autrefois une rivière jaillit de la falaise en une galaxie de gouttes excitées. Le soleil scintille à travers la brume tandis que des prismes de couleurs humides et éphémères se transforment en feux d’artifice liquides.

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Je me sens seul, englouti dans le rugissement. Puis je remarque une silhouette grise – un homme – de l’autre côté de la tempête de pluie. Soudain, il se saisit la tête et tombe au sol. En courant pour l’aider, je me rends compte que les chutes de Staubbach projettent des rochers (et que la petite montagne de rochers que lui et moi avions escaladée n’était pas arrivée ici par camion-benne). Je me sens attaqué.

Alors que j’aide l’homme blessé à descendre le gravier glaciaire, nous passons devant un panneau qui nous fait tous deux faire une pause. Il est écrit, en allemand très clair : « Vorsicht : Steinschlag ». Levant les yeux au-delà de la main qui tient sa tête blessée, il me traduit : « Attention : chutes de pierres ».

Un peu plus haut dans la vallée, les chutes du Trümmelbach, une cascade située à l’intérieur d’une montagne, expriment leur point de vue différemment, mais avec la même puissance. J’achète mon billet et gravis une série de lacets mouillés jusqu’à un tunnel qui mène au fond de la montagne, jusqu’à un ascenseur qui me fait monter en flèche.

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Les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur une caverne brumeuse. La rivière rugit, occupée au travail, traversant la montagne comme la scie à ruban tonitruante de Dieu. A l’abri de la brume colérique mon appareil photo, j’essaie de capturer ce spectacle sur pellicule. Un garde en imperméable orange me conseille de faire attention où je mets les pieds. L’année dernière, me raconte-t-il, un touriste, caméra pointée sur le visage, reculait dans les chutes du Trümmelbach. Il a été retrouvé six mois plus tard dans un embouteillage. « Sa peau ressemblait à du bois », explique le garde.

En descendant les lacets jusqu’au fond de la vallée, je regarde en arrière et remarque un drapeau suisse. Alors que de nombreux drapeaux signalent la conquête, pour moi, ce petit drapeau suisse rouge et blanc flottant au sommet du Trümmelbach signale la capitulation. Quand je vois la nature déployer ses muscles, elle semble déterminée à nous apprendre que la meilleure façon de la contrôler est de lui obéir.

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